Récemment, un ouvrage a été publié sur la famille Ephrussi relatant le mode de vie fastueux de ses membres, dispersés dans les plus grandes capitales d’Europe.

Les Ephrussi sont une richissime famille juive d'Odessa, l’aïeul, Joachim, ayant fait fortune dans le commerce du blé. Ses deux fils ouvrent des banques et décuplent encore leur bien.

A Vienne, en 1890, ils se font construire un palais somptueux, sur le Ring, la place principale de la capitale. A Paris, ils ont bien sûr leur hôtel particulier rue Monceau, à coté des Rothschild, Camondo, Pereire et Cahen d'Anvers.

Charles Ephrussi, petit-fils du patriarche, mécène, critique d'art et grand collectionneur servira de modèle à Marcel Proust pour le personnage de Swann de la Recherche du Temps Perdu.
 

Leur train de vie est époustouflant

Les dames, accompagnées de leur femme de chambre, changent de tenue 3 fois par jour, parmi une garde-robe de dizaines de tenues plus riches les unes que les autres.

Chaque meuble est une pièce de musée et les murs sont tapissés d’œuvres d'art des grands maitres de la peinture du 18ème, et même de la Renaissance.

Les vacances ponctuent la vie de la famille : en Suisse près de Lucerne, ils ont leur somptueux chalet qu'ils se sont fait construire et l'été ils le passent au bord d'un lac en Tchécoslovaquie dans une autre de leur demeure.
 

La domesticité se compte par dizaines

Le cocher et les chevaux attendent dans la cour du palais pour emmener les membres de la famille à l'Opéra, au Prater (grand parc d'attraction au cœur de Vienne), ou en ballade.

Le raffinement est à son comble. On fréquente le beau monde, artistique, culturel, politique.

Dans ce tourbillon de la Vienne brillante du milieu du 19ème siècle, bercés par les valses de Strauss et les sorties à l’Opéra, les Ephrussi s'oublient, et oublient…
 

Cette réussite matérielle et sociale fulgurante a un prix : l'assimilation. Il ne reste plus rien des traditions juives dans la famille. Nos Sages nous l'ont dit : « L'épreuve de la richesse est plus difficile que celle de la pauvreté ».

La réussite météorite des Ephrussi est inversement proportionnelle à l'abandon des traditions.

La volonté de ressembler au-non juif, d'adopter sa "Kultur", son mode de pensée, son habillement est totale. On se marie encore il est vrai avec d'autres familles juives opulentes, mais une génération suffit pour que même ce barrage tombe. Les mœurs des non-juifs sont adoptées à tous les niveaux et même la sainteté du couple et la fidélité ne sont plus des valeurs.
 

Lorsqu'on parcourt l'histoire et le destin de cette famille, c'est tout le drame du juif séduit par l'argent, les honneurs et les plaisirs qui apparaît : exactement les 3 points que désignent nos Sages comme étant le facteur d'abandon des Mitsvot et qui, selon leur langage : « excluent » l'homme du monde – celui des vrais valeurs - pour entrer dans celui des artifices et du mensonge.

Mais le Créateur veille. Dans Son Infinie Bonté, D.ieu envoie des signaux d'alarme : d'abord par petites gouttes, puis en pluie fine. Exactement comme lors du Déluge.

Les manifestations d'antisémitisme seront en fait les rappels de leur judéité à toutes les familles juives assimilées ou en processus d'assimilation de cette époque.

Les premiers signaux apparaissent sous forme de remarques acerbes venant justement de cette « Intelligentsia » d'artistes et d'écrivains qu'ils fréquentent et, comble de l'absurde, qu'ils soutiennent parfois financièrement.

Renoir, n’ayant pas été payé à temps pour un tableau commandé par les Cahen d'Anvers (autre famille juive opulente), lâche son mécontentement et dénonce l'avarice des juifs.

Edmond de Goncourt (oui, oui ! le fondateur du prix littéraire) les hait et affiche ouvertement dans ses articles son aversion pour ces « parvenus ».

Degas lance des boutades féroces contre les juifs, et peint un tableau représentant deux financiers au nez crochu et à la barbe rousse qui s'entretiennent à mi-voix. Il l'intitulera : « Portraits à la Bourse »…

Le coup de tonnerre éclate en 1894 avec l'affaire Dreyfus. Elle réveille les passions et on peut afficher désormais sans aucune retenue son antisémitisme. Les mots de juif et de traître seront maintenant dans toutes les bouches, réunis par un trait d'union.

