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"Boré Péri Haguafèn" pour les Séfarades ?!

Rédigé le Dimanche 28 Janvier 2018
La question de David P.

Bonsoir,

Les Séfarades prononcent la Brakha "Boré Péri Haguéfèn", or, je viens de remarquer que le Ich Matslia'h l’écrit "Haguafèn", comme les Ashkénazes, alors que c’est sensé être un Siddour précis.

Comment l’expliquer ?

La réponse de Rav Avraham GARCIA
Rav Avraham GARCIA
7870 réponses

Chalom Ouvrakha,

Il est vrai que la coutume la plus répandue chez les Séfarades est de dire "Haguéfèn".

Néanmoins, le Rav Meir Mazouz, qui est connu pour sa grandeur, en particulier dans le domaine du Dikdouk (grammaire), se permet de changer quelques habitudes qui sont, selon lui, une erreur grammaticale.

Certains autres Rabbanim Séfarades préfèrent se fier à leur coutume et, pour ce qui est de la grammaire, soit ils y répondront a leur manière, soit, s'il n'y a pas de réponse, ils pensent que les règles de grammaire ne s'appliquent pas à la Téfila, comme l'écrit le Rav 'Hida (Yossef Omets 10) au sujet de la Kédoucha de Nakdicha'h et Naaritsa'h (voir aussi Chémèn Harokéa'h tome 3 Ora'h 'Haïm 32-2).

Pour en revenir à votre question, en fait, il y a une règle générale qui nous demande de toujours terminer les versets ou les phrases avec un Kamats (Haguafèn) et non pas un Ségol (Haguéfèn), comme le verset nous l'écrit (Parachat Vayigach 47-15) : "Ki Afess Kassef" (et non pas "Kessef"), ou bien un autre exemple (Téhilim 119-72) : "Tov Li Torat Pi'ha Méalfé Zahav Vakassef" (et non "Kessef").

C'est donc que, selon cette règle, à la fin d'une Brakha, on devrait dire "Haguafèn" et non "Haguéfèn", et tel est l'avis du Rav Mazouz (il a peut-être encore d'autres arguments que je ne connais pas).

Néanmoins, comme vous le soulignez, la grande majorité des Séfarades disent "Haguéfèn" et la question fut posée au Ben Ich 'Haï (Rav Péalim tome 2-25) qui répond en s'appuyant sur les propos du Ari zal, que ce dernier mot de "Haguéfèn" fait allusion au verset dans Parachat Réé (chapitre 8, verset 5) : "Erets 'Hita Oussé'ora Véguéfèn etc.", et c'est pour cela que nous nous appliquons à dire "Haguéfèn".

Nous pouvons aussi répondre que la Brakha n'est réellement terminée qu'après le Amen (voir Rachi Brakhot 47a et Yérouchalmi Brakhot 7-3 rapporté dans le Rama Ora'h 'Haïm 167-2), et on rapporte que plusieurs Rabbanim s'abstenaient de dire une Brakha s'il n’y avait personne pour répondre Amen.

C'est donc que nous pouvons dire "Haguéfèn", puisque ce mot ne termine pas la phrase.

J'espère, avec ces quelques lignes, avoir réussi à vous expliquer les deux avis à ce sujet.

Kol Touv.

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