Emil Manita, assistant philippin du Rav Elazar Ména’hem Man Chakh, s’est converti il y a deux ans au judaïsme et poursuit son chemin dans la recherche de la vérité, dans la pratique des Mitsvot et dans l’étude intensive de la Torah.

Ne l’appelez plus Emil mais Emanuel ben Avraham. L’auxiliaire de vie philippin d’un des plus grands rabbins de notre génération, le Rav Chakh zatsal, s’est converti au judaïsme. Il n’est pas simple de se représenter le chemin vertigineux parcouru par cet homme asiatique posant ses valises en Israël qui, outre le choc culturel et linguistique, doit aussi composer avec le décalage religieux. Le christianisme est pratiqué aux Philippines par 80 millions de personnes avec une ferveur extrême, allant jusque, lors d’une journée particulière de 'Avoda Zara, à des scènes insoutenables de flagellations et de crucifixions.

Emanuel a grandi aux Philippines en tant que chrétien, mais a eu l’occasion de lire des enseignements de Torah au cours de son enfance. « En arrivant en Israël, j’ai tout de suite voulu rechercher la vérité ». Jeûnant à Kippour dès son arrivée alors qu’il ne pensait pas à la conversion, il a aidé des géants dans leurs dernières années de vie : Rav Avraham Kahaneman et Rav Chakh, tous deux ayant été Roch Yéchiva de Poniovitch, à Bné Brak. « En voyant de près les Grands de la Torah et ceux qui observent les Mitsvot avec attachement, j’ai compris que la Torah qu’a donnée D.ieu au Mont Sinaï n’a pas pu être altérée d’une seule lettre », affirme Emanuel. De plus, « j’ai vu en ces Grands d’Israël leur grandeur, leur morale et leur noblesse, leur sérieux dans l’observance des Mitsvot, en dépit de leur grand âge et de leur faiblesse physique ». L’attitude exceptionnelle des Grands de notre génération, même en fin de vie, a éveillé en Emanuel le fait qu’une vérité profonde et authentique existait. À tel point qu’« aujourd’hui, j’ai soif de connaître toujours plus la sagesse de la Torah et de faire progresser mon savoir ».

Emanuel ne nie pas les importantes difficultés qu'il a rencontrées. « La vérité exige de la détermination […] Je me sens comme Ruth la Moabite qui a dû partir de la maison de son père pour s’engager complètement dans la direction de D.ieu, sans aucun compromis ». Il a terminé en 2017 son processus de conversion avec la circoncision, l’Alliance éternelle entre D.ieu et Son peuple.

Aujourd’hui, rien ne différencie Emanuel des Juifs orthodoxes de Bné Brak : costume, chemise blanche, et aussi le téléphone portable simple, sans Internet. « Les Grands de la Torah disent qu’il ne faut pas avoir de téléphone avec Internet afin de ne pas risquer de commettre de fautes (préserver ses yeux et ne pas perdre son temps), j’ai donc un téléphone basique conforme à leurs instructions », explique-t-il tranquillement. « L’obligation de prendre sur soi les Mitsvot inclut d’écouter nos Sages dans tous les domaines, y compris celui-ci », précise Emanuel.

Le fait de côtoyer les Sages est parfois mentionné comme plus important en soi que l’étude de la Torah car, en voyant la vérité, on finira par la rechercher avec ardeur et détermination. L’exemple touchant de cet homme que rien ne destinait au judaïsme, son opiniâtreté implacable dans la recherche de la vérité doit tous nous inviter à nous attacher à nos Sages, à les voir dans leur engagement quotidien au service de D.ieu.