L'agressivité chez les enfants est l'un des problèmes qui préoccupent le plus les parents. Pourquoi ?

Peut-être parce que nous ne comprenons pas toujours pourquoi cela se produit et avons peur que notre enfant devienne un enfant "violent". Peut-être que les expressions agressives sont fortes et peuvent nous effrayer, et peut-être parce que cela peut parfois nous amener à des réactions émotionnelles qui ne correspondent pas toujours à la façon dont nous aimerions réagir avec nos enfants.

 Alors pourquoi les jeunes enfants sont parfois agressifs?

Dans les premières années de la vie d'un enfant, le cerveau n'est pas encore complètement développé. Ce qui signifie que les enfants n'ont pas encore la capacité de complètement se contrôler ou de comprendre rationnellement pourquoi il ne faut pas frapper. Ils ne peuvent pas gérer leurs sentiments (ce que nous appelons dans le langage professionnel - l'autorégulation). Lorsqu'une envie de frapper surgit (par exemple quand l'enfant est vexé ou se sent rejeté par un copain), l'enfant a du mal à s'empêcher de frapper. En tant qu'adultes, nous avons nous aussi des frustrations et des impulsions agressives, même envers nos propres enfants à certains moments, mais parce que nous nous souvenons que nous les aimons et que nous ne voulons pas leur faire de mal, nous sommes capables de modérer l'envie et de la contrôler.

Les enfants jusqu'à l'âge de 5-6 ans (même plus tard chez les enfants hypersensibles), n'ont pas cette capacité, certainement pas lorsque les émotions sont très fortes.

Deux réactions courantes, qui sont moins conseillées, des parents à l'agressivité de leurs enfants :

  1. Explications rationnelles

Nous avons tendance à penser que le cerveau des enfants fonctionne comme celui des adultes. Que si nous leur expliquons encore et encore, ils finiront par se contrôler. Le problème est, comme mentionné, que l'esprit immature fonctionne à partir d'impulsions et d'émotions et non à partir d'une compréhension rationnelle. Même si on a un enfant très intelligent et qui, quand on lui parle, a l'air de comprendre et promet de ne plus recommencer, il ne pourra pas tenir sa promesse.

  1. Ignorer, éloigner ou utiliser des menaces et des punitions

La chose la plus importante pour un enfant est d'avoir un lien proche avec un adulte important dans sa vie (ses parents).

Lorsque nous nous éloignons ou les ignorons, lorsqu'ils sont frustrés ou agressifs, nous leur transmettons que notre présence et notre amour sont conditionnés par leur comportement. Ce qui crée chez certains des enfants une peur qui les pousse à s'arrêter de frapper, et puis il nous semble que "notre punition a fonctionné" mais nous avons créé la peur chez l'enfant. Chez certains enfants, la distance physique et émotionnelle par rapport à eux, juste quand c'est difficile pour eux émotionnellement, les rend encore plus frustrés et agressifs.

 Alors quoi faire ?                 

  1. Rappelez-vous que le comportement n'est qu'un symptôme

Surtout dans les moments difficiles, essayez de garder à l'esprit que, sous l'agression, il y a un enfant qui a mal. Il ne le fait pas exprès et il ne vérifie pas les limites.

Il est en détresse, incapable de se contrôler, et la dernière chose dont il a besoin est que nous réagissions à son comportement et que nous nous fâchions contre lui.

  1. Au lieu de l'empêcher d'exprimer sa frustration, aidez-le à la décharger d'une manière acceptable

Il est permis de ressentir toutes les émotions, mais il faut savoir les exprimer. Et ici, nous avons un rôle important en tant que parents.

Lorsqu'un enfant est en colère/frustré, au lieu de lui dire d'arrêter d'être en colère, vous pouvez lui proposer d'exprimer sa colère d'une manière acceptable comme par exemple dessiner fort sur une feuille, déchirer des papiers, aller dans sa chambre et crier très fort, mettre de la musique forte et danser et sauter, monter et descendre des escaliers, etc... La frustration doit sortir du corps et c'est le moyen d'aider un enfant qui ne peut pas se réguler à la libérer sans blesser personne.

  1. N’essayez pas d'éduquer pendant la colère de votre enfant

Un enfant qui est dans une tempête émotionnelle  n'est pas libre d'écouter ce qu'on  a à dire. Ce n'est qu'après le passage de la tempête, que tout le monde s'est calmé, que l'on peut parler de la situation. Même si ça doit attendre le lendemain, nous n'avons aucune obligation de réagir vite et immédiatement auprès de nos enfants. C'est ce que nos Sages appellent : Ne cherche pas à raisonner ton ami en pleine colère (Avot 4,18). L'éducation en pleine colère est inutile voire néfaste.

  1. Développer de l'empathie chez vos enfants

L'empathie commence à se développer vers l'âge de trois ans et s'établit à l'âge de cinq ans. Nous pouvons aider notre enfant à apprendre ce que les autres ressentent lorsqu'il les blesse. L'empathie aidera l'enfant à essayer de trouver plus d'alternatives pour répondre à ses amis dans les moments de frustration ou de colère.

Et maintenant parlons de nous :

Lorsque notre enfant frappe, nous sentons que nous avons échoué en tant que parent. Nous avons peur qu'il devienne une personne violente. Souvent, il y a aussi la pression de l'école ou du jardin d'enfants et des étiquettes sont placées sur l'enfant : "enfant à problèmes", "hyperactif", "violent". C'est difficile pour nous et pour notre enfant.

Rappelez-vous encore, la violence est une forme d'expression d'un enfant qui a des difficultés. Aidez-le à comprendre ses sentiments et apprenez-lui à les exprimer de manière adaptée.