La viande est l'un des aliments phares de la vie juive. La loi dispose même qu'il est d'usage d'en consommer durant le Chabbath et les jours de fêtes. Toutefois, les produits carnés n'échappent pas au précepte de modération, car leur surconsommation serait nocive pour notre santé et, comme nous le verrons, même pour nos Middot, nos traits de caractère.

Nous le savons, la consommation excessive de viande peut avoir un impact négatif sur la santé en raison de sa teneur élevée en graisses saturées et en cholestérol. Les graisses saturées présentes dans la viande et en particulier dans les viandes rouges ont été associées à un risque accru de maladies cardiovasculaires, telles que l'athérosclérose, l'hypertension et les accidents vasculaires cérébraux.

De plus, la cuisson excessive de la viande à des températures élevées, comme la cuisson au gril ou la friture, peut générer des substances potentiellement cancérigènes, notamment des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et des amines hétérocycliques (AHC), qui peuvent augmenter le risque de cancer, en particulier le cancer colorectal et le cancer de l'estomac.

Cependant, il y a un domaine dont on ne soupçonne pas suffisamment l’impact de la surconsommation carnée, c’est celui de nos Middot

Serait-ce un hasard si la Torah attribue à Essav, l’homme des champs au caractère survolté, l’emblème de la chasse au gibier ? Pas si sûr… Explications.

Lorsque D.ieu créa les êtres vivants, Il leur attribua un dispositif de régulation interne. Nous sommes tous dotés d'une horloge interne régulée par un rythme circadien, un cycle d'une durée de 24 heures. Cette horloge interne est responsable de la plupart de nos fonctions biologiques. C'est ce qui fait que le matin, grâce à la sécrétion d'hormones comme le cortisol, notre température corporelle est basse, puis elle augmente au fil de la journée. Vers 16h-17h, nous ressentons une certaine accalmie grâce à la sécrétion de sérotonine, puis le soir, la sécrétion de mélatonine nous incite à bâiller et nous prépare au sommeil. Cette horloge interne est réglée de manière précise par un logiciel endogène situé dans l'hypothalamus, et elle dépend principalement de la lumière et de l'obscurité, c'est-à-dire du jour et de la nuit.

Lorsque la société nous dérègle

De nos jours, avec un mode de vie urbain et des habitudes dénaturées, nous avons tendance à perturber notre horloge biologique, ce qui affecte notre équilibre global. Les scientifiques sont de plus en plus conscients des répercussions d'une mauvaise hygiène de vie sur notre organisme, notamment sur notre rythme circadien. Le Dr Hélène Duez de l'Institut Pasteur de Lille a déclaré ce qui suit : "Le fonctionnement de nos sociétés modernes (travail nocturne ou en horaires décalés, prises alimentaires et exposition à la lumière en soirée ou la nuit, temps de sommeil réduit) ne correspond plus à nos rythmes circadiens intrinsèques, ce qui accroît le risque de développer ces maladies."

L'alimentation, tout comme le sommeil, est l'une des principales causes de dysfonctionnement chez l'être humain. Cependant, la reine incontestée de tous les dysfonctionnements hormonaux est sans aucun doute la malbouffe, avec ses produits riches en graisses saturées, en sucre ou chimiquement modifiés. Son impact sur la santé physique et parfois mentale n'est plus à prouver.

Cependant, il existe certains aliments qui semblent inoffensifs et dont on ne se méfie pas en raison de leur banalité. Qui pourrait s'imaginer que la viande pourrait causer des troubles de santé ? Eh bien, la consommation excessive de viande peut, indépendamment des risques connus, perturber notre homéostasie hormonale et jouer sur nos Middot.

La viande, un produit à consommer avec modération

Revenons sur un aliment qui n'est pas toujours aussi innocent qu'il n'y paraît. Nous ne le ressentons peut-être pas, mais à l'intérieur de notre corps, un véritable récital hormonal prodigieusement bien orchestré se déroule, influençant même notre humeur. Pour comprendre l'importance de ce qui va suivre, examinons cet effet domino naturel qui se produit en nous.

