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3 questions sur Sota

Rédigé le Dimanche 17 Avril 2016
La question de Ouriel P.

Bonjour Rav,

Dans la Guémara de Sota (2a), il nous est enseigné que "Kol Haroé Sota Békilkoula Yazir 'Atsmo Mine Hayayine" "tout celui (ou toute celle ?) qui voit une femme dans son impudicité (même involontairement) doit s'abstenir de vin".

J'ai appris que la raison (ou l'une des raisons) pour laquelle il doit s'abstenir de boire du vin, c'est parce qu'il a le même problème qu'elle.

J'ai 3 questions à ce sujet :

1) Quel est donc le problème commun de ces deux personnes ?

2) Est-ce le même cas pour une femme qui voit une autre femme impudique ?

3) Est-ce le même cas quand quelqu'un, homme ou femme, voit involontairement une affiche impudique dans la rue (par exemple) ?

Merci pour la disponibilité que vous nous consacrez.

La réponse de Rav Gabriel DAYAN
Rav Gabriel DAYAN
38183 réponses

Bonjour,

Vous rapportez une traduction de l'enseignement de nos Sages dans le Talmud Sota 2a mais une erreur s'y est glissée.

L'expression "Békilkoula" ne signifie pas "dans son impudicité" mais "dans son humiliation".

Il s'agit de celui qui voit la Sota dans sa situation dégradante : on lui découvrait la tête, l'eau spéciale qu'elle buvait la défigurait et provoquait de grandes souffrances, son ventre et ses cuisses enflaient, ses membres se détachaient et tombaient à terre en morceaux, etc. puis mourrait.

Tout ceci se passait alors qu'elle se tenait dans la Azara du Beth-Hamikdach, exposée aux yeux de tous.

Vous écrivez :

"J'ai appris que la raison (ou l'une des raisons) pour laquelle il doit s'abstenir de boire du vin, c'est parce qu'il a le même problème qu'elle."

L'explication apportée par nos Sages est différente :

La Sota a décidé de donner libre cours à ses envies et d'oublier ses obligations et ses responsabilités envers Hachem.

Cette attitude démontre que les êtres humains sont des proies faciles pour la tentation, à tel point que lorsque le Yétser Hara’ les saisit, même la plus grave des fautes peut paraître concevable.

Par le seul fait que la faute de cette femme ait été évoqué devant lui, celui qui a assisté à l'humiliation de la Sota et à sa mort dramatique risque d'être attiré vers la faute et la tentation, car l'imagination se laisse facilement exciter.

Pour éviter ce piège, la Torah nous fait comprendre qu'il convient de s'abstenir de vin et d'élever son niveau de sainteté afin de s'éloigner de tout risque de transgression et de toute forme de permissivité pouvant amener à permettre un comportement semblable à celui de la Sota. [Voir le 'Houmach, édition Edmond J. Safra, page 803.]

D'après cette explication, vos trois questions n'ont plus lieu d'être posées.

N.B.

Comme nous l'avons mentionné, "l'imagination se laisse facilement exciter".

Lisez ce qui suit à ce sujet.

Dans la Torah, il y a 613 Mitsvot. Voir Talmud Makot 23b.

L'une de ces Mitsvot est la suivante :

"Vous ne vous laisserez pas entraîner après votre cœur et vos yeux, qui vous entraînent à l'infidélité et à la faute" - Bamidbar, chapitre 15, verset 39.

Cette Mitsva s'applique en tout temps, aux hommes comme aux femmes et aux enfants.

Elle a une importance fondamentale. Elle nous interdit de nous laisser aller à des pensées immorales, et nous recommande de toujours garder notre esprit pur de notions interdites.

Oui, cela est l'une des 613 Mitsvot de la Torah !

Le Rambam, en rapportant ce qui est écrit dans Vayikra 19, 4 explique : "Ne vous tournez pas vers ce qui vient de votre pensée, n'écartez pas D.ieu de votre pensée".

A ce sujet, voir Rav Munk sur Vayikra 19, 4.

Il est interdit de laisser s'infiltrer dans notre esprit, par quelque média que ce soit, des pensées susceptibles de conduire à la faute et à l'immoralité [cinéma, internet, livres, journaux, magazines, télévision, etc.].

L'idée même du péché est citée dans la Torah comme une faute véritable. Voir Brakhot 12b.

Le verset dit : "Mon fils, donne-Moi ton cœur et que tes yeux gardent Mes voies" [Michlé 23, 26].

Le roi Chlomo s'adresse à l'ensemble du peuple juif. Il lui recommande de consacrer ses pensées et ses yeux à Hachem, car les uns comme les autres peuvent nous inciter à fauter.

Aussi longtemps que l'on permet à son intellect de se nourrir d'images et de désirs qui sont en contradiction avec  la Torah, on transgresse de graves interdits et on ne peut parvenir à des pensées pures et vraies.

Le cœur ne peut être réceptif aux paroles d'Hachem tant qu'il reste le siège d'une imagination perverse.

D'où l'interdiction d'aller au cinéma, de regarder la télévision, ou de surfer sur internet d'une manière incontrôlée.

La nature humaine est faible et nombreux sont ceux qui, à travers l'histoire, ont cru pouvoir rester maîtres de leur pensées et de leurs désirs, mais ont fini par fauter et s'éloigner du vrai bonheur.

Rabbi Israël Meir Hacohen, le 'Hafets 'Haïm, écrit : "La Torah ne peut pénétrer dans le cœur de celui qui nourrit des pensées pécheresses. Néanmoins, il ne doit pas perdre courage s'il ne parvient pas à purifier complètement ses pensées. Celui qui veut se purifier reçoit une aide divine. Tant qu'il désire et essaie de déraciner de son cœur les mauvaises pensées, il reçoit l'assistance d'Hachem pour atteindre son but".

Qu'Hachem vous protège et vous bénisse.

Questions au Rav Dayan (tome 6)

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