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Le festin d'A'hachvéroch était-il Cachère ?

Rédigé le Mardi 10 Juin 2025
La question de Anonyme

Bonjour Rav,

Au festin d'A'hachvéroch, la nourriture était-elle Cachère ?

Et pourquoi dit-on que "Ich" fait référence à Mordékhaï qui servait le vin s'il a interdit aux juifs d'y aller ?

Merci beaucoup pour votre éclairage.

La réponse de Rav Aharon SABBAH
Rav Aharon SABBAH
550 réponses

Bonjour,

Vous faites apparemment référence aux propos du traité Méguila (12a et Rachi), où il est effectivement mentionné que Mordékhaï servait le vin lors de ce festin.

Le Séfer Ta’ama Dekra s'interroge : comment Mordékhaï a-t-il pu accepter d’être échanson et contribuer à faire consommer des interdits alimentaires au peuple d’Israël, et il réspond qu'au contraire, c’est justement pour cette raison qu'il souhaita assumer cette fonction : afin de préserver les Bné Israël de boire du vin non-Cachère, et d’éviter qu’ils ne consomment du pain cuit par des non-juifs.

D’après cela, la nourriture servie au festin était donc certainement Cachère. C’est également ce qu’écrit l'Or Yahel (tome 3), en précisant que la faute du peuple n’était pas d’ordre alimentaire, mais qu’ils ont tiré plaisir du festin. Le problème résidait dans le fait qu’ils se sont réjouis de cet événement, manifestant un certain détachement spirituel, un relâchement dans leur lien avec Hachem - ce qui nécessitait un redressement.

Cependant, plusieurs avis affirment que la nourriture n’était pas Cachère, notamment le Roch Yossef, qui explique que c’est justement pour cela que les Bné Israël furent punis. Cela dit, le Rif, cité dans Ein Ya'acov, objecte : même s’ils avaient consommé de la viande non-rituellement abattue (Névélot), cette transgression n’est pas passible de la peine de mort. Il répond donc qu’ils ont également consommé du 'Hélèv (graisse interdite), ce qui est puni par Karèt (retranchement spirituel).

Le Rif propose également une tout autre explication : selon lui, ce festin célébrait, d’après le calcul d’Assuérus, la fin des 70 ans de l’exil de Babylone. Participer à cette fête revenait donc, symboliquement, à se réjouir de la destruction du Beth Hamikdach, or, c'est une tragédie nationale pour le peuple juif. Leur participation fut perçue comme une approbation silencieuse de ce deuil.

Le Gilyoné Hachass cite le Beth Chmouel, qui nuance davantage : même si la nourriture n’était pas Cachère, les Bné Israël étaient contraints d’y assister sous la pression du royaume perse, et cette situation n’entrait pas dans la catégorie de "se laisser tuer plutôt que transgresser". Cependant, leur faute fut d’en avoir tiré du plaisir. Il leur était demandé de se sentir affligés, et non réjouis, par cette atmosphère profane. Dans le même esprit, le 'Hatam Sofer (Parachat Tetsavé) explique que la véritable faute fut d’avoir mangé de leur propre gré. Or, ils auraient pu se rassasier chez eux auparavant, de sorte qu’une fois sur place, leur consommation serait une consommation sans aucun profit, ce qui, selon la Halakha, n’est même pas défini comme une véritable consommation.

Dans cette perspective, il est possible que Mordékhaï ait tenu à servir lui-même le vin afin de garantir que celui-ci soit Cachère, dans le but de sauver ce qui pouvait encore l’être.

Soyez béni !

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