Nos Sages racontent l’histoire d'une femme qui était mariée depuis déjà une dizaine d'années et n'avait toujours pas d'enfant. Le couple se rendit chez Rabbi Chimon Bar Yohaï en lui disant qu’ils désiraient divorcer et refaire leur vie chacun de leur côté. Ce géant leur a répondu que de la même manière qu’ils se marièrent en fête, ils devaient se séparer en fête ! Ils s'empressèrent donc d'accomplir cela et organisèrent un grand repas durant lequel le mari se mit à boire jusqu'à ce qu’il se saoula et là, il dit à sa femme : ”Ma fille, choisis ce qu'il y a de plus précieux et prends-le avec toi dans la maison de ton père…”

Elle attendit qu'il s'endorme profondément et demanda à ses serviteurs de l'aide pour le transporter chez ses parents. C'est en se levant au milieu de la nuit qu’il découvrit qu'il n'était pas chez lui : ”Où suis-je ?”, demanda-t-il. Elle lui répondit : “Dans la maison de mon père”. “Mais quel rapport ? Ce n'est pas ce que je t'ai dit ! Je t'ai dit de prendre avec toi un objet de valeur !”. “Mais il n'y a rien de plus précieux que toi au monde !”, affirma-t-elle. Et voilà que les deux amoureux retournèrent chez Rabbi Chimon qui pria pour eux et leur ouvrit la porte de la progéniture. 

L'alliance du mariage repose sur l’amour inconditionnel dans le couple, un amour qui ne dépend en aucun cas des circonstances de la vie. Les périodes difficiles que nous traversons constituent des épreuves de Emouna (foi) : resterons-nous unis malgré la difficulté, malgré le manque (un problème de Parnassa par exemple) ou déciderons-nous de tourner le dos à notre conjoint et d'aller chercher la tranquillité ailleurs ?

La notion de fidélité, qui représente l'essence du couple et de son existence, a perdu énormément de poids ces dernières années. Bien que le monde moderne légitimise certains comportements libéraux, il faut savoir qu’ils sont complètement bannis par la Torah. La faute du veau d'or a été considérée comme une très grande trahison de la part des enfants d'Israël qui se sont tournés vers une source de réconfort étrangère, en qui ils ont mis leur confiance.

L'Éternel a contracté avec nous une alliance de mariage ! Il attend de nous de Lui faire une totale confiance et de n'espérer que de Lui la délivrance, comme il est écrit : ”Ne placez pas votre confiance dans les grands, dans le fils d’Adam, impuissant à secourir” [1]. Ou encore, “Hormis Toi, nous n'avons pas de Roi qui délivre et sauve, qui rachète et libère, qui répond et a pitié dans chaque moment de malheur et d'oppression” [2]. 

Aimer son prochain comme soi-même !

Sommes-nous conscients de l'amour que Hachem éprouve envers nous ? C'est justement quand les enfants d'Israël étaient plongés dans 49 degrés d'impureté en Egypte qu’Il les a choisis en tant que peuple élu ! De ce fait, Il a montré que Son amour envers nous est une valeur constante, qui ne varie pas par rapport à notre niveau de proximité avec Lui.

Un père aimera toujours son enfant, même s’il s'est éloigné de lui. Il est évident que sa plus grande aspiration est qu'il se rapproche, mais on ne peut en aucun cas déduire que l'éloignement a engendré un changement d'état sentimental : de l'amour à la haine. D'ailleurs, il serait complètement erroné de traduire la punition d’Hachem comme une vengeance. Bien au contraire, l'objectif des souffrances est d'engendrer un rapprochement, comme le dit si bien le Rav Chalom Arouch : ”Les souffrances sont des lettres d'amour de l'Éternel”.

De la même manière que l’Eternel nous aime inconditionnellement, nous avons le devoir d’aimer notre prochain inconditionnellement, comme il est écrit : ”Ne te venge ni ne garde rancune aux enfants de ton peuple, mais aime ton prochain comme toi-même, je suis l'Éternel” [3]. Nos Sages expliquent que l'intention de ce verset est de ne pas faire à autrui ce qu'on n'aurait pas voulu qu’on nous fasse. 

Il est raconté sur le Admour Rabbi Moché Guédalia de Zvil, qu'avant de quitter ce monde, son Chamach l’a entendu murmurer un verset du livre de Téhilim : “[...] ne fait aucun mal à son semblable et ne profère point d’outrage contre son prochain”. Comme il ne cessait de le répéter, son Chamach le questionna : "Pourquoi dites-vous ce verset sans arrêt ?". 

Et là Rabbi Moché lui répondit : ”Sache, que de la même façon qu’ici-bas il y a des passeports qui nous permettent de passer de pays en pays mais également des passeports spéciaux, qui sont donnés aux ministres pour pouvoir rentrer partout, dans le ciel, c'est pareil !”.

Par exemple, par le mérite de l'étude de la Torah, on rentre dans “Hékhal Hatorah” (le "hall" de la Torah), par le mérite de la Téfila (prière), on rentre dans “Hékhal Hatéfila” (le "hall" de la Téfila). “Mais il y a un passeport qui nous ouvre toutes les portes du ciel… Et ce passeport est réservé à celui qui peut témoigner sur lui-même qu’il n’a jamais blessé personne ! Et c’est la raison pour laquelle je prononce ce verset, parce que vont s’ouvrir devant moi toutes les portes du Gan Eden.” 

“Fais partie des élèves de Aharon, aime le Chalom, cours après le Chalom, aime les individus et rapproche les de la Torah” [4]. 

La Torah commence par la lettre Beth (Béréchit) et se termine par la lettre Lamed (Israël). Bet et Lamed, forment le mot “Lev” (qui signifie “cœur” en hébreu). De là, on apprend que toute la Torah nous a été donnée pour cultiver un bon cœur, pour aimer, tout simplement. 

L'amour est le remède de tous les maux !

Que ce soit dans notre vie de couple ou dans l'éducation de nos enfants, ce qui nous amènera à des résultats, c'est d'abord d'accepter notre mari et nos enfants comme ils sont, et de les aimer pour ce qu'ils sont et non parce qu'ils répondent à nos aspirations.

Si nous voulons avoir de l'influence sur nos proches, le chemin à emprunter est de poser sur eux un regard positif et respectueux, en exprimant notre attachement à la partie pure de leur être. Après la faute de Adam et 'Hava, l'Éternel a décidé de leur confectionner des tuniques  en peau, de les habiller Lui-même, pour ne pas les laisser se balader dans le jardin d'Eden recouverts d'une feuille de figuier. En effet, cela constituait pour eux un rabaissement et un manque de confortabilité. Est-ce que vous vous rendez compte ?!

Adam et 'Hava venaient d’abîmer ce monde parfait qu’Hachem avait créé, ils venaient de désobéir à la volonté du Créateur, et pourtant, ce qui intéressait Hachem à ce moment-là, était et de les aider à garder leur honneur !

Combien cela nous responsabilise, nous, parents, de toujours œuvrer dans le sens de la conciliation même devant un comportement négatif, car : ”Les voies de la Torah sont des voies agréables et tous ses aboutissements Chalom” [5]. 

Chabbath Chalom à toutes ! 

 

[1] Téhilim (135, 3)

[2] Nichmat Kol 'Haï

[3] Vayikra (19 ,18)

[4] Pirké Avot

[5] Michlé (3,17)