David aimerait faire Téchouva. Cela fait longtemps que l’idée mûrit en lui. Il comprend qu’Hachem est un D.ieu de vérité, tout comme la Torah, et cela fait bien longtemps qu’il a intériorisé que le moment est venu de réaliser concrètement ce que le Saint béni soit-Il nous a ordonné d’accomplir.

Le problème, c’est que David ne sait pas par où commencer. Quelle est la première Mitsva qu’il doit s’engager à respecter ? La Cacheroute ? Le Chabbath ? S’abstenir de contacts physiques en-dehors du mariage ? Prier trois fois par jour ? Tout le monde lui recommande de ne pas se précipiter, il faut commencer progressivement, digérer le changement qui a lieu dans sa vie, et continuer à un rythme logique qui lui permettra d’éviter un échec.

Quelles sont les bonnes mesures à prendre lorsque l’on commence à faire Téchouva ?

Rav Its’hak Fanger, l’un des conférenciers les plus réputés du monde de la Téchouva, a posé cette question au Gaon Rav Aharon Leib Steinman, le leader incontesté du public orthodoxe.

« Nous nous sommes rendus chez le Rav Steinman, le dirigeant du monde de la Torah. Il avait alors 99 ans. Nous lui avons demandé quelle démarche entreprendre en premier, quelle résolution prendre.

Le Rav Steinman réfléchit quelques instants, puis cita les trois premières Mitsvot qu’il faut respecter.

Les Téfilines : tu te lèves le matin, et tu mets cinq minutes les Téfilines. Si tu ne sais pas les mettre parce qu’on ne te l’a pas appris, va voir ton père, ton grand-père, ou un voisin religieux, trouve quelqu’un pour te l’enseigner. Tous les jours, trouve cinq minutes avant l’école ou le travail pour mettre ces Téfilines. Il n’est pas nécessaire de les mettre spécifiquement à la synagogue, il est possible de les mettre à la maison, après avoir récite le Kriat Chéma’. Si tu veux avancer, prie la ‘Amida, ou va même à la synagogue, c’est très bien. Mais la base, c’est surtout de mettre les Téfilines.

Les Tsitsit : le gilet pare-balles du Juif. Place le Tsitsit sous tes habits. Personne ne les voit. Tu ne viens pas proclamer ou déclarer quoi que ce soit. Chez nous, le Tsitsit est ton gilet pare-balles. Tu n’es pas obligé de porter une Kippa, la Kippa et les Tsitsit ne forment pas un ensemble. Chacun est une Mitsva en soi. »

« La troisième Mitsva qu’il convient d’observer d’après le Rav Steinman, c’est le Chabbath, rajoute le Rav Fanger. J’ai objecté au Rav que le Chabbath était trop difficile. Ceux qui viennent tout juste de faire Téchouva ne sont pas capables d’observer tout un Chabbath sans fumer, ou sans se servir de leurs gadgets électroniques. Le Rav réfléchit quelques instants, puis déclara : "Qu’il vienne à la prière de Chabbath à la synagogue". Le vendredi soir, tu viens à la synagogue pour la prière de Kabalat Chabbath et celle d’Arvit. Si tu t’es levé à temps le Chabbath matin, va à la synagogue pour la prière de Cha’harit avec la lecture de la Torah. »

« Ce sont les trois Mitsvot nommées par le Rav Steinman, la base et la démarche première pour revenir à la pratique religieuse. Pour que ces gestes entrent dans la Néchama, et qu’un esprit de pureté et de sainteté pénètre l’âme, il convient bien entendu de veiller à la Cacheroute des aliments, de ne consommer que des aliments Cachères, et de veiller à la séparation entre aliments carnés et lactés.

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A ce stade, le Rav Fanger relate une histoire prodigieuse sur la Mitsva de Tsitsit et son rôle protecteur du peuple juif. « Un ami proche me relata qu’il se rendit à Ouman il y a 25 ans. Avant de se rendre sur la tombe du Tsaddik, il se promena en ville pour chercher un endroit pour s’immerger et se purifier. Il s’immergea dans le fleuve, et il s’apprêtait à se rhabiller lorsqu’il sentit soudain un objet métallique sur son dos. Deux grands et forts gaillards ukrainiens se tenaient derrière lui, avec un fusil en main : "C’est la mafia russe, lui annoncèrent-ils. Donne-nous tout ton argent".

L’homme se demandait comment réagir. D’un côté, il voyait bien qu’il avait affaire à des types qui n’auraient aucun problème à le liquider s’il refusait de leur donner son argent, mais d’un autre côté, il avait vraiment besoin de cet argent, et n’avait aucun moyen de survivre là-bas sans un sou pour acheter de la nourriture et pour son voyage de retour à l’aéroport.

