Je suis persuadée que vous avez aperçu maintes fois, et, ce, en toutes occasions, une femme juive portant un foulard ou une perruque. Mais d’où vient cette Halakha ? D’où est-elle issue et quelles sont les sources de la Torah indiquant de suivre une telle pratique ? Ce sujet est de la plus haute importance, puisqu’il affecte la femme juive dans sa vie quotidienne, et mérite donc que l’on s’y penche.

Le concept de Sota

La première source traitant de cet enjeu est le ‘Houmach dans Bamidbar 5, qui discute du phénomène d’une femme Sota. Une Sota est une femme suspectée d’infidélité par son mari. Si, après avoir été découverte avec un autre homme que son mari, la femme reçoit un avertissement de la part de ce dernier et l’ignore, elle peut soit boire des « eaux amères » afin de prouver sa fidélité, soit divorcer. Boire des « eaux amères » inclut une procédure humiliante lors de laquelle la femme en question doit se découvrir la tête en public. Puisque le fait de découvrir la tête d’une femme mariée est considéré comme un acte dégradant et rabaissant, nos ‘Hazal en déduisent qu’une femme juive a l’obligation de se couvrir la tête en public.

Cependant, le ‘Hatam Sofer dans le Or Ha’haïm (Numéro 36) va plus loin en disant que « nos ancêtres, en toutes circonstances, ont adopté cette pratique; il s’agit d’un concept halakhique à part entière et qui est obligatoire ». Ainsi, la femme a l’obligation de se couvrir la tête entièrement en toutes circonstances.

Le mérite que détient une femme qui se couvre la tête en bonne et due forme est colossal. Nous pouvons constater ce phénomène par l’histoire de Kim’hite, que le Talmud relate dans le traité Yoma (47a). Cette femme observait cette Mitsva scrupuleusement et veillait même à ce que les murs de sa maison n’aperçoivent ses cheveux en aucun cas ! Elle fut récompensée par sept fils qui furent nommés Kohanim (Grands-Prêtres). Il faut préciser que ce niveau de modestie est honorable, mais qu’il n’est pas requis. Il s’agit d’une ‘Houmra (une mesure de piété).

Le sens

Maintenant que nous avons établi les sources qui abordent cet enjeu, il est de mise de se pencher sur le sens de se couvrir la tête. La chevelure d’une femme devient sacrée lorsqu’elle passe sous la ‘Houppa et le statut de cette dernière change. En effet, la raison pour laquelle les cheveux d’une femme doivent être couverts repose sur le fait qu’elle réserve sa chevelure seulement pour son mari et non pour les autres hommes. En se couvrant la tête, la femme affirme qu’elle n’est pas disponible, que la beauté qu’elle possède est exclusive à son mari. Par surcroît, le couvre-chef constitue une barrière psychologique entre une femme et des étrangers. Celle qui se couvre la tête sait pertinemment qu’elle est prise. Sa beauté est visible, mais cependant inaccessible.

Perruque ou foulard ?

Maintenant que nous avons discuté des sources traitant des raisons pour lesquelles une femme juive doit se couvrir la tête ainsi que du sens de cette pratique, il convient de se pencher sur les deux manières dont cette dernière peut le faire : la perruque ou le foulard. Ces deux options font l’objet de divergences d’opinion entre Séfarades et Ashkénazes, ainsi que d’un débat houleux au sein du monde juif orthodoxe en général.

Le foulard constitue bien évidemment la façon la plus traditionnelle de se couvrir la tête, et, ce, depuis l’époque de la Guémara. Rav Ovadia Yosef, l’un des plus grands Posskim (décisionnaires) du monde Séfarade, était strictement opposé à la perruque et interdisait fermement son port, puisqu’il jugeait que porter une perruque manquait de modestie. Par ailleurs, selon lui, si une femme porte une perruque, le fait qu’elle se couvre la tête n’est pas si évident, et elle risque donc d’être convoitée par d’autres hommes que son mari. Elle en viendrait ainsi à transgresser l’interdit de Lifné ‘Ivèr Lo Titèn Mikhchol (“Devant un aveugle, ne mets pas d’embûche”). De manière générale, le port du foulard est pratiqué par les femmes juives Séfarades, quoique plusieurs d’entre elles ont adopté le port de la perruque au cours des dernières années.

La perruque, quant à elle, est beaucoup plus récente. L’un des plus fervents défenseurs de ce couvre-chef fut le Rabbi de Loubavitch. Ce dernier a cherché à encourager les femmes à se couvrir la tête, en préconisant le port de la perruque. Dans un contexte américain où le judaïsme fut en danger, le Rabbi a cherché à contrer ce phénomène en motivant les femmes à se couvrir la tête et à rester fermes dans leur observance des Mitsvot. Le Rabbi a souligné que l’apparence de la femme lui était très importante, et donc le port de la perruque lui permettrait de se sentir confiante vis-à-vis de son apparence. Selon lui, cet élément serait décisif dans la décision de la femme de se couvrir la tête ou non.

En somme, ces deux avis font l’objet d’une controverse au sein du monde orthodoxe, et une femme qui ne sait pas quelle option choisir doit consulter son autorité rabbinique.

Pour conclure, à propos de l’importance de se couvrir la tête, il est écrit dans le Midrach qu’une femme qui veille à le faire entièrement et en bonne et due forme aura le mérite d’avoir des enfants qui « brilleront comme l’olive ». L’olive peut être consommée fraîche ou cuite, elle fait partie de la haute gastronomie, et l’huile qui en est extraite est plus claire et vive que toutes les autres huiles. À l’instar des critères de l’olive, la femme qui est méticuleuse lorsqu’elle se couvre la tête aura le mérite d’engendrer plusieurs fils, certains versés en Torah orale, d’autres en Torah écrite et d’autres seront de grands hommes d’affaires qui gèreront leurs affaires conformément aux préceptes de la Torah. Par surcroît, les feuilles de l’oliveraie ne tombent pas de leur arbre en été comme en hiver, ce qui symbolise que sa descendance sera éternelle. Elle sera également la source de bénédiction matérielle pour toute sa famille.

Puissions-nous avoir la capacité et la Emouna (foi) de nous couvrir la tête comme la Torah l’exige, et ainsi mériter des enfants vertueux et érudits en Torah !