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Pourquoi faire les Mitsvot ?

Rédigé le Dimanche 7 Juin 2020
La question de Anonyme

Bonjour Rav,

Doit-on faire les Mitsvot pour accéder au 'Olam Haba (monde futur), par amour et crainte d'Hachem, parce que c'est notre devoir ou autre ?

La réponse de Rav Avraham GARCIA
Rav Avraham GARCIA
7820 réponses

Chalom Ouvrakha,

Excellente question, et nous pouvons observer que nos Sages se sont posés des questions sur les raisons des Mitsvot [voir Guémara Roch Hachana 16a, Kétouvot 18a, etc.], ainsi que le Rambam [Hilkhot Témoura chapitre 4-13, ainsi que Hilkhot Mé'ila chapitre 8-8] et d’autres Richonim et A'haronim.

Néanmoins, nous devons comprendre que la raison est une donnée "secondaire" au devoir que nous avons de respecter l’ordre d'Hachem, même si la raison nous est cachée.

Et parfois, il y a même un danger lorsque l’on donne une raison à une Mitsva, car l’on peut s’exempter de l’accomplir en croyant que, puisque la raison initiale n’existe plus, il n’y a plus lieu d’accomplir telle ou telle Mitsva, ou bien, comme cela s'est passé avec le roi Salomon, trébucher.

Rappelons l’ordre de la Torah [Choftim 17-17] au roi d’Israël de ne pas avoir beaucoup de femmes "pour ne pas que son cœur soit dissipé", et le roi Salomon, croyant être capable à son niveau de prendre plusieurs femmes et de ne pas trébucher, s’est permis de prendre plusieurs femmes [Yalkout Chimoni Mélakhim, Rémèz 195] et malheureusement, ça s’est mal fini [voir Radak Mélakhim I 11-1].

C’est un exemple parmi tant d’autres qui nous montre bien que la raison ["Ta'am"], c’est comme le goût ["Ta'am"], il est secondaire à l’aliment en soi. Nous ne mangeons pas parce que c’est bon, mais parce que nous devons nous nourrir pour vivre, nous avons un besoin nutritionnel journalier qui nous "oblige" à manger, et si le goût est bon, c’est encore mieux.

D’ailleurs, les Richonim nous mettent en garde lorsque l’on donne une raison à une Mitsva, en nous expliquant qu’il y a un danger [voir Moré Névoukhim 3-26, 'Hovot Halévavot Cha'ar 1 Cha'ar Hayi'houd ,chapitre 3, Séfer Ha'hinoukh à la fin de sa préface, et Pricha Yoré Dé'a 181].

Après cette préface [un peu longue], nous pouvons enfin aborder votre question. Il y a des réponses globales et individuelles pour chaque Mitsva.

Vous comprendrez que, dans le cadre des réponses de Torah-Box, je ne peux pas vous écrire 613 raisons sur toutes les 613 Mitsvot, il faudrait écrire un livre pour cela. Mais nous allons choisir une raison globale à toutes les Mitsvot.

Il est évident qu'Hachem "se porte très bien" avec ou sans nos Mitsvot [voir Michlé 9-12 et Iyov 6-7 et 41-3], c’est donc forcément que les Mitsvot sont là pour nous apporter à nous quelque chose !

En fait, l’homme ne peut réellement connaitre et mesurer son niveau spirituel qu’à travers ses actes, et c’est aussi en accomplissant l’acte que l'homme peut devenir et être au niveau exigé [voir Kouzari 1-1].

Par exemple, une personne avare ne pourra proclamer le contraire qu’à partir du moment où elle a réussi à donner, et, par le biais de ce don, cela lui permettra de "devenir" généreuse [voir 'Hinoukh Mitsva 16 et Pirouch Hamichnayot du Rambam sur Avot 3-15].

"Je "pense" donc je suis", pour la Torah, ce n’est pas la bonne formule, mais plutôt : "Je "fais" donc je suis" ! On ne peut se mesurer qu’à travers ses actes.

Et il en est de même pour les Mitsvot qui font preuve d’amour, de foi et de crainte... Ce n’est que lorsqu’on traduit notre amour en acte, que l'on a réussi à parvenir au réel niveau exigé, ou, en tout cas, c’est à travers les actes répétitifs que l'on peut devenir et être plus proches d'Hachem.

Le but même de la création du monde et des épreuves est de sortir du potentiel à l’acte, on aime Hachem "potentiellement", à présent, nous devons exprimer cette amour en acte [Ramban début de Béréchit et fin de Vayéra au sujet de l’épreuve d'Avraham].

Cela va tellement loin que le Smag [Mitsva Ahavat Hachem 3] nous explique qu’il est préférable qu’un Racha' mette les Téfilines plutôt qu’un Tsadik, car cette Mitsva est plus vitale pour le Racha' que pour le Tsadik qui a déjà [relativement] atteint le niveau d’amour exigé [voir Kouzari 1, 69-79 et 3, 9].

Lorsque nous nous habituons à dire merci tous les jours, nous "devenons" polis !

Je conclurais en disant que ce n’est pas l’homme qui fait les Mitsvot, mais plutôt les Mitsvot qui font l’homme [voir Vayikra Rabba 35-7 et Zohar tome 3, page 113a et Béréchit Rabba 81-1].

Faites les Mitsvot, et vous aimerez Hachem, votre foi en Lui se concrétisera, s’amplifiera et se consolidera, ainsi que la crainte du Créateur, etc., et c’est aussi une forme de reconnaissance sur tous les bienfaits qu'Hachem nous donne.

Kol Touv.

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