Le ‘Houmach Bamidbar nous relate l’expérience de nos ancêtres dans le désert durant 40 ans. Protégés par les nuées, nourris par la Manne tombant du ciel et accompagnés par un puits d’eau qui pourvoyait aux besoins en eau de myriades de personnes, les Bné Israël ne connaissent pas le moindre souci matériel. En fait, leur quotidien consiste en un long apprentissage d’une vie de Torah, et c’est dans ce but qu’Hachem leur a ôté tout joug pouvant les accaparer. 

Après avoir reçu la Torah au mont Sinaï, le peuple hébreu se dirigea vers la terre promise afin de s’y installer. Mais il n’était pas possible de se débarrasser des influences païennes et immorales de l’Égypte et d’adopter le mode de vie prôné par le judaïsme sans aucune transition. C’est pourquoi durant 40 ans, les Bné Israël vont étudier, apprendre à appliquer les Mitsvot et saisir ce que sont la Émouna et le Bita’hon (confiance en D.ieu), tout en vivant en harmonie dans leur tribu respective. Lorsque les Bné Israël entreront dans leur pays, chacun connaîtra sa place et ses devoirs de Juif. Après 14 ans de conquête et de partage, ils pourront immédiatement constituer une nation fonctionnelle, avec son système politique et sa particularité en tant que peuple de D.ieu.

De cette expérience unique, on peut tirer deux enseignements. Le premier, c’est que toute personne qui cherche véritablement à se construire dans le judaïsme se devra (dans la mesure du possible), à l'image de nos ancêtres, de se déconnecter pour un certain temps de toute préoccupation liée à la subsistance, afin de pouvoir s’adonner à la connaissance de son patrimoine - dans le cadre d’une Yéchiva ou d’un séminaire, par exemple.

Le second point, qui reste totalement d’actualité, c’est celui de la ‘Alyia en Erets Israël. Nous savons tous qu’il n’est pas simple de vivre sur la terre de nos ancêtres. Nos Sages nous rapportent qu’Erets Israël s'acquiert avec des épreuves (Brakhot 5a), que c’est un pays en proie aux problématiques sécuritaires et qui est convoité et même revendiqué par d’autres nations. Une partie non négligeable des citoyens israéliens se pose d’ailleurs des questions d’identité, ne comprenant pas pourquoi cette terre connaît tant de complications, et va jusqu'à douter de sa légitimité à y habiter.

Nos ancêtres, à l'époque de Yéhochoua’, durent combattre 31 rois afin de conquérir la terre de Cana'an. Nos Sages précisent que chaque nation s’enorgueillissait à l’idée de pouvoir posséder une ville dans ce pays (Midrach Tan’houma, Parachat Réé 9) et il fallut ainsi mener la guerre contre de très nombreuses armées. Traverser ces épreuves exigeait beaucoup de force, de courage et surtout de conviction. C’est pourquoi durant les 40 ans précédant leur conquête, les Bné Israël vont remonter aux sources de la Émouna et de la Torah, afin de s’armer intérieurement et de réaliser l’importance de construire leur avenir sur cette terre promise, “sur laquelle les yeux de l’Éternel sont rivés tout le long de l’année”.

En effet, ce pays n’est semblable à aucun autre lieu du monde, car il a été élu par D.ieu. Les Nations l’ont toujours pressenti et cherché à s’en accaparer. Mais cette terre, depuis que les Hébreux en prirent possession, refuse obstinément la présence d’étrangers et demeurera aride pendant près de 2000 ans, attendant le retour des Juifs. Et même après leur retour, elle restera agitée par toutes sortes de secousses venant rappeler au peuple juif ses devoirs contractés au mont Sinaï. 

Tout celui qui reste attaché à son patrimoine et s'investit dans l’étude de nos textes sacrés peut comprendre les messages qui se dissimulent derrière des événements houleux. Mais celui qui est étranger à la Tradition restera perplexe devant la réalité, car aucune analyse politique et cartésienne ne peut s'avérer satisfaisante. Il lui manque l’expérience de “l’apprentissage du désert” pour saisir le destin particulier des habitants de Sion !