À l'occasion de la Hiloula (jour anniversaire de décès) de notre maître le Rav Mordékhaï Charabi, l'équipe Torah-Box est heureuse de vous faire découvrir très brièvement son parcours de vie. Celui qui parle du Tsadik le jour de sa Hiloula, celui-ci priera pour lui ! Allumez une bougie et dites "Likhvod Harav Charabi, zékhouto taguèn 'alénou" puis priez. Que son mérite protège tout le Klal Israël, Amen !

Né en l’an 1909 (5669) à Charev (Yémen), son père, Rav Yéhouda Ta’izi, décède avant sa naissance, le septième jour de Pessa’h, et deux ans plus tard, sa mère meurt également à la même date. Il est élevé dans la maison de son grand-père, dans une grande pauvreté, vivant sous la menace du « décret des orphelins », une loi selon laquelle chaque orphelin juif devait passer sous la coupe de l’islam.

Reconnu pour ses dons particuliers, son grand-père lui offre une amulette en argent contenant les saints Noms pour la protection et la réussite. Il se consacra jour et nuit à l’étude de la Torah, du Talmud de Bavel, aux explications des Richonim et des A’haronim, et reprenait son étude à soixante reprises. À l’âge de huit ans, il fut nommé par les Sages de sa ville « Méri », un homme diffusant la Torah au public.

Bien qu’il fût très sensible, il tenait à s’immerger au Mikvé chaque jour, même lorsque l’eau était sale. À l’âge de 15 ans, il réussit un examen auprès des Sages de Charab sur les « Arba Tourim » et le « Michné Torah » du Rambam ; il se fit une réputation pour ses connaissances en Michna, des quatre parties du Choul’han 'Aroukh et du Rambam. En dépit des marques d’honneur qu’on lui témoignait, il ne ressentit pas de fierté et continua un travail sur soi pour parfaire ses qualités, annihiler son égo et développer son amour de son frère juif. Il pratiquait des jeûnes et mortifications et dormait peu. Pendant six années consécutives, il jeûna depuis le Motsaé Chabbath jusqu’au vendredi soir, et se consacra à l’étude du Talmud et à la partie ésotérique de la Torah. La septième année, il cessa sa coutume de jeûner pendant toute la semaine, suivant ainsi les Écritures : « Pendant six années il servira, et la septième année, il sera remis en liberté » (Chémot 21/2), et à partir de là, tout ce qu’il décréta s’accomplit.

Il était doté d’une mémoire phénoménale et acquit d’immenses connaissances en Kabbale, dans la ‘Hokhmat Hapartsoufim (structuration des attributs divins selon différentes dispositions), la réincarnation des âmes, l’astronomie et la médecine. Il changea son nom de famille et adopta le nom de « Charabi » (initiales de : Chalom Rav ‘Al Kol Israël).

Il fonda la Yéchiva Nehar Chalom et enseigna la Torah ésotérique avant le lever du soleil et l’après-midi. À toute difficulté soulevée par ses élèves, il donnait une réponse par cœur, et rarement, il demandait qu’on lui apporte le Zohar et expliquait les propos du Ari d’après un passage y figurant. Il veillait à ne pas parler dès le moment où il entrait aux toilettes jusqu’à ce qu’il fasse Nétilat Yadayim et récite « Acher Yatsar. » Le vendredi et l’un des jours du mois de Chevat, il pratiquait des jeûnes de la parole. Il veillait scrupuleusement à réciter la prière de Kol Nidré avant le coucher du soleil. Il montait toujours les marches avec le pied droit en premier et descendait du pied gauche. Il veillait à la propreté des mains, les lavait avant toute bénédiction et récitait les bénédictions assis. Il mettait deux paires de Téfilines, celles de Rachi et de Rabbénou Tam, et il priait en suivant les Kavanot du Sidour du Rachach. Il veillait à s’abstenir de parler de choses profanes et de propos futiles à la synagogue et évitait de prier au Shtiebel, en raison du bruit qui empêche de se concentrer sur la Téfila. Il encourageait et louait la récitation des Chiré Bakachot et rectifiait des erreurs dans divers Piyoutim. Chaque Chabbath, après la Sé’ouda Chlichit, il donnait un cours à partir de l’ouvrage Réchit ‘Hokhma et tenait à accomplir la Mitsva du quatrième repas à l’issue du Chabbath en mangeant du pain.

