« Ne hais point ton frère en ton cœur : reprends ton prochain, et tu n'assumeras pas de péché à cause de lui. »[1]

Ces dernières semaines, nous avons vu comment la Torah met l’accent sur l’importance d’aimer notre prochain. En certaines occasions de la vie, il est très difficile d’avoir des sentiments positifs envers certaines personnes et parfois, nous nous sentons résolument négatifs à leur encontre. La Torah est consciente de ce phénomène et nous prescrit une manière de le gérer. Plusieurs raisons peuvent expliquer nos sentiments négatifs envers quelqu’un : l’une des plus fréquentes est lorsque nous avons le sentiment qu’il nous a causé du tort d’une certaine manière. Il a peut-être dit quelque chose qui a porté atteinte à nos sentiments ou agi de façon à nous faire du mal. Comment réagir à une telle situation ? La Torah commence par nous demander ceci : « Ne hais point ton frère dans ton cœur » — autrement dit, nous ne devons pas simplement garder nos sentiments pour nous et agir comme si de rien n’était avec lui. Nous pouvons nous demander en quoi cette attitude est répréhensible : après tout, nous oublierons l’incident avec le passage du temps. Si c’est le cas, il peut être recommandé de garder le silence, mais nous avons plus souvent tendance à développer des sentiments négatifs envers cette personne dans notre cœur, qui ne sont jamais réellement résolus. En conséquence, même après une longue périodes, nous sommes susceptibles de penser à cet incident passé à chaque fois que nous sommes en contact avec cette personne. Un auteur écrit qu’il a un jour envoyé une lettre légèrement arrogante à une personnalité célèbre. En réponse, cette célébrité a violemment critiqué sa mauvaise conduite d’une manière extrêmement désagréable. La victime écrit que dix ans plus tard, elle a entendu parler de la mort de cet auteur et a pensé à une seule chose : comment l’auteur avait blessé ses sentiments tant d’années plus tôt !

Alors comment réagir lorsque quelqu’un froisse nos sentiments ? La Torah répond : ne gardez pas vos sentiments en vous, mais « reprends ton prochain. » Le terme « reprendre » est assez sévère, mais en réalité, le terme hébraïque « To’hakha » signifie « clarifier. » Lorsque quelqu’un nous contrarie, nous devons clarifier la situation avec lui. Peu de temps après l’incident, une fois que le niveau initial de colère est passé, nous devons l’aborder et lui expliquer délicatement nos sentiments froissés. Cette discussion doit avoir lieu en privé, pour éviter d’embarrasser la personne, et nos propos ne doivent être teintés ni de colère ni d’agressivité. Généralement dans une telle situation, la personne s’excusera pour sa conduite, expliquera pourquoi elle a agi de cette façon et soulignera qu’elle n’avait aucune idée que ses paroles ou actes avaient causé du tort. C’est ainsi que la Torah nous aide, entre autres, à créer des relations saines et positives.

[1]  Parachat Kédochim, Ch.19, v.17.