Nous savons qu'il est interdit d’exercer une pression sur un Juif pour le pousser à nous vendre, nous louer ou nous donner un objet. Néanmoins, toute tentative d’acquérir un bien qui n’est pas à vendre n’enfreint pas forcément l’interdit de Lo Ta’hmod (tu ne convoiteras pas).

Il est permis de demander au propriétaire s’il est prêt à envisager la vente de l’objet. Car le fait de demander au propriétaire s’il est intéressé, d’une telle façon, n’est pas considéré comme une pression. Mais si le propriétaire refuse, il n’est pas permis de réitérer notre demande de vendre l’objet en question. Des phrases du style : « Je t’en prie, reconsidère la question », « on en a tellement besoin », etc., sont, dans un tel contexte, interdites.

Si le propriétaire n’a manifesté aucun intérêt pour la vente, est-il permis de revenir vers lui en lui proposant une meilleure offre ? Les avis des autorités sont partagés sur ce point. Certains sont d’avis que c’est permis. En effet, l’interdit de Lo Ta’hmod consiste à embarrasser ou à exercer des pressions sur le propriétaire de vendre un objet, lorsqu’il ne le souhaite pas. Or, de nombreux objets ne sont pas en vente pour un certain prix, mais si on proposait au propriétaire un prix supérieur, alors l’objet serait mis en vente à ce prix-là. En conséquence, le propriétaire ne vend pas l’objet à ce prix en raison des pressions qu’il a subies, mais parce qu’il désire sincèrement le vendre à ce prix-là.

D’autres autorités sont plus strictes sur cette question - Rabbi Yossef Chalom Elyashiv tranche qu’il est interdit de revenir vers le propriétaire en lui proposant une meilleure offre, après qu’il a refusé la première proposition. Néanmoins, si le propriétaire a donné des indications qu’il pourrait considérer la vente de l’objet à un meilleur tarif, ou un changement intervenu dans la situation du propriétaire indique qu’il serait prêt à reconsidérer sa position, on peut l’aborder à nouveau.

Il est permis de tenter de démontrer au propriétaire pourquoi il a intérêt à vendre l’objet, à condition que ce soit réellement dans son intérêt. Un homme éminent ne pourra pas demander à quelqu’un de lui vendre un objet, même une seule fois, s’il perçoit que le propriétaire risque de se sentir sous pression de refuser sa requête.

Alors que nous approchons de la fin des lois concernant l’injonction de « Tu ne convoiteras pas »[2], il est instructif de résumer et de clarifier quelles formes de « convoitise » sont interdites, et lesquelles, permises.

Nous avons relevé dans la première partie de cette série qu’il n’y a pas d’interdit de désirer simplement l’objet appartenant à quelqu’un d’autre.[3] Le terme de Ta’hmod implique l’idée de persuader, d’exercer une pression ou d’embarrasser quelqu’un en l’incitant à nous vendre quelque chose qu’il ne souhaitait pas réellement vendre.

Néanmoins, il est également interdit de penser et de concevoir comment exercer une pression sur quelqu’un d’autre pour qu’il nous vende l’objet (convoité). En conséquence, même si l’on projette uniquement d’obtenir l’objet d’une telle manière, sans mettre notre projet à exécution, on transgresse néanmoins le commandement de la Torah de Lo Titavé, qui est mentionné dans la seconde version des Dix Commandements.[4]

Il est également important de savoir qu’il est permis de désirer le même objet qu’un ami, tant que ce n’est pas l’objet même détenu par notre ami qui fait l’objet de notre convoitise. Par exemple, Sarah aime les chaussures de Keren, projette d’acheter les mêmes, ce qu’elle finit par faire. C’est tout à fait autorisé. Si, en revanche, Sarah a réfléchi à un moyen de persuader Keren de lui vendre ses chaussures, elle transgresse alors l’interdit de Lo Titavé. Et si elle a réussi à acquérir les chaussures par ces méthodes, elle transgresse alors Lo Ta’hmod.

Dans la même veine, on peut demander à un Rav une bénédiction pour obtenir un objet qui ressemble à celui possédé par un ami. Si, par exemple, John souhaite acquérir une maison très semblable à celle de David, il peut alors s’adresser à un Rav pour une bénédiction afin d’obtenir une telle maison.[5]

Enfin, il est permis à quelqu’un qui compte recevoir des cadeaux pour une certaine occasion[6] de demander des cadeaux spécifiques. Cela serait interdit uniquement si on exerce une pression sur quelqu’un pour qu’il nous cède un objet en particulier dont il ne veut pas se séparer.


[1] Une bonne partie des informations de cet article sont extraites de l’ouvrage Halachos of Other People's Money du Rav Yisroel Pinchos Bodner.

[2]Lo Ta’hmod’ en hébreu.

[3] Bien que ce ne soit pas une attitude qui soit conforme avec le point de vue de la Torah, comme nous le verrons dans de futurs articles.

[4] Vaet’hanan 5, 18.

[5] Il faut souligner qu’il y a peut-être des sujets plus importants pour lesquels on doit demander une Brakha, comme avoir des enfants vertueux et jouir d’une bonne santé.

[6] Comme des fiancés, ou un garçon approchant l’âge de la Bar Mitsva, ou une fille approchant l’âge de la Bat Mitsva.