Connaissez-vous cette sensation quand vous vous trouvez dans une montagne russe, juste avant que l’attraction ne démarre ? Vous êtes bien accrochés, et là, le wagon démarre… et vous commencez à avoir très peur. En fait, si je devais résumer ce que nous vivons ces derniers temps en Israël, c’est un peu cette sensation. Chaque soir, avant d’aller dormir, on est informés que l’Iran va probablement lancer des missiles contre Israël. Là, on se retrouve dans le siège de la montagne russe et on commence à appréhender. Mais, tout comme dans une montagne russe, toutes les mesures de sécurité ont été prises et on ne risque rien. On sait que, durant ces moments de terreur où des missiles pleuvent sur Israël, Hachem nous protège. Et tout ce qu’il faut faire, c’est nous en remettre à Lui…

Depuis ce fameux jeudi soir où Israël a attaqué l’Iran (petit rappel : une frappe préventive contre ce monstre qui souhaitait développer et utiliser l’arme nucléaire contre l’État hébreu), nous, les Israéliens, devons jongler entre plusieurs états d’âme. Je crois qu’à mon petit niveau, je commence à comprendre cette image que donnent nos Sages concernant la fin des temps : c’est comme si nous nous accrochions à une corde, et que cette corde était secouée très fort. Nous devons tâcher de ne pas nous laisser impressionner par les secousses et continuer à nous y accrocher. Et c’est bien ce qui se passe : messages d’avertissement, alertes, abris, notifications, les boum que l’on entend… Nous sommes constamment en veille, constamment secoués. À cela viennent s’ajouter les tristes nouvelles de soldats tombés au combat. Et on ne peut pas ne pas penser aux otages. Bref, les secousses arrivent dans tous les sens !

Cette guerre, on ne peut pas la supporter sans la Émouna (foi). Et c’est précisément ce point que nous devons renforcer. Il faut tenir. S’accrocher fort, fort à cette corde. Crier à Hachem que ça suffit, tout comme nos ancêtres en Égypte ont crié.

Bien sûr, cette guerre n’est pas que secousses. Elle nous permet aussi de voir la Main d’Hachem comme il nous a rarement été donné de la voir. Des miracles se produisent chaque jour : cette maison complètement dévastée par un missile, à l’exception de sa bibliothèque contenant des livres saints ; cette table de Chabbath restée intacte alors que tout le reste de l’appartement a été ravagé par la force d’un missile ; ces personnes qui ont la vie sauve alors que leur immeuble s’est effondré… et sans doute le plus impressionnant : comment un petit État parvient à déstabiliser cet immense Iran.

Pour reprendre l’image de la montagne russe : nous sommes dans les loopings. Ça fait peur, mais en même temps, c’est excitant. L’adrénaline monte. On sait que l’attraction finira bien par s’arrêter et qu’on redescendra sain et sauf pour accueillir Machia’h. C’est pareil : la garantie de revenir sain et sauf, c’est le fait de s’accrocher à Hachem. De prier. Ce sont nos Téhilim, nos veilleuses…

En hébreu, la peur se dit פחד (Pa’had), composée des lettres פ, ח et ד. Lorsqu’on les lit dans l’autre sens, cela donne דחף (Da’haf), qui signifie « poussée ». La peur nous pousse. Elle nous stimule. Non pas pour nous enfermer dans l’angoisse ou nous amener à consulter les news toutes les 3 minutes, mais pour la sublimer en prière, en confiance en Hachem.

Alors oui, on continue de sursauter à chaque sirène, bruit inhabituel, boum… c’est naturel. Mais on sait que tout ceci est orchestré par le Maître du Monde et qu’Il ne veut que notre bien. Il est écrit dans Vayikra (26: 44) qu’Hachem ne laissera jamais tomber Son peuple. Nous avons cette garantie. C’est notre ceinture de sécurité, notre assurance que les loopings ont une fin — et qu’elle est en notre faveur. Bien sûr, il y a des moments où c’est plus facile de dire ces paroles que de les vivre, mais il faut se les répéter pour tenir et pour grandir. Chaque jour où l’on se renforce en Émouna, c’est comme si on augmentait de niveau.

Ce n’est pas pour rien si la chanson la plus populaire en Israël depuis Roch Hachana est la chanson “Tamid ohev oti”. Littéralement, elle dit : “Hachem m’aime toujours et je n’aurai toujours que du bon, et encore mieux, et encore mieux…” Je le prends comme un clin d’œil du Ciel, un message qui passe par la musique : le meilleur reste à venir. Et nous ne devons jamais perdre de vue que Celui qui nous envoie les secousses, c’est notre Père — et qu’Il ne veut que notre bien…