Lorsque la Première Guerre mondiale est déclarée, les fils de ces familles juives sont les premiers à s'enrôler, fiers de prouver leur patriotisme. Mais ironie du sort, les cousins, éparpillés dans tous les pays en conflit prendront les armes les uns contre les autres, et on sait que sur le front, un juif tirait et pouvait entendre dans les rangs ennemis le « Chéma Israël » du malheureux qu'il venait d'atteindre.

La guerre apporte la misère et les peuples cherchent des coupables. La richesse de ces familles devient suspecte : la guerre certainement leur profite. Et s’ils l'avaient provoquée pour s'enrichir d'avantage ? L'équation est facile car le juif reste l'étranger par excellence. Comment être sûr de sa fidélité à la nation d'accueil ? N’est-il pas juif avant d'être allemand ou français!?
 

Tous ces évènements qui à l'époque, aux yeux de ceux qui les vivaient, paraissaient menaçants et même alarmants étaient en fait orchestrés par la Main de la Providence qui tentait de réveiller ses enfants paresseusement endormis. Malheureusement, dans le cas de la famille Ephrussi, les avertissements ne furent pas entendus.
 

En 1938, l'Allemagne annexe l'Autriche, c'est l'Anschluss. La tempête est imminente et des nuages noirs assombrissent le ciel de Vienne et de l'Europe.

Les troupes nazies défilent sur le Ring, et des fenêtres du Palais, les Ephrussi peuvent voir ce spectacle hallucinant : le Mal prend possession des lieux.

La Gestapo fait savoir à Viktor Ephrussi que lui et son fils Rudolph seront déportés pour le camp de Dachau. Pour sauver sa peau, Viktor signe un document où il renonce à son droit de propriété sur le Palais ainsi qu'à tous les trésors qu'il contient au profit des Nazis. Ce qui reste de la famille est assigné à vivre dans deux petites pièces. Le « fidèle » portier allemand, Herr Kirchner, laissera un soir le lourd portail de chêne ouvert, « négligemment », pour que les sbires de la Gestapo puissent piller le Palais sans effort. Tous les objets seront méticuleusement répertoriés dans d’épais dossiers. Chaque œuvre d'art, chaque porcelaine, chaque tableau sera rangé dans des caisses qui partiront enrichir les musées autrichiens et allemands, ou alors vendus pour des sommes dérisoires à des collectionneurs aryens.
 

Une partie de la famille disparaîtra dans la Shoah et les survivants quitteront le peuple juif par les voies de l'assimilation.
 

Si une lecture superficielle de cette biographie familiale laisse entrevoir une succession d'événements dramatiques qui ont secoué l'Europe du siècle dernier, un œil averti saura lire en filigrane l'appel insistant, pressant, inquiet d'un Père qui appelle Ses enfants, même les plus éloignés : « Revenez... revenez Mes chéris. Vous êtes les membres de Mon Peuple, choisi parmi les nations, séparé d'elles, pour Me servir et suivre Mes saintes Lois. »
 

Le peuple juif a été investi d'une mission de laquelle il ne peut et ne pourra jamais se soustraire : témoigner ici-bas de l'existence du Créateur. Il a reçu sur le mont Sinaï des lois particulières et immuables qui l'attache à D.ieu et qui le distingue des nations. C'est la mission la plus noble qu'aucun peuple n'ait jamais reçu.

S’il abandonne ce rôle, de frère ainé, d'exemple, de lumière, la haine des peuples se réveille contre lui et ils le vomissent littéralement d'entre eux. Parce que sa place est ailleurs.

Un pilote ne peut pas quitter impunément son cockpit sous prétexte qu'il préfère s'asseoir avec les passagers, et qu'à l'arrière les sièges sont plus confortables. Une unité d'élite qui néglige sa mission causera à l'armée des dommages gravissimes.

De même, quand le juif s'endort, refuse son rôle de Peuple Saint, c'est l'humanité entière qui sombre.

Après ces mois d'Eloul et Tichri, de rapprochement si intense avec notre Créateur, retenons cette leçon de la saga Ephrussi.