Rav Mena’hem Mendel Cohen raconte le martyr subi par la ville portuaire ukrainienne, cible de bombardements massifs de la Russie, et de la survie précaire de la communauté juive restée sur place.

“Les résidents de Marioupol ne pourront pas survivre longtemps.” C’est ce cri d’alerte qu’a lancé la semaine dernière Rav Mena’hem Mendel Cohen, rabbin de Marioupol réfugié à la frontière entre la Moldavie et la Roumanie, en étroit contact avec les Juifs restés dans la ville.

“La ville n'a pas encore été conquise, il y a des batailles de rue acharnées", a-t-il fait savoir. “Selon les témoignages, en dehors des images des hôpitaux dévastés que le monde entier a vues, il y a des zones entières qui ont été complètement détruites, y compris des quartiers résidentiels.”

La situation dans la ville lourdement pilonnée par l’aviation russe devient critique : pillage, marché noir, affrontements dans les rues… “C’est une situation très difficile”, reconnaît le Rav. “Notre mission, c’est d'encourager, d’aider de toutes les manières possibles.”

Certains ont tardé à fuir et sont désormais pris dans le déluge de feu ; pour s’échapper de la ville, il faut être prêt à le faire au péril de sa vie. Rav Cohen raconte : “quelqu’un m’a appelé et a réussi à fuir. Mais de quelle façon ? Lui et sa famille - son épouse et leur bébé de trois mois - ont pris la fuite sous les balles."

Comment la communauté juive prise au piège survit-elle ? “Ma famille et moi pensons toute la journée à ces personnes que nous avons mérité de servir pendant 17 ans de Chli’hout. Il faut les renforcer, les aider, prier pour elles, et faire notre Hichtadlout en exerçant une pression publique pour l’ouverture de couloirs humanitaires ou alimentaires. Les résidents de Marioupol ne pourront pas survivre longtemps”, avertit le Rav.