Roch Hachana est un procès comme n’importe quel autre où, d’un côté, certains avocats rappellent nos bonnes actions, d’autres exigent des châtiments, et le Satan, le procureur, exige la mort dans sa forme la plus simple…

Rav Moché Sternbuch, Av Beth-Din du célèbre Badatz ‘Eda Ha’harédit à Jérusalem, est l’une des grandes autorités halakhiques contemporaines. Né en 1926 à Londres, il est l’un des rares décisionnaires encore en vie à avoir reçu des enseignements directement de grands maîtres de l’avant-guerre, et il a été proche du ‘Hazon Ich. Auteur d’ouvrages de référence tels que les responsa Téchouvot Véhanhagot, il est reconnu pour sa rigueur halakhique, sa profondeur de pensée et son attachement indéfectible à la Tradition. Il nous donne ici quelques grandes lignes directrices pour affronter Roch Hachana avec les intentions adéquates et les meilleures ambitions.

« J’espère vivement que vous ressentez l’éveil du mois d’Eloul, la proximité d’Hachem, comme il est écrit : Ani Lédodi Védodi Li, "Je suis à mon bien-aimé et mon bien-aimé est à moi." (Chir Hachirim 6, 3)

Chacun devrait être effrayé en ces jours du mois d’Eloul. Dans les générations précédentes, même les gens ordinaires étaient remplis de crainte, car ils croyaient avec une foi simple aux paroles de nos Sages : nous allons littéralement entrer en jugement à Roch Hachana

Or, lors du jugement divin, il n’y a pas de distinction entre le juste et l'impie. Chacun entre en jugement et chacun a besoin d’une grande miséricorde. Même le juste est jugé selon son rang, et la mesure du jugement est exigée par Hachem. C’est pourquoi tout le monde était très tendu ces jours-là. 

Malheureusement, aujourd’hui, nous manquons de la foi "sensorielle" nécessaire pour ressentir que nous sommes traduits en justice dans sa forme la plus simple, la vie et la mort sont concrètement entre nos mains. C’est un procès comme n’importe quel autre où, d’un côté, certains avocats rappellent nos bonnes actions, d’autres exigent des châtiments, et le Satan, le procureur, exige la mort dans sa forme la plus simple.

Nous avons besoin d’une grande miséricorde pour surmonter ces accusations. Par conséquent, chacun doit réfléchir et se faire conseiller sans attendre sur les moyens d’améliorer ses actes et son évolution, tant en approfondissant son étude de la Torah qu’en accomplissant davantage les commandements. Chaque Mitsva accomplie, et même la simple récitation des Psaumes, lui confère des droits. 

Des anges protecteurs sont créés pour chaque Mitsva, comme l’exige la Michna : "Il a accompli une Mitsva et a créé un défenseur." (Avot 4, 11) Si une personne accomplit la Mitsva par dévotion, l’ange protecteur reçoit davantage de pouvoirs et peut la défendre. Seul Hachem détermine le pouvoir de l'ange, créé selon la dévotion et la joie dans l'accomplissement de la Mitsva

Chacun doit fermement ancrer dans son cœur qu’il n’existe pas une seule pensée d’un Juif qui est considérée comme vaine. Pour une bonne pensée, il sera récompensé. En revanche, pour une pensée interdite, même s’il n’est pas sanctionné aujourd’hui, la faute persiste tant qu’il ne s’est pas repenti. Parfois, il sera puni après un long moment, et parfois, ses enfants après lui, à D.ieu ne plaise. (Par mauvaise pensée, on entend une pensée intrinsèquement mauvaise, c’est-à-dire immorale, idolâtre ou hérétique).

Chacun doit donc se renforcer rapidement et ne pas laisser ses transgressions s’accumuler, transgression après transgression. C’est le fondement du judaïsme : vivre dans la crainte d’Hachem et dans la crainte du péché. Quiconque néglige cela néglige la base même du judaïsme. 

Il est également impossible de réussir dans l’étude de la Torah en négligeant la crainte d’Hachem, car pour réussir dans l’étude, il faut avant tout s’éloigner du péché. Il appartient à chacun de réfléchir à la meilleure façon d’utiliser le temps dont il dispose et dont dépend tout son avenir, pour l’éternité ; et que chacun fasse ce calcul en fonction de sa situation personnelle uniquement. En effet, Hachem exige de chacun selon ses forces et ses capacités personnelles, conformément à la situation qui lui a été donnée, sans influencer négativement son prochain ou sans se laisser influencer. Prétendre agir comme untel ou untel ne le sauvera pas au jour du Jugement ; au contraire, cela ne fera que renforcer les accusations portées contre lui : pourquoi il a été influencé par une certaine personne, et pourquoi s’est-il laissé influencer ? 

Béni soit celui qui prend le temps d’étudier la sainte Torah, dont la sagesse est infinie et insondable. Par la grâce d’Hachem, chacun qui s’efforce de se renforcer comme nous l’avons dit réussira grandement, Amen. »