L’équipe Torah-Box a rendu visite dernièrement au Yénouka et a profité de cette occasion pour l'interviewer (scoop sans précédent !). De son vrai nom Rabbi Chlomo Yéhouda Béri, on le surnomme le Yénouka (“l’enfant”) car ce jeune érudit, avant même d’atteindre l’âge de 18 ans (il en a 34 aujourd’hui), avait impressionné de grands Rabbanim par ses connaissances phénoménales en Torah. Il se distingue aussi par son incroyable assiduité et sa piété, et nombreux sont ceux qui lui demandent conseils et bénédictions. C’est pourquoi des personnalités torahiques de premier rang le tiennent en grande estime et lui rendent honneur. Citons comme exemples le Rav Moché Tsadka (Roch Yéchiva de Porat Yossef), Rabbi Chim’on Ba’adani (membre du Conseil des Sages de la Torah), le Rav Its’hak Ezra’hi (de la Yéchiva de Mir), ou encore le Mékoubal Rabbi Chlomo Busso (petit-fils de Baba Salé).

Le Yénouka, né en Israël, a grandi dans la ville de Gérone en Espagne, et a passé sa jeunesse sans communauté, trouvant dans l’étude de la Torah et dans la prière la source de son épanouissement. À 14 ans, il revient avec sa famille en Erets Israël, et poursuit ses études en Torah. Il vit actuellement dans la ville de Richon Létsion, dans laquelle il transmet ses enseignements et reçoit ses visiteurs, et a une vie de famille tout à fait conforme à la normalité.

Personnellement, j’attendais l’occasion de le rencontrer et de m’entretenir avec lui, après tout ce que j’avais pu entendre à son sujet, le côté mystérieux et hors du commun qui entoure sa personnalité attisant ma curiosité. Le Yénouka nous a reçus chaleureusement et a répondu à toutes nos questions, nous consacrant près d’une demi-heure. Nous avons été frappés par son humilité, son tact, sa chaleur et ses qualités humaines. Il nous a donné l’impression qu’il avait tout son temps devant lui, alors qu’il avait déjà reçu des visiteurs depuis plusieurs heures, et que d’autres attendaient.

Je suis sorti de cette rencontre le cœur joyeux. Indépendamment du fait que l’entretien en soi a été très agréable, cette rencontre m’a aussi satisfait sous un autre angle : depuis une dizaine d’années, beaucoup de nos grands Sages qui nous guidaient sont décédés, laissant un grand vide. On sait que dans le judaïsme, au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la révélation du Mont Sinaï, on descend de niveau spirituel. Notre époque est celle de découvertes en technologie qui ont changé la face du monde, tout en amenuisant parallèlement notre sensibilité et nos capacités intellectuelles et morales. Je me suis demandé qui donc allait prendre la relève de ces géants en Torah qui nous quittent. J’avais momentanément oublié la promesse de D.ieu, qui nous assure que “la Torah ne quittera jamais [la] bouche [du peuple juif] jusqu'à la fin des temps” (Yicha’ya 59, 21). Nous avions devant nous la concrétisation de cette prophétie : un jeune Talmid ‘Hakham avec tout l’avenir devant lui, qui aime profondément la Torah et recherche la proximité et l’attache avec D.ieu, qui ne connait d’autre délectation que d’accomplir les Mitsvot dans la joie, détaché de toutes les futilités du monde. 

Cette rencontre m’a aussi éclairé sur un des fondements du judaïsme : la Torah ne dépend pas d’un prophète ou d’un Rav unique, aussi grand soit-il. Nous avons eu Moché Rabbénou puis Yéhochou’a, le roi David, Rabbi ‘Akiva, le Rambam, le Gaon de Vilna, le ‘Hafets ‘Haïm, etc. Chaque génération possède ses propres maîtres, correspondant aux besoins de l’époque. “L’Éternel a perçu que les Tsadikim ne sont pas très nombreux et les a dispersés dans les différentes générations” (Yoma 38b) afin que dans chaque époque, nous ayons vers qui nous tourner et de qui s’inspirer. 

“Heureux le peuple qui jouit d’un tel sort, heureux le peuple dont l'Éternel en est le D.ieu !” (Téhilim 144, 15)