Lors d'une séance de Chalom Bayit (thérapie conjugale), l’épouse stoppa la conversation pour dire : "Franchement, je ne comprends pas de quoi mon mari se plaint. Alors même que je travaille, quand il rentre le soir, il trouve la maison propre, le repas est servi, les enfants sont douchés et leur devoirs terminés. Il n'a plus qu'à mettre les pieds sous la table. Vous vous rendez compte avec tout ce que je fais pour lui, il n'est pas satisfait !"

"Mais vous, êtes-vous satisfaite de tout ce que vous faites pour lui? Avez-vous de la Simha (joie) à le faire ?"

Sa réponse fut sans appel :

"Vous plaisantez ? Comment peut-on éprouver de la joie dans les tâches ménagères ? Où est le plaisir de rester des heures à faire les devoirs avec ses enfants ou de leur courir après pour qu'ils aillent au lit ? Quand je peux enfin me détendre, mon mari rentre et je dois de nouveau faire le service."

Comme cette dame, nous serions tentées de croire qu'assumer nos responsabilités domestiques suffit à nous rendre dignes de louanges. Après tout, après une journée de travail, nous courons de gauche à droite pour faire les courses, le ménage, la cuisine, préparer le chabbat et nous occuper de nos enfants.
Rien que pour la liste que je viens d'énumérer, nous mériterions bien une banderole accrochée au mur avec la mention "Bravo ma femme, tu es la meilleure" sauf que dans les faits, nous entendons plus souvent: "tu n'as pas oublié le sel ?"

De ce décalage naissent nos premières frustrations et les prémices d'une mauvaise entente conjugale...
 

L'ingrédient magique

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, cette situation ne reflète pas une injustice et si Hachem nous a mis sous la 'Houpa avec ce garçon, c'est bien pour se travailler et nous permettre de progresser. Pour cela, il faut se demander pourquoi fais-je tout cela ?

Si mes actes sont motivés par le désir de renvoyer l'image d'une "femme parfaite", une sorte de "wonder woman" en jupe longue, alors chacune des réflexions de mon mari me rendra amère car elles ne feront qu'appuyer ma blessure narcissique.

En revanche, si mon objectif est de le rendre heureux et de faire mon maximum pour qu'il se sente bien, je n'éprouverai pas le besoin d'être valorisée en permanence. Mieux, j’utiliserai chacune de ses remarques pour coller au plus près de ses souhaits, afin que nous devenions toujours plus proches.
Bref, pour une même action, la première femme détruira son Chalom Bayit quand la seconde le fortifiera.

Une différence majeure les sépare : la joie ! Cet ingrédient magique ! Cette énergie positive qui modifie profondément la nature de nos actions.

La Torah elle-même nous met en garde contre les risques considérables d’accomplir les commandements sans joie. Au point que certains Sages considèrent la joie permanente comme un des préceptes les plus importants !


La Joie transforme nos actes

Imaginez que demain vous deviez vous rendre à l'aéroport. Vous contactez votre meilleure amie pour qu'elle vienne vous chercher à 4h du matin, ce qu'elle accepte de suite.
Le lendemain, elle arrive avec presque une demi-heure de retard et, pendant tout le trajet, elle ne cesse de répéter qu'elle est fatiguée, que vous exagérez de la déranger à une heure pareille et qu'il est préférable la prochaine fois que vous preniez un taxi...
Quel sera votre sentiment une fois descendue de sa voiture ?
Certainement de la colère ou de l’amertume. Vous vous demanderez pourquoi elle a dit oui pour râler ensuite. Peut-être même que vous n'aurez plus envie de la rappeler ou, pire, de la compter parmi vos amies.
Pourtant, elle est gentille et vous a bien rendu service ?

Sauf que son action était dénuée de Joie ! Et en agissant sans Sim'ha, elle a même remis en cause ce qu'elle possédait, à savoir votre amitié.

Évidemment, la réciproque s'applique au couple.
Si à chaque fois que nous nous occupons de notre foyer, nous nous plaignons ou nous critiquons notre conjoint, notre Mitsva se transformera en 'Avéra (faute) car nos remarques engendreront de la colère, de la rancune ou, plus encore, de la haine. Au lieu de construire, nous aurons détruit.

Pour remédier à ce problème, profitons des fêtes de Souccot, appelées fête de nos joies par la Torah, pour travailler ce trait de caractère.

Au lieu de se plaindre des nombreux plats à préparer, des aléas climatiques et de la fatigue engendrée par les fêtes, concentrons-nous sur la joie d'être tous réunis en famille, des plaisirs entre amis mais surtout au bonheur d'être protégés, comme aux temps des nuées de gloire, par notre Créateur.