Avez-vous entendu ? Comme un murmure qui m’a fait tendre l’oreille. Pourtant je suis seule à la maison. Je suis sûre d’avoir entendu un bruit…

La fête est finie

Je réalise qu’il fait déjà sombre un peu plus tôt cet après-midi, je me décide à allumer les lumières et puis tiens, je frissonne un peu. Pour la première fois depuis longtemps, je referme les fenêtres en boutonnant mon gilet. Quelque chose me paraît différent mais je n’arrive pas à mettre le doigt dessus. Pourtant tout est calme…

Justement, c’est ça qui me surprend. Mais oui, l’été s’en va, emportant avec lui la fanfare des fêtes et laisse maintenant sa place au silence de l’automne et au mois de ‘Hechvan qui arrive, avec ses premières gouttes de pluie.

Un peu trop calme, ce mois de ‘Hechvan ? Pas pour moi ! Chaque année je l’accueille avec plaisir.

Pendant plusieurs semaines, toute la famille a vécu une parenthèse joyeuse, résonnant au rythme des prières et des rendez-vous avec Hachem. Nous avons profité des tablées joyeuses de Roch Hachana, vibré au son du Chofar de Kippour, animé des ateliers décoration pour habiller la Soucca...

Et le bouquet final de la joie fut sans doute Sim’hat Torah où nous avons dansé et chanté de tout notre cœur, petits et grands !

Clap de fin ! Les enfants reprennent le chemin de l’école, les réveille-matin retrouvent leur place dans les chambres. Les journées raccourcissent et tout le monde reprend le cours de ses activités.

La fin du mois de Tichri rime avec la rentrée des classes pour les enfants mais pour moi aussi avec pour tous des devoirs à faire : organiser la maison, faire les courses, trier les papiers, rencontrer les professeurs, terminer mes tâches professionnelles dans les temps, retourner à la salle de sport... Une nouvelle année qui démarre sur les chapeaux de roues. Et rien ne viendra troubler le temps de l’action.

 Comment ressentir Hachem au quotidien ?

Le seul événement notable est qu’à partir du septième jour de ‘Hechvan, on modifie notre prière quotidienne pour réclamer les premières pluies de la saison. C’est drôle, en hébreu le mot « pluie » (Guéchem) a la même racine que le mot « matérialité » (Gachmiout). Et la pluie, qui est envoyée par Hachem (surtout en Israël) est d’après le Talmud « une immense proclamation de la présence de D.ieu dans notre monde ».

Ca tombe bien. Moi qui justement ai ressenti tellement de proximité avec Hachem pendant tout ce mois de Tichri, je veux continuer à ressentir Sa présence. Pas uniquement le Chabbath et les jours de fête mais tout au long de l’année. Je veux continuer à sentir Son amour qui me donne une énergie et une sérénité incroyables.

Alors depuis quelques années, quand vient le mois de ‘Hechvan, au lieu de faire comme tout le monde et de me précipiter dans mes activités routinières, je prends le contre-pied et je me mets en mode « pause ».

Chaque matin, avant de me lever du lit, je réfléchis à la meilleure façon d’appliquer l’enseignement de Hachem : « Hamé’hadèch bétouvo békhol yom tamid maassé bérechit » (« Chaque jour qui se renouvelle, Je renouvelle la création »).

À mon humble niveau, je prends le temps de penser à la façon de faire exister chaque jour un peu plus Hachem dans mon quotidien.

Hier, j’ai eu l’idée de préparer un petit tas de pièces de monnaie que j’ai rangé dans mon sac, pour que toute la semaine je puisse donner sans faute à ceux qui tendent la main dans la rue.

Aujourd’hui, je décide de prononcer à voix haute chacune des bénédictions que je ferai avant de manger, pour prendre conscience de chacun des mots. Et demain, j’ai déjà prévu de porter cette jolie jupe bleue, celle qui est un peu plus longue que les autres, pour mieux mettre en avant ma pudeur.

La force cachée du mois de ‘Hechvan

Je comprends pourquoi Rabbi Abahou affirme dans la Guémara que ‘Hechvan est le mois le plus grand de l’année : maintenant qu’il n’y a plus de rendez-vous festif pour nous rappeler notre lien au Créateur du Monde, Hachem attend de nous que nous Lui donnions rendez-vous chaque jour au milieu de nos considérations matérielles.

Et c’est par-dessus tout pour cette raison que j’aime ce mois de ‘Hechvan. En donnant un sens spirituel à chacune de mes actions, je vais faire de chaque petite activité un moment extraordinaire.

Je comprends mieux maintenant pourquoi j’ai des frissons...

 ‘Haya B.