Bonjour Rav,
Ma situation est complexe mais je vais faire de mon mieux en commençant par le début .
J'ai 15 ans, et j'ai traversé une période d'environ deux mois d'attirance envers un garçon, à tel point que c'est devenu une obsession. J'interprétai chaque regard qu'il me lançait comme un signe, et je soupçonnai que mon attirance pour lui soit réciproque.
Intérieurement, j'ai fini par me laisser aller dans les Avérot et ne plus écouter la Torah, ne plus faire d'efforts dans les Mitsvot, mon seul but était d'établir un lien avec ce garçon, mais bien évidemment on ne voyait rien de tout ça à l'extérieur.
Aujourd'hui, en une semaine, j'ai eu un déclic et j'ai pris conscience de ce que toutes les grandes personnes m'avertissaient (mariage plus tard, ma réputation parce que je suis religieuse et que ça allait se savoir, ce n'est pas à 15 ans qu'on débute quelque chose de productif etc.). En bref, j'ai compris que cela ne menait à rien.
Je veux retourner à la Torah et aimer Hachem, refaire bien les Mitsvot, ressentir un réel attachement. Je ne veux plus avoir une relation avec le garçon, maintenant que j'ai conscience de ce que ça peut engendrer.
Seulement, je n'arrive pas à mettre une croix sur lui. Je pense beaucoup à lui et en même temps, j'ai l'envie de redevenir bien. Le premier conseil qu'on m'a donné est d'éviter le plus possible de le croiser (vu que je connais ses horaires) pour ne plus raviver la flamme.
Je suis un peu perdue et ne sait pas quoi faire pour remonter la pente et me remettre sur le droit chemin alors que j'ai encore le visage du garçon dans ma tête. Je sais que dès que je vais le recroiser, mes sentiments vont prendre le dessus, alors que je m'efforce de devenir bien.
Merci Rav.
Chalom Ouvrakha,
Ce que vous traversez n’est pas un signe de faiblesse, mais au contraire la preuve d’une grande sensibilité et d’une âme vivante. À votre âge, le cœur s’éveille, les émotions sont fortes, et l’imagination peut parfois prendre le dessus. Cela arrive à de nombreuses jeunes filles sérieuses et droites ; simplement, on en parle peu.
L’essentiel, et vous l’avez déjà accompli, c’est le déclic. Vous avez ouvert les yeux avant que la situation ne prenne une mauvaise direction. Vous avez su écouter cette voix intérieure qui vous rappelle qui vous êtes réellement et vers quoi vous souhaitez avancer. Cela a, aux yeux d’Hachem, une valeur immense.
Il est important de le dire clairement : lorsque l'on a une pensée, une attirance ou une émotion, la véritable grandeur commence au moment où l’on choisit la manière d’y réagir.
Il ne s’agit pas de lutter contre votre cœur comme contre un ennemi. On ne chasse pas une pensée par la force. En revanche, on peut apprendre à la remplacer. Plus votre esprit se remplira de choses justes, lumineuses et élevées, moins ces pensées occuperont de place [voir Rambam, Issouré Bia 22, 21].
Éviter les rencontres inutiles est un conseil très juste, non par crainte, mais par sagesse. On ne met pas volontairement ses forces à l’épreuve. Même les plus grands sages connaissaient leurs fragilités et savaient s’en préserver [Sanhedrin 107a, au sujet de David, Or Zarou'a 106].
Ne vous découragez pas si son visage revient parfois à votre esprit. Cela ne signifie pas que vous reculez. Cela signifie que votre cœur est en train de se détacher, et ce processus demande du temps. Hachem ne vous demande pas d’être parfaite, Il vous demande d’être sincère et en chemin.
Commencez par de petites choses concrètes :
- une Mitsva accomplie avec attention, même simple ;
- quelques mots personnels adressés à Hachem chaque jour ;
- un moment d’étude, même court, mais régulier.
Parlez à Hachem avec vos propres mots, simplement. Dites-Lui : "Je veux me rapprocher de Toi, aide-moi."
Rappelez-vous enfin que ce que vous ressentez aujourd’hui ne définit pas votre avenir. Ce combat, s’il est mené avec honnêteté, vous rendra plus forte, plus construite et plus lumineuse.
Vous êtes sur le bon chemin. Le fait même que vous souffriez de vous être éloignée d'Hachem prouve que le lien n’a jamais été rompu.
Avancez pas à pas. Hachem marche avec vous.
Kol Touv.