« Soudain, j’eus une sorte d’inspiration. Je lançai mon Tsitsit, et leur rétorquai : "C’est la mafia israélienne, décampez de là". » Les deux hommes observèrent les Tsitsiot avec étonnement. Ils ne savaient pas de quoi il s’agissait, tout comme son lien avec la mafia israélienne leur paraissait étrange. Les deux hommes se regardèrent, ébahis. Puis, ils furent pris de panique et quittèrent les lieux. Comme nous l’avons dit, le Tsitsit est le gilet pare-balles.

Rav Yaakov Israël Kanievsky, le Steipler, père du Tsaddik Rabbi ‘Haïm Kanievsky, l’un des grands sages de la génération passée, a été contraint de servir dans l’armée russe. Pendant une certaine période, il a été placé dans une base très éloignée en Sibérie.

Un jour, c’était son tour de garde un vendredi soir. Le changement de garde avait lieu toutes les deux heures, et le Rav ne put esquiver cette obligation de garde. Arrivé au poste, il vit que le surveillant qui avait fini son tour de garde avant lui avait déposé le manteau de fourrure des gardiens sur un arbre à proximité.

Le Rav hésita : il se demanda s’il pouvait ou non prendre le manteau suspendu sur l’arbre. D’un côté, il faisait un froid terrible, -20 degrés. D’un autre côté, il est interdit de se servir des arbres le Chabbath, et de prendre de l’arbre un objet qui y est suspendu. Mais il s’agissait ici d’un cas de Pikoua’h Néfech, de danger de mort ! Passer deux heures sans manteau à une température de -20 degrés ? C’était un vrai danger de mort.

Finalement, le Rav décida : il est vrai que deux heures, c’est trop, mais il est capable de tenir le coup 5 minutes sans manteau ? Oui. Dans ce cas, il attrapera le manteau suspendu sur l’arbre dans 5 minutes. Cinq minutes s’écoulèrent et le Rav refit le même calcul : peut-il résister encore 5 minutes sans manteau ? Oui ! Alors, attendons encore cinq minutes. C’est ainsi que 5 minutes s’écoulèrent, puis cinq de plus, jusqu’à ce que finalement deux heures passèrent et le tour de garde du Rav se finit. »

« Quel enseignement pouvons-nous retirer de cette histoire ?, conclut le Rav Fanger. Il t’est difficile d’observer tout un Chabbath ? Respecte-le pendant cinq minutes. Tu en es capable pendant cinq minutes, n’est-ce pas ? Alors pourquoi pas ? Il t’est difficile de porter un Tsitsit toute la journée ? Porte-le cinq minutes. Ce que tu peux, fais-le ! »

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Autre idée issue des enseignements du Rav Fanger : « Il y a un an et demi environ, on a fait une émission sur moi à la deuxième chaîne de télévision. Le présentateur qui m’a interviewé était ‘Haïm Etgar, il est venu chez moi avec toute une équipe et est resté pendant trois heures pour s’entretenir avec moi, prendre des photos, etc. 

Au bout de deux heures, il me dit : "Fanger, ne t’emporte pas contre moi, mais explique-moi juste : pourquoi tu es ‘Harédi (orthodoxe) ? Viens chez nous à la deuxième chaîne, je peux faire de toi une célébrité. Entre dans cet univers, apprends à connaître la vie kiffante." 

Je lui répondis : "Haïm, j’ai du respect pour toi. Tu viens sans doute du monde universitaire ? Moi aussi, je viens de là. Je ne prétends pas avoir toutes tes connaissances, mais je suppose que j’en connais une grande partie. En revanche, tout ce que j’ai appris depuis des années d’étude de la Torah, tu n’en es pas familier. C’est le problème. Les connaissances !"

Lorsque tu veux te rapprocher de quelque chose, il faut le connaître. En particulier lorsqu’on parle de l’accomplissement des Mitsvot et de l’étude de la Torah.

J’ai entendu un jour le Rav de Saviyon expliquer : Moché Rabbénou dit à Pharaon : "Laisse partir Mon peuple… pour qu’il Me serve ». C’était le cri d’alarme des Bné Israël en Egypte. Aujourd’hui, notre appel, c’est : "Apprends à connaître Mon peuple". Qu’ils s’instruisent ! S’ils connaissaient l’importance d’observer les Mitsvot et d’étudier la Torah, tout le monde accourrait pour écouter des cours de Torah et accomplir les Mitsvot. »

A’hénou, traduit par Torah-Box