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Pourquoi les explorateurs ont dû souffrir malgré leur Téchouva ?

Rédigé le Lundi 26 Juin 2023
La question de Anonyme

Bonjour Rav,

Les explorateurs ainsi que les Bné Israël avaient fait Téchouva ; ils ont voulu monter en Israël, ils ont regretté leur parole, alors pourquoi fallait-il qu’ils souffrent encore 40 ans dans le désert ?

Quand on faute, faut-il aussi souffrir pour réparer nos fautes ? Est-ce que la Téchouva et le regret ne sont pas suffisants ?

La réponse de Rav Yehiel BRAND
Rav Yehiel BRAND
1150 réponses

Bonjour,

1) Quel texte vous fait dire que les explorateurs se sont repentis ? Du fait qu’ils voulaient monter en Erets Israël le lendemain ?

L’ordre des versets indique plutôt que tous les dix explorateurs sont morts le même jour, avant le lendemain, où certains essayaient de monter : "Les hommes que Moché avait envoyés pour explorer le pays, et qui, à leur retour, avaient fait murmurer contre lui toute l'assemblée, en décriant le pays, ces hommes, qui avaient décrié le pays, moururent, frappés d'une plaie devant D.ieu… Moïse rapporta ces choses à tous les enfants d'Israël, et le peuple fut dans une grande tristesse. Ils se levèrent de bon matin, et montèrent au sommet de la montagne, en disant : Nous voici ! Nous monterons au lieu dont a parlé D.ieu que nous avons péché" (Bamidbar, 14, 36-40).

2) Quant aux juifs qui, le lendemain, essayaient de monter, il n’est pas évident qu’ils reconnaissaient leur faute. Ils disaient : "Nous voulons monter car D.ieu a dit que nous avons fauté". Ils ne disaient pas : "Nous voulons monter car nous reconnaissons que nous avons fauté".

3) Concernant les autres juifs, qui se soumettaient à Moché et ne montaient pas, ils faisaient peut-être Téchouva à un certain moment. Mais D.ieu n’a pas enlevé Sa décision de les faire mourir. Pourquoi ?

En fait, lorsque quelqu’un transgresse une faute grave et est condamné à mort par le tribunal, ce dernier lui demande de faire Téchouva. Bien qu’on ne lui supprime pas le châtiment et qu'il sera quand même exécuté, sa Téchouva lui sert, afin qu’en arrivant devant le tribunal céleste, on ne lui reproche plus cette faute. Il l’a payé dans ce monde en mourant par le tribunal ; et il pourrait dorénavant jouir de son monde futur, pour ses bonnes actions. Mais s’il ne fait pas Téchouva, il doit payer ce péché en haut. Voilà pourquoi Achan, après avoir reconnu ses crimes à Yéri'ho (Yéhochou'a 7), fut exécuté par le tribunal de Yéhochou'a bin Noun. Mais, grâce à sa Téchouva, il était acquitté en haut (Michna, Sanhedrin 43b).

4) Mais celui qui fait une faute pour laquelle il mériterait une condamnation à mort par le tribunal, mais qu’on ne l’applique pas à cause d’un manque de juges, de témoins, ou toute autre raison, le tribunal céleste s’en occupe. Pour des raisons qui sont propre à Hachem, Il peut lui retarder la mort, ou le transformer en un autre châtiment, ou, grâce à sa Techouva, lui annuler la mort précipitée. La même chose est aussi pour une faute pour laquelle la Torah n’a pas prévu la mort par le tribunal terrestre, mais que par le tribunal céleste.

Cela n’est valable que si D.ieu n’a pas juré de lui faire payer son châtiment sur terre, mais lorsque D.ieu jure qu’Il fera payer la faute ici-bas, le fait de faire Téchouva n’enlève pas le serment, mais sa Téchouva servira pour entrer dans le monde futur, comme chez Achan.

Concernant le peuple qui fauta 10 fois et qui fut condamné à mourir dans le désert, D.ieu a ajouté en effet un serment : "Mais, comme Je suis vivant [comme ça Je jure] : la gloire de D.ieu remplira toute la terre, et tous ceux qui ont vu Ma gloire, et les prodiges que J'ai faits en Égypte et dans le désert, et qui M'ont tenté déjà dix fois et qui n'ont point écouté Ma voix, tous ceux-là ne verront point le pays que J'ai juré à leurs pères de leur donner ; tous ceux qui M'ont méprisé ne le verront point" (Bamidbar 14, 21-23). Dans l’hypothèse qu’ils faisaient Téchouva, ils auront le monde futur, comme le dit d’ailleurs Rabbi Eli'ézer (Sanhédrin 108a).

5) Concernant votre question si la Téchouva suffit ou qu’elle exige en plus des souffrances, cela dépend le degré du péché, comme dit la Guémara (Yoma 86a), rapporté dans le Rambam : "Quand un homme néglige un commandement positif qui n’implique pas de peine de Karèt, et se repent, il lui est pardonné immédiatement. À ce sujet, il est dit : « Revenez, ô, enfants rebelles, Je guérirai vos égarements ». S’il transgresse un interdit qui n’est pas passible de Karèt, ni de mort par le tribunal, et il se repent, le repentir met en suspens, et le jour de Kippour fait expiation. À ce sujet, il est dit : « En ce jour, il sera fait expiation pour vous ». S’il transgresse des interdits passibles de Karèt ou de mort par le tribunal, et il se repent, le repentir et le jour de Kippour mettent en suspens, et les souffrances qui l’assaillissent achèvent l’expiation. Son expiation ne sera complète que lorsqu’il endurera des souffrances. À ce sujet, il est dit : « Je châtierai leur rébellion avec une verge, leur impiété par des fléaux ». Dans quel cas cela s’applique-t-il ? S’il n’a pas profané le nom de D.ieu en transgressant. Mais celui qui profane le nom de D.ieu, bien qu’il se soit repenti, que le jour de Kippour soit passé alors qu’il persévère dans son repentir, et qu’il ait subi des souffrances, son expiation ne sera pas complète jusqu’à ce qu’il meure. Dans ce cas, le repentir, le jour de Kippour, et les souffrances mettent tous les trois en suspens, et la mort fait expiation, comme il est dit : « Mais l’arrêt de D.ieu des Armées a été révélé à mes oreilles : ce péché ne vous sera point pardonné, jusqu’à votre mort" (Rambam, Techouva, 1, 4).

Kol Touv.

Mékorot / Sources : Rambam.
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