Bonjour Rav,
Quelle est la source halakhique de se réjouir le jour de la Hiloula d'un Tsadik, qui est le jour de son décès ?
Pourtant, le Choul'han 'Aroukh évoque des dates de décès de Tsadikim où il est bon de jeûner, entre autre Moché Rabbénou.
Merci beaucoup.
Bonjour,
Le Choul'han 'Aroukh (Ora'h 'Haïm chap. 580) mentionne effectivement plusieurs dates de décès de Tsadikim où il est recommandé de jeûner, comme le 7 Adar pour Moché Rabbénou. Cela repose sur l'idée que la disparition d'un Tsadik est une tragédie pour la génération, nécessitant une période de deuil et de repentance.
D'autre part, Rachi (Yébamot 122a) rapporte au nom des Guéonim, qu'à la date anniversaire de décès d’un grand maître, un jour était institué en son honneur, et chaque année, à la même date, les érudits de la Torah affluaient de toutes parts pour se rassembler sur sa tombe, accompagnés du peuple, afin d’y établir un temps d’étude.
L'idée de se réjouir le jour du décès d'un grand Tsadik trouve principalement sa source dans la tradition kabbalistique, où il est précisé que le jour du départ d'un Tsadik est en réalité une élévation de son âme à un niveau supérieur et une ouverture de canaux de bénédictions pour ceux qui le suivent. D'ailleurs, ceux qui maintiennent la tradition de célébrer avec joie une Hiloula expliquent que ce jour marque une élévation et une diffusion accrue de l’âme du Tsadik, dont l’influence s’étend d’une manière plus intense sur le monde entier. C’est pourquoi, plutôt qu’un jour de tristesse, il est perçu comme un jour de joie et de connexion spirituelle.
Aussi, dans le monde hassidique, les Hiloulot occupent une place particulièrement importante. La plupart des cours hassidiques honorent la mémoire de leurs Admourim (maîtres et guides), ainsi que celle des figures fondatrices du mouvement hassidique, comme le Maguid de Mézéritch. Ainsi, certains 'Hassidim ont pour habitude de ne pas réciter les Ta'hanoun (supplications de pardon) le jour du décès d’un Tsadik, bien que certains décisionnaires s’y soient opposés, notamment le Responsa Chém Arié (Ora'h 'Haïm chap. 14) et Rav Ovadia Yossef (Yabi'a Omer tome 3, chap. 11, 9). En revanche, dans la 'Hassidout 'Habad, on a coutume de réciter quand même le Ta’hanoun lors du jour du décès d’un Tsadik.
En d'autres termes, bien que la Halakha classique recommande de jeûner à la mémoire des Tsadikim, la tradition Kabbalistique enseigne que ces jours représentent aussi une élévation spéciale qui constitue un moment propice à la réjouissance spirituelle. C'est notamment le cas de la Hiloula de Rabbi Chimon Bar Yo’haï (Lag Ba’omer), qui est célébrée avec grande ferveur à Méron.
Tout dépend donc de la tradition suivie. Certains se concentreront davantage sur le jeûne et la prière, d’autres sur l'étude des enseignements du Tsadik décédé, ou encore sur une certaine forme de réjouissance spirituelle. Les 'Hassidim et les Séfaradim, influencés par la Kabbale, privilégient souvent la Hiloula comme un moment de Sim’ha (joie spirituelle).
Nous sommes à votre disposition, avec l'aide de D.ieu, pour toute question supplémentaire.
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