Ces derniers mois, nous avons abordé divers aspects du vol, y compris s’emparer d’argent ou d’objets appartenant à d’autres. Quelle est la règle concernant l’emprunt d’objets sans permission, mais en ayant l’intention de les restituer après usage ?[1]

Selon la loi de base, emprunter un objet sans permission est interdit. C’est le cas même si l’on restitue l’objet exactement dans le même état où on l’a trouvé, qu’on l’emploie pour peu de temps, et qu’on le remet exactement à sa place. D’après de nombreuses autorités, emprunter de cette façon est considéré comme du vol, même lorsque le propriétaire affirme par la suite qu’il n’était pas gêné que l’objet ait été emprunté sans sa permission. En effet, l’emprunteur n’était pas certain, au moment de l’emprunt, que le propriétaire ne s’y opposerait pas.

Il y a un certain nombre d’exceptions possibles à cette loi.

1. Si l’emprunteur a emprunté au préalable l’objet à son propriétaire, et sait donc que le propriétaire n’est pas strict à cet égard, il est permis de prendre l’objet sans obtenir sa permission en cette occurrence. Inutile de préciser : l’emprunteur devra veiller à restituer l’objet à l’endroit où il se trouvait au préalable, pour que le propriétaire le trouve sans difficulté.

2. De même, même si l’emprunteur n’a jamais emprunté cet objet spécifique par le passé, néanmoins, s’il sait avec certitude que le propriétaire n’est pas dérangé qu’il le lui emprunte compte tenu de la relation qu’ils entretiennent, dans ce cas, c’est permis. En conséquence, un individu peut emprunter par exemple la règle de son frère, en ayant la certitude que son frère n’en est pas gêné.

3. Personne n’est dérangé lorsqu’on leur emprunte certains objets. Il est permis d’emprunter un tel objet même à un étranger. Des exemples possibles de tels objets : de simples chaises, des cintres ou des ustensiles pour laver les mains. Mais si l’emprunteur sait que le propriétaire est susceptible de s’y opposer, il ne pourra l’emprunter sans sa permission. De surcroît, il faut noter qu’il est interdit d’emprunter un objet que la plupart des gens acceptent de prêter, mais auquel une minorité s’oppose.

Les maîtres nous enseignent que lorsque certaines conditions sont remplies, on a le droit d’emprunter des objets de Mitsva sans permission. En effet, les hommes sont généralement contents que d’autres puissent accomplir une Mitsva avec un objet qui leur appartient[2], tant qu’ils ne subissent pas de perte dans le processus.

En conséquence, à moins de penser que le propriétaire ne voudrait pas qu’on lui emprunte l’objet, on pourra l’emprunter sans permission. Il y a néanmoins des cas où il est probable que le propriétaire s’y oppose :

1. Si l’emprunteur sait que le propriétaire est excessivement avare ou minutieux avec ses objets, dans ce cas, on ne pourra le lui emprunter sans permission.

2. Si le propriétaire risque d’avoir besoin de l’objet pour son usage personnel à ce moment-là, alors on ne pourra pas le lui prendre. Par exemple, on ne pourra emprunter les Quatre espèces à autrui à Soukot si le propriétaire risque d’en avoir besoin à ce moment-là.

3. L’objet ne pourra pas être déplacé ailleurs, et il faudra le remettre là où il a été pris.

4. L’objet ne peut être emprunté sur une base régulière, car le propriétaire peut s’opposer à ce qu’on utilise constamment des objets lui appartenant.

5. Si l’emprunteur est en mesure de consulter le propriétaire avant de prendre l’objet, il doit tenter de le faire. Par exemple, John voudrait emprunter le Talit de David. John doit essayer de téléphoner à David pour lui en demander la permission. Si David ne répond pas au téléphone, John pourra néanmoins emprunter le Talit.

La Halakha varie en fonction des différents types d’objets de Mitsva. Par exemple, il y a des centaines d’années, les livres étaient très rares et délicats, et en conséquence, les Rabbanim interdisaient d’emprunter des livres sans permission. Or, de nos jours, les livres sont beaucoup plus courants et accessibles et certaines autorités permettent d’emprunter des livres sans permission.

On ne pourra s’asseoir dans la Soucca de quelqu’un d’autre sans permission, sachant que le propriétaire peut le ressentir comme une violation de sa vie privée.

On pourra utiliser le Talith ou les Téfilines de quelqu’un d’autre sans sa permission, mais il faudra faire preuve de bon sens pour déterminer si le propriétaire pourrait avoir une objection. Par exemple, si l’emprunteur transpire beaucoup, il se peut que le propriétaire ne souhaite pas qu’il se serve de ses Téfilines.


[1] Remarquez que nous faisons référence à des objets qui, lorsqu’on s’en sert, ne s’usent pas, comme une chaise ou un livre. La loi concernant des objets qui s’usent est encore plus stricte.

[2] Cela suppose que le propriétaire de l’objet s’efforce d’observer la Torah et en conséquence, est heureux lorsque d’autres accomplissent la Mitsva. Si le propriétaire ne respecte pas la Torah, on ne peut établir clairement si cette attitude indulgente s’applique.