Il eut des attaques cardiaques à plusieurs reprises, souffrait du diabète, d’une tension élevée, et d’une maladie aux intestins. De ce fait, il veillait à ce que la nourriture qu’il ingèrait soit facile à digérer, et chaque soir et chaque matin, avant le repas, il mangeait deux cuillères de ‘Haliva.

De plus, il envoyait de l’argent à des Tsadikim cachés. Il refusa l’offre de ‘Hassidim de Belz qui voulaient lui offrir une grande et belle villa et affirma être bien dans son modeste appartement.

Il calculait l’heure de son arrivée à la synagogue en fonction des passages de la prière où les fidèles sont debout pour éviter de déranger les fidèles et éviter qu’ils se lèvent en son honneur. Il priait Cha’harit au Nets et avait l’habitude après la prière d’étudier les Halakhot dans le livre du Rambam, le Tour, le Beth Yossef, et ‘Hok Léisraël. Aux heures du matin, il recevait des Juifs qui affluaient du monde entier pour recevoir des conseils et des bénédictions, et seulement après avoir reçu le public, il se reposait quelque peu.

En raison de la faiblesse de ses deux jambes, vers la fin de sa vie, ses élèves furent contraints de le porter sur une chaise. Lorsqu’il eut du mal à lire, il demanda à ses élèves de lui lire des passages du Zohar, du Talmud de Bavel, etc., et il répétait après eux mot à mot, et écoutait des cours de Torah enregistrés sur cassette. Ses dernières années, il parlait extrêmement peu.

Au cours du mois de ‘Hechvan de l’an 1984 (5744), son état de santé se dégrada et après avoir été hospitalisé à Cha’aré Tsédek, il eut une attaque cardiaque et rendit son âme à son Créateur avant l’aube.
 

Histoire

De bon matin, Chabbath, après la prière, le Rav  Mordékhaï Charabi sortit de la synagogue suivi de ses fidèles 'Hassidim. Ensemble, ils se dirigèrent vers la demeure du Rav à Jérusalem.

Coiffé de son turban brillant et entièrement revêtu de sa cape de soie, le Rav inspirait le respect. Le groupe s'engagea à pas lents au bas de la rue quand soudain surgit d'une petite ruelle voisine un jeune motocycliste endiablé, qui, apercevant le groupe d'où émergeait l'honorable vieillard paré de son Talith, eut envie de faire une plaisanterie et décida de s'en prendre à eux. Au départ, il actionna son klaxon et fit retentir un son strident, puis, dans un énorme vrombissement, mit en route sa motocyclette et se fraya un chemin entre les fidèles qui s'enfuirent apeurés. Les élèves du Rav protestèrent vigoureusement face à la conduite éhontée du conducteur qui avait piétiné ouvertement la sainteté du Chabbath.

« Pourquoi t'en prends-tu à nous et profanes-tu le Chabbath ? »

Furieux, les fidèles s'attroupèrent autour de leur Rav en maugréant. À leur grande surprise, le Rav leur dit : « Laissez-le tranquille il n'est pas coupable, sa moto est la seule responsable. » Les élèves du Rav n'avaient pas encore saisi le sens de cette réponse, que le Rav était déjà parvenu à son domicile. Il prit congé d'eux en leur souhaitant Chabbath Chalom.

