Des millions d’admirateurs l’ont connu comme « l’homme de fer » légendaire, capable de déraciner des falaises et de soulever des immeubles, mais un jour, Christopher Reeve s’est réveillé et a constaté qu’il n’était même pas capable de chasser une mouche. Que faire ?

Pour des millions de fans, la star de cinéma américain Christopher Reeve est « Superman », le héros légendaire de la planète imaginaire "Krypton", qui a combattu contre des méchants et sauvé le monde de diverses catastrophes qui le menaçaient. Dans le cadre de son rôle de vedette de cinéma, Reeve était super-puissant, il a soulevé des immeubles, sauvé des avions, déraciné des montagnes, arrêté des balles, et dans une scène inoubliable, il a retourné tout le globe terrestre pour réduire à néant le plan funeste de son ennemi.

Mais un jour, Christopher Reeve a été blessé dans un accident d’équitation et est devenu tétraplégique, paralysé de tous ses membres. « L’homme d’acier » et tout-puissant qui, la veille encore, suscitait l’admiration de millions de spectateurs, a fait la bouleversante découverte qu’il ne pouvait même pas bouger un doigt. Le héros aux yeux artificiels, qui côtoyait les criminels et les escrocs, n’était même plus capable de chasser une mouche énervante qui se promenait sur son front.

Dans une interview accordée à la presse, Reeve relata qu’après avoir ouvert les yeux suite à l’accident et découvert dans quel état il se trouvait, sa réaction initiale fut de vouloir se suicider. « J’ai pensé que dans de telles circonstances, il ne valait pas la peine de vivre. D’un homme plein d’énergie et d’initiative, j’étais devenu en un instant un prisonnier enfermé dans mon corps. Je ne pouvais tolérer l’idée que ma vie ressemblerait à ça à partir de maintenant et pour toujours. »

Mais la paralysie qui affecta Reeve l’empêcha également de réaliser son envie de suicide. Malgré lui, il fut contraint de vivre, et plus le temps s’écoulait, plus il pensait aux choses positives qu’il pouvait faire, en dépit de sa difficile paralysie. Reeve décida de canaliser son histoire personnelle, sa réputation et son prestige accumulé en tant qu’acteur et metteur en scène, pour faire avancer la recherche dans le domaine des lésions de la colonne vertébrale. Il eut le privilège de vivre encore neuf ans au cours desquels il récolta des millions de dollars qui, sans l’ombre d’un doute, ont joué en faveur de la découverte de traitements de pointe pour les personnes souffrant de lésions à la colonne vertébrale. Certains prétendent que c’est à ce moment-là, après le terrible accident d’équitation, que le vrai Superman est né…

La fête de Pessa’h me rappelle chaque année l’histoire de Christopher Reeve.

Pessa’h est la fête de la liberté - mais de quelle liberté s’agit-il ? Quels sont ses composantes ? La liberté est-elle synonyme d’une possibilité illimitée de faire « tout ce dont j’ai envie » ? La liberté se mesure-t-elle avec des paramètres extérieurs ; la liberté et la limite sont-elles des concepts opposés ? Est-il vraiment possible de déterminer de l’extérieur si quelqu’un est esclave ou libre ?

Pessa’h nous enseigne que la liberté est au final une affaire interne. Parfois, quelqu’un peut nous paraître libre et libéré de toute contrainte, mais c’est en réalité un esclave qui est prisonnier de sa propre existence. Il peut être esclave de ses pulsions insurmontables, asservi à diverses dépendances, à de mauvaises habitudes, de mauvais traits de caractère. Il lui semble être libre, mais cette illusion ne fait qu’accentuer la tragédie dans laquelle il vit. En revanche, un homme peut être limité de manière extrême, être tétraplégique, avoir tout le corps paralysé comme Christopher Reeve, et être néanmoins libre de choisir de donner le maximum de lui-même dans la situation où il se trouve.

La Torah enseigne à l’homme comment accéder à une liberté authentique. Non pas une liberté superficielle, qui est le masque d’un esclavage interne profond, mais une liberté profonde qui libère l’âme en l’homme pour exploiter son potentiel spirituel et accéder à des hauteurs extrêmement élevées.

Yossi Isaacc