"Et Sarah mourut a Kiryat Arba, qui est ’Hévron, dans le pays de Cana'an, et Avraham vint pour prononcer l’éloge funèbre de Sarah et pour la pleurer” (chap. 23, verset 2). Le mot pleurer, en hébreu ”Vélivkota” est écrit avec un petit “Kaf”. Le Ba'al Hatourim explique cela en disant que Sarah a engendré elle-même sa mort au moment où elle évoqua le jugement divin contre Avraham...

En effet, après avoir donné sa servante Hagar à son mari pour qu'elle puisse procréer, celle-ci se mit à mépriser sa maîtresse, ce qui lui provoqua beaucoup de souffrance. Sarah alla donc chez son époux en disant : "C'est de ta faute, quand tu as prié Hachem pour qu'Il te donne un enfant, tu n'as prié que pour toi, tu aurais dû prier pour nous deux et j'aurais conçu” [1]. Et elle ajouta ces paroles qui lui coûtèrent la vie : "L’Éternel prononcera entre toi et moi" [2].

La vie et la mort sont au pouvoir de la langue

Est-il imaginable que Sarah Iménou, une femme tellement juste, ait mis terme à sa vie à cause de la profération de quelques mots ? Et bien, c'est exactement ce que vient nous enseigner le Ba'al Hatourim : lorsque nous parlons, nous créons une réalité !

La parole est la force qu’a utilisée l'Éternel pour créer le monde, comme il est écrit : ”Par dix paroles le monde a été créé” [3]. Le roi Salomon nous dit également : ”La vie et la mort sont au pouvoir de la langue”.

Dans le Midrach est rapportée une histoire tragique qui vient prouver combien la parole a un impact immense même au niveau de l'interprétation d'un rêve. Il s'agit d'une dame qui s'est rendue chez Rabbi Eliézer et lui a dit : "J'ai vu dans mon rêve que les poutres de ma maison se sont effondrées". Rabbi Eliézer lui répondit : ”Tu enfanteras un garçon avec l'aide de D.ieu”, et c'est exactement ce qui s'est passé, elle mit au monde un garçon.

Quelque temps plus tard, elle fit encore le même rêve, retourna chez Rabi Eliézer et voilà qu’il lui répète : ”Tu enfanteras un garçon” et grâce a D.ieu c’est ce qui se passa. Et voilà qu’elle fit pour la troisième fois le même rêve et se précipita chez Rabi Eliézer qui cette fois-ci n'était pas à son endroit d'étude.

Quand les élèves du Rav virent cette dame chercher leur maître, ils lui demandèrent de quoi elle avait besoin et elle se mit à leur raconter son rêve : ”Les poutres de ma maison se sont effondrées” et voilà qu’ils prononcèrent les mots fatals : ”Vous allez enterrer votre mari”. À la suite de ces paroles, elle explosa en sanglots et juste à ce moment-là, arriva Rabbi Eliézer. Il se tourna vers ses élèves et les questionna : « Pourquoi pleure-t-elle ? ». Après avoir écouté leur réponse, il affirma : "Par vos paroles, vous avez tué son mari” [4]. 

Le secret de l’éducation : fermer les yeux sur les faiblesses et les ouvrir sur les forces !

Prendre conscience des conséquences négatives de mauvaises paroles nous mettra sur la voie de la construction en prenant la décision de bien parler et d'éviter le plus possible les mots destructeurs.

Par exemple au lieu de dire : "Quelle chambre désordonnée ! Combien de fois t’ai-je dit de ne pas jeter tes vêtements par terre, tu ne changeras jamais !", on choisira de dire : “Il sera tellement agréable pour toi d'être dans une chambre ordonnée. Je suis sûre que cela ne te prendra pas plus de dix minutes pour tout ranger !”

Essayons d'analyser le contenu de ces phrases :

Dans la première, on pointe le doigt sur le négatif : "chambre désordonnée"

“Combien de fois je t'ai dit”: cette tournure décourage l'enfant puisqu’il prend conscience de son "côté" désordonné ; de cette manière on abîme son image de soi et on le convainc que c'est chez lui un trait de caractère et donc une partie intégrante de lui-même.

“Tu ne changeras jamais !” : on lui confirme qu'il est incapable de changer. Ces mots le paralysent et l'empêchent d'essayer de s'améliorer.

Il faut savoir que la critique n'a rien d’éducatif. Elle ne fait que détériorer le comportement de l'enfant. Il vaut mieux se taire, le laisser vivre dans une chambre désordonnée jusqu'à ce qu'il mûrisse et qu'il prenne conscience de lui-même de l'importance de l'ordre et de la propreté.

Par contre, le meilleur moyen d'obtenir des résultats est d'encourager l'enfant !

Dans le mot encouragement, en hébreu : « 'Idoud », se cache le mot « 'Od » qui signifie "encore". Lorsque l’on encourage, on rajoute des forces à l’autre. On le pousse vers le haut.

Dans la deuxième phrase : « Il sera tellement plus agréable pour toi d'être dans une chambre ordonnée, je suis sûre que cela ne te prendra pas plus de 10 minutes pour tout ranger ! ». On donne envie à l'enfant de faire des efforts sans le blesser ni le rabaisser. On fait passer un message de confiance : « Tu es capable de le faire ! »

Un enfant dans son jeune âge ne sait pas s'apprécier. C'est le regard que ses parents poseront sur lui qui construira chez lui son estime de lui-même. En reflétant à l'enfant ses réussites, ses capacités, ses qualités, nous l’aidons à façonner sa personnalité et lui donnons les ustensiles nécessaires pour sa réussite. Quand je dis "ses réussites", je parle bien évidemment des efforts qu'il a fournis et non du résultat.

Le rav Zamir Cohen, dans son livre : « Le guide complet pour l'éducation » nous dit quelque chose d'extraordinaire. Les encouragements qu'un enfant reçoit dans son enfance l’accompagneront tout au long de sa vie. Quand il sera adulte et traversera un moment difficile, il entendra au fond de lui les applaudissements de ses parents qui ont cru en lui, et qui lui ont montré qu’ils l’ont aimé malgré ses défauts et ses échecs.

Chacun de nous a besoin d'être accepté comme il est. Si nous voulons faire grandir notre mari et nos enfants, il est indispensable de développer un regard positif qui se traduira par des encouragements, des compliments, et de la reconnaissance.

Des mots comme « bravo, je vois que je peux compter sur toi » ou encore « cela fait 45 minutes que tu fais tes exercices, quel sérieux ! » arroseront nos enfants et leur permettront de passer les étapes sur le chemin de la réalisation personnelle.

Chabbath Chalom !

[1] Rachi (chap.16, verset 5)

[2] (Chap.16,verset 6)

[3] Pirké Avot

[4] Yalkout Chimoni