Chalom,
Pourquoi plusieurs lois et commandements sont-ils répétés de nombreuses fois dans la Torah ? Une seule fois ne suffisait-elle pas ? Cela n'a pas empêché Israël de pécher, comme on peut le lire dans la Torah, mais aussi dans l'histoire racontée dans les Néviim.
Kol Touv.
Chalom Ouvrakha,
Votre question est effectivement posée par les Richonim, Kol Hakavod !
Voir à ce sujet Tossefot au début du traité Guitin.
Le Ramban, dans sa préface au livre de Devarim, explique que c’est précisément pour cette raison que nos Sages ont nommé ce livre Michné Torah, c’est-à-dire la "répétition de la Torah". En effet, une grande partie des Mitsvot y est répétée. Pourquoi ? Pour avertir les Bné Israël de la gravité et de l’importance de chacune de ces Mitsvot. C’est aussi une forme de remontrance indirecte que Moché Rabbénou adresse au peuple, en rappelant les fautes passées et en les mettant en garde contre l’abandon des Mitsvot.
De plus, tous les membres du peuple n’étaient pas présents au moment du don de la Torah au Sinaï. Il était donc nécessaire de répéter les commandements à la nouvelle génération.
Il faut également savoir que, parfois, la répétition d’un interdit a pour but de cumuler plusieurs transgressions. Par exemple, l’interdiction de consommer une bête sans Che'hita (abattage rituel) n’est mentionnée qu’une seule fois (Parachat Reé), tandis que l’interdiction de manger du porc est répétée deux fois (Parachiyot Chémini et Réé). Cela nous enseigne que la consommation de porc est plus grave, du point de vue de la Torah, que celle d’une bête non abattue rituellement (voir Rachi sur 'Houlin 106a).
Vous écrivez : "Cela n’a pas empêché Israël de fauter, comme on peut le lire dans la Torah, mais aussi dans les histoires racontées dans les Néviim."
Effectivement. Les prophètes n’ont cessé de réprimander et d’avertir le peuple sur leur conduite, et cela n’a pas toujours porté ses fruits. Mais cela aurait été bien pire encore si les avertissements n’avaient pas été prononcés.
Nous aussi, à notre niveau, trébuchons régulièrement, par exemple dans le domaine du Lachone Hara' (médisance). Est-ce une raison pour ne pas étudier chaque jour deux Halakhot de Chémirat Halachone ? Nous avons aussi des difficultés dans les lois du Chabbath – cela doit-il nous empêcher d’écouter un cours sur ce sujet ? Certainement pas.
Comme l’explique le Raavad dans son commentaire sur le Sifra, au début de la Parachat Béhar, la répétition permet de faire pénétrer les idées plus profondément.
Le Abarbanel, lui aussi, dans sa préface au livre de Devarim (après avoir relaté les nombreuses péripéties qu’il a vécues en Espagne, au Portugal, puis en France), traite longuement de votre question. Après avoir réfuté l’explication du Ramban, il propose une autre lecture : selon lui, en lisant entre les lignes, on découvre que chaque répétition s’accompagne d’une nuance ou d’un détail nouveau, destiné à préciser ou enrichir la compréhension de la Mitsva concernée.
Kol Touv.