Lorsque nos réserves d'énergie hormonale du matin (le cortisol) diminuent, nous sécrétons de la sérotonine, ce qui nous permet de retrouver un peu plus nos esprits en fin de journée et de nous recentrer sur nous-mêmes. C'est un frein à nos pulsions qui s'active. Cependant, en analysant de plus près le processus de sécrétion de la sérotonine, nous constatons que certains agents peuvent retarder son entrée dans notre cerveau. Le problème est que, à long terme, ces dysfonctionnements peuvent avoir un impact sur nos systèmes, tels que la sécrétion de mélatonine, et perturber notre sommeil. Ils peuvent également influencer notre caractère, le rendant plus survolté et exigeant. Cela peut être gênant lorsque nous aspirons à une vie selon les préceptes de la Torah.

D'où viennent les carences en sérotonine ou les dysfonctionnements sérotoninergiques qui entraînent une désinhibition de nos pulsions ?

Retour sur un parcours qui repose sur un équilibre précaire

En fin d'après-midi, vers 16h-17h, notre organisme est en mouvement. Une molécule, appelée albumine, transporte plusieurs agents chimiques. Parmi ces agents, le tryptophane joue un rôle essentiel dans la production de sérotonine, qui freine nos pulsions et contribue en quelque sorte à notre maîtrise de nous-mêmes.

Le rôle de l'albumine est de transporter des agents biochimiques jusqu’à la barrière qui sépare le corps du cerveau, appelée BBB (Barrière hémato-encéphalique). C'est seulement à ce moment-là que le tryptophane peut être transformé en sérotonine, puis en mélatonine, assurant ainsi un bon sommeil. Cependant, c'est là que le tryptophane peut rencontrer quelques petits problèmes. En effet, le vaisseau qui transporte le tryptophane transporte également d'autres agents, tels que certains acides aminés branchés (BCAA) présents dans la viande. Les conséquences d'une telle surcharge d’acides aminés sont une compétition moléculaire où les plus prédominants franchiront la BBB, la barrière d’accès au cerveau. Le tryptophane étant minoritaire dans cette guerre, son échec cause inévitablement une diminution de toute la chaîne de réactions chimiques jusqu'à la sérotonine. C’est ainsi lorsque notre horloge biologique prévoit naturellement de freiner nos pulsions, permettant l’accès au tryptophane dans notre cerveau, que la surconsommation de viande perturbe tout le système ingénieusement rôdé par notre Créateur. Résultat : difficultés à se calmer, nervosité et voire même insomnies. 

Certaines études ont mis en exergue le rapport entre une surconsommation de viande et certains comportements agressifs chez les adolescents notamment [1]. Sans toutefois prôner une alimentation végétarienne, il est intéressant de noter que ceux qui s’abstiennent de consommer radicalement des produits carnés témoignent d’une meilleure gestion de la colère et de l’impulsivité [2]

Le mot de la fin

La malbouffe et les aliments transformés riches en graisses saturées, en sucre et en additifs chimiques sont des facteurs de perturbation de notre équilibre. 

Il est important de noter que certains aliments apparemment innocents, tels que la viande, peuvent également avoir des conséquences néfastes lorsqu'ils sont consommés en excès. La viande occupe une place importante dans la vie juive, mais il est toutefois essentiel de la consommer avec modération. Une surconsommation de viande peut perturber notre équilibre biologique et à terme notre humeur. Il est crucial de prendre conscience de l'impact de nos habitudes alimentaires sur notre santé physique et mentale.

Pour préserver notre homéostasie et favoriser notre bien-être, il est crucial de faire preuve de modération dans notre alimentation. Une compréhension plus approfondie de l'interaction entre notre alimentation et notre équilibre hormonal peut nous aider à prendre des décisions éclairées pour favoriser une meilleure santé globale.

En suivant les préceptes de modération, de respect de soi et de conscience de l'impact de nos choix alimentaires, nous pouvons contribuer à maintenir notre équilibre physique, mental et spirituel, tout en vivant une vie en accord avec les principes de la Torah.

  1. https://bemagazine.org/correlation-between-people-who-eat-meat-and-violence/
  2. https://link.springer.com/article/10.1007/s10896-023-00556-0

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