L'un des accompagnateurs, qui était revenu sur ses pas, vit le jeune motocycliste penché sur sa moto, tentant en vain de la mettre en marche. L'homme s'adressa au jeune homme : « Tu perds ton temps inutilement à mettre en route ta moto. Elle ne marchera pas, tu as porté atteinte à l'honneur du Rav en traversant notre groupe. Le Rav nous a dit que tu n'es pas responsable mais que ta moto l'est. À mon avis, poursuivit l'homme tout en lui indiquant le chemin qui mène à la maison du Rav, il vaudrait mieux que tu t'adresses au Rav et lui demande pardon... »

Le jeune homme essaya à plusieurs reprises de mettre en marche sa moto, et, constatant ses échecs répétés, prit la décision d'écouter les conseils du fidèle. Rempli de honte, il atteignit la maison du Rav. La rabbanite ouvrit la porte et le jeune homme s'excusa devant elle de sa conduite honteuse et la pria de transmettre au Rav ses sincères excuses et de bénir sa moto qui avait « rendu l'âme ». Le Rav s'esclaffa en entendant ces paroles et invita le jeune homme chez lui.

Dès qu'il entra, le Rav lui dit avec joie : « Viens mon fils, et partage avec nous notre repas de Chabbath ! » Le jeune homme était d'autant plus confus devant l'attitude amicale du Rav. Il hésita, et, au bout de quelques minutes, questionna : « Pourrais-je remonter sur ma moto et la conduire après le repas ? » « Bien sûr, répondit le Rav, l'important à présent c'est que tu restes avec nous. »

Le jeune homme prit place à table contre son gré. Il écouta le Kiddouch et déjeuna en compagnie du Rav et des membres de sa famille. Une fois le repas achevé, il voulut reprendre sa route mais le Rav le retint en lui disant : « Pourquoi cet empressement, reste avec nous, c'est déjà presque le temps de Min'ha. » Le jeune homme s'énerva quelque peu et dit : « Min'ha ? Quel rapport ai-je avec Min'ha ? » Le Rav Charabi insista tout de même pour qu'il reste avec eux pour la Sé’ouda Chlichit (troisième repas de Chabbath) et lui fit la promesse suivante : « Ta moto se mettra en marche, seulement si tu acceptes de rester avec nous. » Le jeune homme qui se rappelait parfaitement "l'entêtement'' de sa moto n'avait pas d'autre choix que de rester chez le Rav jusqu'à la sortie du Chabbath. Après la Havdala, le Rav lui dit « Chavou’a Tov. Tu peux à présent aller où bon te semble. Retourne à l'endroit où tu as laissé ta moto et tu verras qu'elle n'a plus aucun problème, mais sache qu'à partir de ce Chabbath, elle respectera le Chabbath. »

Le jeune homme, ignorant le sens profond des propos du Rav, s'empressa de courir vers sa moto. Il essaya de la mettre en marche avec succès. Soulagé d'un grand poids, il chevaucha fièrement sa moto et prit joyeusement la route. La moto fonctionna parfaitement toute la semaine, mais lorsque le vendredi soir arriva, dès l'entrée de Chabbath, le moteur cessa de marcher. Le jeune homme essaya tant bien que mal de la mettre en route, mais sans succès. Il se souvint du vieillard paré de la longue cape et décida de lui demander conseil pour la marche à suivre. Le Rav lui répondit : « Ne t'ai-je donc pas dit que ta moto observe le Chabbath et qu'elle doit donc se reposer ce jour-là ? C'est pourquoi elle ne circulera jamais le Chabbat. » Stupéfait d'entendre ces mots, le jeune homme resta sans voix. Le Rav poursuivit : « Mon fils, sais-tu que tu es doté d'une grande âme ? Abandonne la mauvaise voie, reviens à nous, fais Téchouva. »

Ses paroles pénétrèrent profondément dans le cœur du jeune homme. Se dressait devant lui un homme d'une extrême noblesse qui avait su se contenir alors que lui-même l'avait profondément blessé. Le Rav lui avait même manifesté de l'amour et de l'empathie, et puis il se souvint de sa moto qui chômait…

Des pensées de Téchouva l'envahirent, et, à partir de ce moment, il abandonna son mode de vie passé et se mit à mener une vie conformément à la loi juive.

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