L'engagement est la condition de base pour la réussite d'une relation. Sans lui, l'expérience s'arrêtera à la fin de la phase romantique, lorsqu'il s'agira de construire consciemment une relation. Les enjeux d'une relation ont des raisons si profondément ancrées dans le passé, que cette aventure demande du courage et de la persévérance. L'engagement en est la garantie.
 
Y a-t-il encore de nos jours une expérience qui nous offre une pareille chance pour apprendre à nous engager librement ? Notre monde contemporain nous enseigne de plus en plus à accepter le provisoire, l'éphémère. Les entreprises florissantes se construisent sur un objectif à court terme, appelé rendement. Nos nouvelles technologies, à peine sont-elles sur le marché que déjà, il faut songer à la prochaine vague. Notre société nous demande d'être de plus en plus souples et de pouvoir nous adapter rapidement, de changer de lieu de travail, d'habitudes, de culture. Celui qui aujourd'hui n'est pas capable de s'adapter, pour repartir dans une autre direction, ne peut plus espérer faire partie des élus.
 
Sans vouloir préjuger du bon ou du mauvais, cette nouvelle culture induit des réflexes et des nouveaux comportements. On ne s'attarde plus si quelque chose ne marche pas, on change d'objectif, ou l'on change la donne.
 
Le mariage, ou la relation de couple, est une expérience difficile, car il nous confronte à nous-même. Il nous offre la possibilité de découvrir la vérité à notre sujet. Et il le fait rarement avec ménagement, ce qui, pour beaucoup est un suprême affront car d'une part, la vérité à notre sujet peut-être douloureuse et d'autre part, elle nous oblige à faire tomber nos masques qui nous cachaient apparemment si bien jusque-là. Le choix de rester dans cette expérience peut s'avérer difficile pour celui qui n'a du mariage que des modèles d'échecs et pour qui le bonheur devait être à portée de main. S'engager dans une relation, c'est prendre l'engagement minimum de rester le temps de la transformation de notre partenaire et de nous-même. S'engager dans la relation, c'est offrir à un autre être la garantie que grâce au lien que nous allons créer, il retrouvera toute son entièreté.
 
Cette invitation à participer à la transformation de notre partenaire est la plus grande chance qui nous soit offerte de participer à la guérison du monde. Ce dernier ne pourra évoluer favorablement que si chacun participe individuellement à cette tâche. Si nous arrivons un jour à remplacer les conflits, les luttes de pouvoir, la violence dans les couples par de l'empathie, de la compréhension, alors un grand chemin aura été fait. Les premiers bénéficiaires seront nos enfants, car ils baignent en permanence dans cet espace dont nous avons la responsabilité.
 
Ils ne peuvent pas faire autrement que de subir, absorber, intégrer nos modèles, nos comportements, l'énergie que nous créons. Si par contre, ils réalisent que nos conflits nous amènent à plus de tolérance, plus d'amour, alors ils sauront eux-mêmes trouver le bon chemin. Spontanément et naturellement, nos enfants ne veulent pas d'un climat de guerre. Ils veulent la joie, le lien, l'entièreté.
 
Les enfants élevés dans un climat de menace permanente finissent par s'adapter. Par la suite, ils vont rechercher ce genre de climat, car ils le connaissent et savent comment se comporter pour survivre. Mais ils ne savent pas comment faire pour simplement vivre. C'est-à-dire exprimer de la manière la plus joyeuse et la plus vivante leur nature d'enfant : ils l'ont perdue très tôt.
 
C'est pourquoi, s'engager dans la relation, c'est oser prendre le risque de vivre. Vivre, c'est laisser de côté les petits comptes d'apothicaire qui consistent à calculer le bénéfice escompté de chacun de nos actes dans la relation. S'engager, c'est dissoudre la fusion, c'est prendre une responsabilité, c'est manifester l'existence d'un Moi authentique. S'engager dans la relation, c'est s'ouvrir et ouvrir à notre partenaire la porte vers la différenciation.
 
Le non-engagement est la preuve d'un manque de maturité, car derrière cette neutralité, se cache un petit enfant à la recherche du bien-être océanique, de cette époque nostalgique et révolue où le futur homme nageait encore dans les eaux chaudes et rassurantes du ventre maternel.
 
Il est temps de prendre ce risque, surtout si le salaire s'appelle éveil et guérison du partenaire. Si cette promesse ne suffit pas à prendre le risque, alors posons-nous la question du bien-fondé d'une relation quelle qu'elle soit.
 
Souvent les gens me demandent quel est le pourcentage de réussite avec les couples qui pratiquent les dialogues conscients. Je ne connais pas de statistiques officielles, mais ce que je sais, c'est que les couples qui s'engagent s'offrent une chance réelle de réussir leur relation, alors que les couples qui ne prennent pas cet engagement au sérieux mettent dès le début leur relation en danger. S'il n'y a pas d'engagement réel, il n'y a pas de possibilité de cheminer vers la libération, car malgré les promesses qu'offre la méthode, à la première difficulté, les comportements de fuite emporteront le tiède au galop. Personne ne sera là pour rester garant de cette relation.
 
Malheureusement, trop de gens renoncent à cet engagement, ce qui se comprend en regard de leurs blessures. Ce qui me chagrine le plus, c'est de voir que très souvent une personne est prête à s'engager dans l'expérience, alors que l'autre reste sur le bord du rivage, malgré l'espoir réjouissant des premiers exercices en couple. Comme si la peur de sortir de leurs vieux comportements était plus forte que la joie d'imaginer un avenir heureux, complice avec l'être qu'ils chérissent.
 
Engagez-vous, la réussite de notre engagement dépend du vôtre, Hachem portera haut ce drapeau qu’est le Chalom qui n’est rien d’autre que Son propre Nom !