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Chemita : que faire des épluchures "Yevoul Nokhri" ?

Rédigé le Jeudi 14 Octobre 2021
La question de Anonyme

Bonjour Rav,

Peut-on jeter les épluchures "Yivoul Nokhri" ?

Si oui, d'après quels Rabbanim ?

Merci.

La réponse de Rav Gabriel DAYAN
Rav Gabriel DAYAN
38183 réponses

Bonjour,

Cette question fait l'objet d'un très important débat parmi les décisionnaires. Il oppose essentiellement Rabbi Yossef Karo [1488-1575] et Rabbi Yossef de Trani - le Mabit [1500-1580].

Selon Rabbi Yossef Karo, la propriété d'un non-juif sur une terre [en Israël] la "dénature" de son essence suprême et la "dépossède" de sa sainteté originelle, tout produit agricole qui y sera cultivé sera considéré comme provenant d'une terre se trouvant en dehors d'Israël et donc non soumis à toutes les lois liées à la sainteté de la terre telles que la Chemita, la Térouma ou le Maasser etc. 

Selon, Rabbi Yossef de Trani, la possession d'une terre par un non-juif n'influe en rien sur sa sainteté : toutes les lois précitées s'appliquent également aux produits agricoles cultivés dans son champ.

De nos jours également, cette différence se fait sentir au sein de la communauté où chacun reste fidèle aux habitudes de ses parents, de sa communauté et de ses maîtres.

De nombreux décisionnaires ont fortement défendu l'avis de Rabbi Yossef Karo : Le 'Hida (1724-1806) dans ses écrits [Birké Yossef, Yoré Déa, chapitre 331, passage 10, le Radvaz (Rabbi David Ibn Ezra / 1480-1574) dans ses responsa, volume 6, réponse 2221, ainsi que Rabbi Israël de Schklov (décédé en 1839) - l'auteur du Péat Hachoul’han, chapitre 23, Halakha 29. C’était l’un des plus éminents disciples du Gaon de Vilna (1720-1797).

Dernièrement, on peut trouver : Rav Bentsion Abba Chaoul, Rav Ovadia Yossef dans Yabi'a Omer, volume 3, Yoré Déa, réponse 19, paragraphe 6, Rav Its’hak Weïss, l’auteur du ‘Arokh Hachoul’han.

D'autre part, le Maharit [fils du Mabit], Rabbi Elazar Azkari - l'auteur du Séfer ‘Harédim [décédé en 1600], le Chla Hakadoch [1565-1630], l’auteur du ‘Hazon Ich [1879-1954] et encore bien d'autres, suivent l'avis du Mabit.

Si l'on adopte la seconde opinion :

Les épluchures ou les restes de plats [habituellement conservés - même par une minorité de personnes] doivent être placés dans une poubelle spéciale jusqu'au moment où ils atteindront un degré de détérioration tel qu'ils ne seront plus consommables par un animal [seulement alors, la Kedoucha disparaîtra]. Michepeté Erets, chapitre 23, Halakha 3.

Par contre, si la quantité des restes est telle que personne n'a l'habitude de les conserver, il est permis de les jeter immédiatement dans une poubelle ordinaire. Or Létsion, chapitre 2, notes 5-6.

D'après certains décisionnaires, s'il n'y a pas d'animaux dans les environs ou s'il y en a mais qu'il n'est pas habituel de leur en donner, il est permis de les jeter dans une poubelle ordinaire, dès qu'ils ont atteint un degré de détérioration tel qu'ils ne sont plus consommables par l'homme. Dérekh Emouna, chapitre 5, passage 12, Pérot Chvi'it [Rav Tsvi Cohen], chapitre 15, Halakha 16, chapitre 18, Halakha 13, Michepeté Erets, chapitre 23, notes 4, 6. Dans la mesure du possible, il est préférable de suivre la première opinion.

Il faut tout d'abord distinguer les épluchures consommables [par l'homme ou par l'animal] de celles qui ne le sont pas :

Les épluchures qui ne sont consommables, ni par l'homme ni par l'animal, peuvent être jetées dans une poubelle ordinaire. Même s'il y a des petites particules de fruits ou de légumes [que l'on ne pense pas consommer], il est possible de les jeter dans une poubelle ordinaire. Michepeté Erets, chapitre 23, Halakha 7.

Celles qui sont consommables [même difficilement] par l'homme ne peuvent pas être jetées dans une poubelle ordinaire [c'est le cas, par exemple, des épluchures de pommes, de concombres ou de carottes]. Bien qu'il ne soit pas habituel de les consommer, elles gardent leur sainteté tant qu'elles n'ont pas atteint un degré de détérioration les rendant inconsommables.

La poubelle réservée aux fruits de la Chemita

Le fait de mettre un fruit investi de Kedoucha dans une poubelle remplie de déchets est non seulement une marque de mépris mais également une forme de détérioration.

Il faut, donc, réserver une poubelle pour les produits de la Chemita dans laquelle on placera des sachets en plastique contenant les restes de plats ou les épluchures de fruits et légumes. Ainsi, les restes de la veille [qui sont déjà détériorés partiellement] ne sont pas mélangés avec ceux du lendemain.

Ensuite, il y a deux manières d'agir :

Une fois que le contenu d'un sachet a atteint le degré de détérioration exigé, il est possible de le mettre dans une poubelle ordinaire,

Une fois que le contenu de tous les sachets de la poubelle a atteint le degré de détérioration exigé, il est possible de les jeter dans une poubelle ordinaire.

En cas de besoin, il est permis de placer les restes de plats ou les épluchures dans un sachet en plastique que l'on mettra dans une poubelle ordinaire. Pérot Chvi'it, chapitre 19, note 1.

D'après certains décisionnaires, il n'est pas obligatoire d'avoir une poubelle réservée pour les fruits et légumes de la Chemita. Il suffit de placer les restes de plats et les épluchures dans un sachet et le mettre ensuite dans une poubelle ordinaire. Ils font remarquer, cependant, que si l'on peut agir conformément à la première opinion, cela est préférable. Or Létsion, chapitre 2, Halakha 3, Yalkout Yossef - Chemita, page 369 [chapitre 15, Halakha 10].

Nous sommes à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.

Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.

Questions au Rav Dayan (tome 5)

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