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Etudes de droit commun, permis ?

Rédigé le Lundi 22 Février 2021
La question de Lazzari M.

Cher Rav bonjour,

Poursuivre des études en matière de droit commun (de droit humain) en vue d’une carrière professionnelle en la matière est-il permis de la part de notre sainte Torah ?

Quelle est la position et l’avis de nos sages à ce sujet ?

Grands remerciements.

La réponse de Rav Yona GHERTMAN
Rav Yona GHERTMAN
123 réponses

Chalom,

Le Sifri enseigne que l'étude de la Torah doit constituer l'essentiel et non l'accessoire. Aussi ne faut-il pas se dire : "J'ai étudié toute la sagesse d'Israël, je peux maintenant étudier la sagesse des nations" (Sifri Dévarim Vaét'hanan 34 ; cf. aussi Rachi sur Vayikra 18, 4).

Le Talmud nous apprend par ailleurs que Ben Dama, le neveu de Rabbi Ichma'ël, lui a demandé : "Quelqu'un comme moi qui a étudié toute la Torah, qu'en est-il d'apprendre la sagesse grecque ?" Rabbi Ichma'ël lui répondit : "Ce livre ne bougera pas de ta bouche, et tu y méditeras nuit et jour, va donc chercher une heure qui n'est ni du jour, ni de la nuit, et tu pourras alors étudier la sagesse grecque !" (traité Ména'hot 99b).

Dans son commentaire sur le 'Houmach, le Rav Chimchon Raphaël Hirsch s'arrête quant à lui sur les mots du Sifri selon lesquels l'étude de la Torah doit constituer "l'essentiel et non l'accessoire". Il en déduit que l'étude profane peut être utilisée en tant qu'accessoire, c'est-à-dire afin de servir de faire-valoir à la Torah (commentaires sur Vayikra 18, 4 et Dévarim 6, 7).

Selon le Rav Hirsch, l'étude profane est donc possible, et même recommandée, à condition que cela soit uniquement un accessoire permettant de mettre en avant la Torah.

Cette position a été suivie par plusieurs Rabbanim. Je pense ici notamment au Rav Marcus Lehmann (Allemagne, 19ème siècle - que le public francophone connaît pour son commentaire magistral sur les Pirké Avot traduit en français), qui était notamment titulaire d'un doctorat sur la pensée de John Locke, ou encore au Rav Elie Munk (Allemagne-France, 20ème siècle - bien connu pour son immense commentaire La Voix de la Torah), qui maîtrisait à la perfection toutes les thèses économiques et politiques de son temps, comme le démontre son ouvrage paru en 1948 : La justice sociale en Israël.

Ce qu'il ne faut pas perdre de vue, en aucun cas, c'est que les études ne sont qu'un moyen qui permettra d'assurer une vie décente dans la Torah, la Torah étant toujours l'objectif.

J'ai abordé la question des études profanes de manière générale. Cependant, en ce qui concerne le fait d'apprendre un métier pour gagner sa vie, cela est permis et même nécessaire, comme on le trouve dans la Guémara à propos de la Mitsva d'apprendre un métier à ses enfants (Kiddouchin 29a, Biour Halakha 306, 6). Or, de nos jours, pour apprendre un métier, il faut passer par des études.

Insistons de nouveau : apprendre un métier n'est qu'un moyen permettant d'assurer une vie de Torah.

Kol Touv.

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