Beaucoup d’entre nous se regardent et ne constatent rien de spécial. Même sans tomber dans le culte moderne de la vaine célébrité, la question persiste : « Dans ce vaste monde en quoi ai-je de l’importance ? Il n’y a rien de spécial à mon sujet. » Aux yeux de la Torah, cette perspective est tout simplement fausse. La Torah voit l’importance de chaque individu comme dépassant considérablement l’entendement humain. 

Le livre de l’Exode commence par le recensement des enfants d’Israël. Il est écrit (Exode 1, 1) : « Voici les noms des fils d’Israël, venus en Égypte ; ils y accompagnèrent Ya'acov, chacun avec sa famille… » Rachi s’interroge sur ce compte. En effet, les enfants d’Israël ont déjà été comptés précédemment. Il écrit que même si on les a comptés de leur vivant, on les recompte à leur mort pour montrer leur importance. Ils sont semblables aux étoiles que D.ieu fait sortir et entrer par leur nombre et leur nom comme il est écrit (Isaïe 40, 26) : « Levez les regards vers les cieux et voyez ! Qui les a appelés à l’existence ? Qui fait défiler leur armée en bon ordre ? Tous, Il les appelle par leur nom… » 

Rachi ne nous explique pas en quoi les noms des enfants d’Israël ressemblent aux étoiles. Le Rav Moshé Sternbuch répond que chaque étoile possède un rôle unique. C’est ainsi pour chaque enfant d’Israël. Nous avons tous un rôle unique dans la Création. Chacun de nous possède une mission qui lui est propre et le monde entier est à notre service pour nous permettre de la réaliser. Nos Sages enseignent : « C’est pourquoi, l’homme a été créé unique afin de t’enseigner que détruire une vie équivaut à détruire un monde entier ; et soutenir une vie équivaut à soutenir un monde entier. C’est pourquoi chaque individu se voit dans l’obligation de dire "Le monde a été créé pour moi" ». 

La raison de l’importance cosmique de chaque personne est que chaque personne est absolument unique. Nous ne pouvons percevoir cette vérité. Nos yeux ne voyant qu’en surface, nous ne remarquons habituellement que les talents et capacités « exceptionnels ». Parfois nous cherchons même le succès à l’extérieur de nous-mêmes alors qu’en réalité il est en nous, si seulement nous pouvions le voir. Le judaïsme voit les choses différemment – chacun est unique, autrement il n’existerait pas. Chacun a une place dans le plan divin. Ben Azzaï avait l’habitude de dire :« Il n’est personne qui n’ait son heure, et il n’y a rien qui n’ait sa place. » Clarifier son obligation et sa mission uniques dans la vie constitue la pierre angulaire du service divin.

Il est enseigné dans la tradition juive que chaque personne a une âme unique et une mission unique dans le monde. Personne ne peut accomplir la tâche d’un autre à sa place. Nous avons tous une contribution spéciale à apporter, notre propre instrument duquel jouer dans la symphonie cosmique. Loin de rechercher l’uniformité, le judaïsme insiste sur le fait que chaque personne a une mission unique, et tout le service de D.ieu d’un individu doit être basé sur l’accomplissement de cette mission.

Comment déceler sa mission ?

Avant tout, chaque personne a le devoir de réfléchir et de rechercher quelle est sa mission unique, pour laquelle elle a été envoyée dans ce monde. De la même manière que l’homme doit croire en D.ieu, il doit croire en lui-même. Croire en nous-mêmes signifie croire que nous avons été dotés de la capacité d’exécuter la mission qu’Il nous a confiée. Une réelle connaissance de soi donne à l’homme la liberté de progresser et de réaliser sa mission. 

Nos Rabbanim nous enseignent que parmi les traits de caractère qui nous aident à acquérir la Torah est le fait de connaître sa place. La principale exigence pour un réel succès est de savoir qui nous sommes. Quoiqu’il ne soit pas prouvé que l’homme doit passer beaucoup de temps à se chercher dans les premières étapes de son développement, lorsqu’il pose les bases de sa progression future, à long terme, ceci doit être fait. L’homme ne peut atteindre le réel succès en suivant simplement les autres. Chacun d’entre nous vient au monde avec un Chorèch Hanéchama (racine de son âme) unique. Une personne sera profondément concernée par la morale véhiculée par le Messilat Yécharim du Ram’hal, tandis que seul le Chaaré Téchouva de Rabbénou Yona suscitera un changement chez une autre. Pour cette raison, le ‘Hafets ‘Haïm dit que nous ne devons pas critiquer un livre ou un cours, car même si nous ne l’avons pas apprécié (à moins qu’il ne soit franchement erroné), il peut être parfaitement adapté à un autre. De la même manière qu’une personne aura l’air ridicule en revêtant les habits de quelqu’un d’autre, personne ne réussira vraiment en empruntant la voie d’un autre dans la vie. Il n’existe tout simplement pas d’idéal platonique de l’homme parfait. La perfection de chacun différera et sera atteinte d’une autre manière. Le Netsiv (Haemek Davar, Nombres 15, 41) dit que si quelqu’un vous demande de lui dire quel chemin il doit prendre, votre réponse devrait être qu’il doit poursuivre le chemin que son cœur désire dans la large sphère de la Torah et des Mitsvot…