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Une erreur peut-elle discréditer la Torah ?

Rédigé le Jeudi 19 Août 2021
La question de Sacha A.

Bonjour,

Dans la Parachat Ki Tétsé, on nous enseigne qu’une femme se faisant violer par un homme est elle aussi condamnée à mort si elle n’a pas crié ou ne s’est pas débattue.

De nos jours, les études scientifiques sur le sujet ont démontré que 70% des femmes qui ont subi des agressions sexuelles ont été incapables de réagir à cause des hormones produites par le cerveau paralysant, pour ainsi dire, les victimes.

La Torah qui est censée être maîtresse de tous les savoirs n’est pas censée attendre les découvertes modernes pour trancher la loi. La Torah est Divine et doit donc savoir les mécanismes psychologiques et physiologiques des femmes agressées.

S’il en est ainsi, comment comprendre cette sanction terrible à l’égard d’une femme qui a subi le pire des traumatismes.

Cette question est primordiale, car si un savoir fait défaut à la Torah, elle perd de toute son aura et de sa crédibilité...

Merci.

La réponse de Rav Chalom GUENOUN
Rav Chalom GUENOUN
314 réponses

Bonjour,

J'aimerais commencer par la fin de votre question (la remarque que vous faites).

Vous dites que s'il s'avérait que la Torah n'est pas en accord avec les découvertes modernes en matière de psychologie comportementale, cela lui ôterait tout son crédit.

Il semblerait que vous faites erreur sur ce point, car la Torah doit sa crédibilité à la révélation Divine qui fût retranscrite par des millions de témoins oculaires et à d'autres interventions Divines de la sorte, faites sous les yeux de plusieurs autres millions de témoins dans les générations ultérieures à la dite révélation, ainsi qu'aux prophéties énoncées dans les moindres détails des milliers d'années précédant leur accomplissement, et toutes réalisées dans les moindres détails, et encore bien d'autres systèmes de validation du caractère Divin de la Torah.

Si bien que sa crédibilité ne peut être remise en question par une étude psycho-comportementale, si brillante soit-elle, et, ce, pour plusieurs raisons.

La première tient au fait que les études psychologiques ayant attrait aux comportements humains sont extrêmement imprécises et variables (vous parlez vous-même de pourcentage) ; c'est d’ailleurs le précurseur de ces études-là, Sigmund Freud, qui l'a dit.

De plus, les comportements des gens et leurs sensibilités ont grandement changé avec les générations, et ce n'est d’ailleurs certainement pas en vain si dans une génération très différente de celles du Grand Tribunal, nous n'appliquons plus ces peines-là... Il y aurait matière à y voir une profonde connaissance de l'humain et de sa gestion plutôt que l'inverse...

Aussi, même si la Torah avait décidé (ce qui n'est pas le cas, comme nous le verrons juste après) que la femme doive s'efforcer de "crier" pour témoigner de son mécontentement, quitte à se faire violence, il n'y aurait pas eu là de discrédit vis-à-vis de la Torah, juste une incompréhension. Si toutes nos limitations intellectuelles et incompréhensions étaient censées nous amener à discréditer la Torah, il n'y aurait plus un juif sur terre !

Mais la vraie réponse se trouve être comme toujours dans la Torah elle-même.

Car si vous regardez bien le texte, il est écrit (verset 24,22) : "Pour le fait qu'elle n'a pas crié dans la ville" tandis que dans les versets 25 et 26, il est écrit : "Et si c'est dans le champ que l'homme trouve la fille... à la fille tu ne feras rien, il n'y a pas pour la jeune fille de péché de mort".

Nous voyons que la punition infligée à la fille n'est pas systématique, elle dépendrait donc de quoi ?

Les commentateurs disent (Pessa’him 25, Sanhédrin 74) que cela dépend de si oui ou non la fille était consentante à l'acte, et cela se définit par le fait que si elle pouvait être sauvée et qu'elle n'a pas cherché à l'être, elle prouve par là son accord avec l'acte, elle n'est donc plus victime.

Il est vrai qu'une lecture superficielle peut nous mener à comprendre qu'il s'agit là d'une dépendance vis-à-vis d'un lieu - si elle est en ville et peut donc crier, c'est-à-dire qu'elle est consentante -, mais cette vision est erronée, car le concept d'être en ville signifie plus qu'un contexte dans lequel la femme pourrait être entendue. Ce qui importe ici, c'est si elle manifeste par son silence un accord ou non au rapport sexuel, la ville n'est qu'un indice reflétant une idée de pouvoir appeler à l'aide, mais si elle est dans l'incapacité de le faire car pétrifiée, elle sera considérée comme étant dans le champ (voir Sifri sur place).

Le Talmud nous enseigne de cette histoire que celui qui accomplit un acte interdit sous la contrainte est exempté de punition (Nédarim 27), et toute forme de contrainte, même celle psychologique, est une contrainte (Rambam, Sanhédrin 20,2).

Cordialement.

Mékorot / Sources : Sifri, Rambam.
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