« Maman, signe-moi ce petit mot ! » me demande Nétanaël, les joues toutes rouges. Il me lance un regard qui en dit long. J’embrasse son front.

Je prends un air sérieux et lui demande ce qu’il s’est passé.

Je n’ai pas besoin d’approfondir mon enquête, car les lettres du mot du professeur en rouge sont déjà fort explicites.

Je lève les yeux vers lui et lui demande :

-      « As-tu frappé ? »

-      « C’est Guédalia… Ce n’est pas moi ! Je lui ai donné une petite tape, mais tu ne sais pas pourquoi ! » Il me montre une vilaine égratignure au coude avec des larmes aux yeux.

« Il m’a fait beaucoup saigné. Je l’ai poussé. Il n’a qu’à me laisser tranquille et ne pas me frapper… C’est à ce moment que le professeur est entré dans la classe puis a rédigé ce mot.

-      « A-t-il vu le sang ? » Je veux mieux comprendre l’histoire.

-      « Bien sûr, il y avait même des traces de sang sur le sol. »

-      « A-t-il cherché à savoir ce qui c’était passé ? »

-      « Non ! »

-      « Lui as-tu raconté ? »

-      « Oui ! »

-      « Qu’a-t-il dit ? »

-      « Rien, il a seulement rédigé le mot que tu as lu ! »

-      « Guédalia a-t-il reçu aussi une punition ? »

-      « Pas du tout ! Le professeur lui a offert une sucette pour qu’il cesse de pleurer ! »

Je prends une profonde inspiration… Je pense à cette injustice. Le sang de Guédalia est plus rouge que celui de mon fils ? Pourquoi le professeur sévit sans avoir tous les éléments en main ?

Je l’embrasse et lui murmure :

  • « Tu as raison, mon chéri, tu as raison, tu as subi une punition injustement ! »

Il essuie ses larmes et s’en va d’un pas léger en direction de sa chambre pour jouer.

Je pense en mon for intérieur, avec un pincement au cœur :

« J’espère qu’il ne sera pas traumatisé par cette histoire ! Ce professeur n’est vraiment pas à la hauteur ! »

Je me confie à mes sœurs, qui ajoutent de l’eau à mon moulin, en me disant que les professeurs ne sont plus ce qu’ils étaient…

« Ils arrivent en classe déjà nerveux et aspirent au silence ! » finis-je par dire à mes sœurs qui me donnent leur entière approbation.

Le soir, j’en parle à mon mari.

Nétanaël se tient au seuil de la porte de la cuisine et dresse ses oreilles. Je suis contente d’avoir l’occasion de renforcer sa confiance en lui.

  • « Cet enseignant est loin de savoir éduquer, je ne signerai pas ce mot truffé de mensonges… Téléphone-lui et explique-lui une fois pour toutes ce que nous pensons de lui et de ses punitions. »

« L’effronterie grandira » ont prophétisé nos Sages à propos de l’époque précédant le Machia’h (Traité Sota 49). « Les jeunes gens feront honte aux personnes âgées. Les vieux se tiendront debout devant les jeunes. Le fils déshonorera son père et la fille s’insurgera contre sa mère. »

A la place d’un respect envers les parents et les anciens, la génération actuelle se caractérise par une critique acerbe sur les enseignants, parfois même sur les Sages !

Les enfants se laissent influencer par ce que leurs parents pensent des professeurs et les conséquences sont évidentes : les enfants auront une attitude similaire, ils ne pourront plus écouter les enseignants et les Grands de la génération ni apprendre d’eux.

Lorsque la mère contredit avec conviction l’opinion de l’enseignant ou du Machguia’h, elle place des embûches sur le chemin de ses enfants, personne ne pouvant imaginer la portée destructrice de ses paroles.

Un manque de coopération de la part des parents oblige la direction à user de moyens plus sérieux pour obtenir la discipline. En réponse aux attaques parentales répétées, l’enfant peut même être renvoyé de l’école.

C’est alors que les parents se mettent en guerre et font savoir à qui veut l’entendre ce qu’ils pensent du directeur et de l’école.

Le principal perdant de toute cette histoire est l’enfant lui-même qui apprend à faire ce qu’il veut et à dédaigner les professeurs et les Rabbanim.

Alors comment doit-on agir ? Devons-nous être toujours au diapason du cadre scolaire ? N’avons-nous pas le droit d’exprimer nos opinions ?

N’est-ce pas dans nos prérogatives en tant que parents de mettre au clair ce qui convient ou non à notre enfant ?

En premier lieu, il faut montrer à l’enfant que nous sommes du côté du professeur pour qu’il accepte son autorité.

Cette confiance est fondée sur l’axiome de base qu’a priori, l’enseignant aime ses élèves et ne désire que leur bien.

De même que les parents ne se trompent pas toujours lorsqu’ils veulent éduquer leurs enfants, le professeur aussi ne se trompe pas entièrement.

Dans un deuxième temps, il est conseillé de discuter avec l’enseignant tranquillement pour comprendre l’événement et pour trouver ensemble la façon de résoudre le problème, sans mettre l’enfant au courant.

Les parents doivent avoir en tête qu’une réaction violente de la part du professeur et même un coup n’atteignent pas de façon irréversible l’âme de leur enfant.

Il est d’ailleurs possible que l’enfant ait franchi la ligne rouge et se soit vraiment mal comporté.

Même à la maison, l’enfant a conscience que lorsqu’il dépasse les limites, ses parents réagissent immédiatement et sortent parfois de leurs gonds pour désapprouver son acte.

Un foyer qui respecte les institutions habitue leur enfant à honorer ses maîtres et ses enseignants et à répondre à leurs exigences.

Ils accepteront leur autorité, porteront le joug du Ciel puis celui de leur famille. Si l’enfant est habitué à faire tout ce qui lui vient à l’esprit, que deviendra-t-il ?

Outre la Mitsva d’honorer ses professeurs, chaque foyer doit inculquer à ses enfants le devoir de respecter les parents et de préserver leur statut à tout prix.

Si les parents renoncent à leur respect, l’enfant peut devenir ingrat envers autrui puis envers D.ieu, ainsi que nous ont mis en garde nos Sages.
 

Rav ’Haïm Pin’has Scheinberg avait l’habitude de questionner chaque enfant : « Que doit-on faire quand papa rentre à la maison ? » Si l’enfant ne le savait pas, il lui enseignait la Halakha de se lever devant son père…

Le fait de se lever devant ses parents permet à l’enfant de s’annuler totalement devant eux, d’accepter leur autorité. C’est ce qui leur permettra plus tard, avec l’aide de D.ieu, de progresser et de prendre sur eux le joug divin.

Le respect mutuel entre le père et la mère est essentiel, leur relation étant comparée au « Saint des saints. » Pour que les enfants puissent honorer leurs parents, il ne faut pas montrer de nombreuses divergences d’opinions. S’ils perçoivent les divergences de leurs parents, ils ne pourront pas accepter leur autorité.