Recueil de maximes (suite) concernant la Prière et plus particulièrement la spécificité de nos requêtes adressées uniquement à D.ieu :
 

S’il arrive à l’homme de souffrir, que D.ieu nous en préserve, qu’il prie avec beaucoup d’intensité, qu’il pense que les lettres de son nom en hébreu et du Nom d’Hachem sont  attachées et à l’intériorité de la lumière qu’elles contiennent. Il priera pour cela le Créateur avec sincérité dans les lettres, il élèvera cela vers le haut et la souffrance lui sera retirée.  (Notions Kabbalistiques) Toutefois, cela nécessite une conviction puissante. Il doit croire fermement à la Protection Divine et au fait qu’il n’existe rien en dehors de D.ieu. Qu’il ne se sente pas dépendant du sort ou du hasard mais seulement de D.ieu qui le protège dans tous les domaines, petits ou grands. Il doit savoir que tous les événements sont analysés devant Lui en une seule fois, comme nos Sages, de mémoire bénie, l’ont dit (Roch Hachana, 18a) : « Tous seront passés en revue d’un seul coup d’œil ». Il croira fermement que la chose est entre les mains de la Providence Divine, ce qui est exprimé par l’expression "un seul coup d’œil". Sans cette conviction parfaite, sa prière ou celle des autres n’agira pas sur lui dans la mesure où il ne se tournera pas véritablement vers la Providence Divine.

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Il est écrit dans les Téhilim (145, 18) : « L’Eternel est proche de tous ceux qui L’invoquent, de tous ceux qui L’appellent avec sincérité ». Le mot "émet(sincérité) est composé du alef, du mèm et du tav, trois lettres ayant pour positions respectives dans l’alphabet "roch(la tête)"tavèkh" (le centre) et "sof" (la fin)"Roch" s’apparente au Saint Béni Soit-Il, qui est le premier et que rien n’a précédé. "Tavèkh" c’est l’existence de tous les mondes qu’Il a créés, les supérieurs et les inférieurs. "Sof" signifie que le Saint Béni Soit-Il règne sur tout, même sur les choses de ce monde et que rien d’autre n’existe que Lui, comme il est expliqué dans le Talmud (Traité Sanhédrin, 67b) : « ... Et même la sorcellerie n'a pas la possibilité de s'opposer à D.ieu… » Bien que nos Sages aient dit (Ibid.) : « La magie veut contredire les décisions d'En Haut », ceci s'applique à ces mêmes personnes qui n'ont pas une foi parfaite en D.ieu.

Il est certain que si quelqu’un n’a pas de position déterminée mais oscille entre les deux attitudes, il est difficile de demander à D.ieu de le prendre en miséricorde, dans la mesure où lui-même n’a pas la foi. Les domaines dans lesquels  il place sa confiance ne sont pas durables et même si les incantations magiques peuvent avoir un quelconque effet sur lui, il n’est que provisoire. Les enfants qu’il pourra avoir avec de tels procédés ne pourront vivre plus de sept ans. En revanche, celui qui a confiance et croit en D.ieu Tout-Puissant et ne se tourne que vers Lui, méritera une grande descendance. (Méor ‘Enaïm, Chabbath)

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« L’Eternel est proche de tous ceux qui L’invoquent ». (Téhilim 145, 18) Telle est la vérité, Hachem est très proche de l’homme. Les mécréants, eux, refusent d’y croire et doutent que D.ieu puisse remplir toutes nos demandes. La suite du verset « … De tous ceux qui L’appellent avec sincérité » vient nous enseigner que ceux qui se tournent vers D.ieu avec sincérité, c’est-à-dire en étant intimement convaincu qu’Il est proche, alors effectivement Il le sera pour eux et accomplira toutes leurs requêtes. En revanche, la prière de celui qui n’a qu’une croyance mitigée sera très loin d’être acceptée. (Na’halat Chim’on, 11b)

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Il est vivement conseillé de toujours éveiller la miséricorde de D.ieu sur son âme infortunée afin qu’Il lui donne le mérite de croire en Lui. Chaque Mitsva qu’il accomplira comme les Téfilines, les Tsitsit, l’étude de la Torah, le Mikvé, la Tsédaka, il l’accompagnera de prières pour demander à Hachem de lui faire mériter, ainsi qu’à sa descendance, d’avoir une confiance absolue et claire en Lui et d’empêcher le doute de pénétrer son cœur. (Chomer Emounim, Maamar Mévakech Emouna, chap.3)

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Quand un Ben Israël adresse une requête à D.ieu concernant un besoin matériel, il arrive que sa prière ne soit pas toujours acceptée si sa demande n’est pas pour son bien. En revanche, s’il demande qu’Hachem lui accorde une foi inébranlable et pure, qu’il soit convaincu que chaque chose qui lui arrive est la volonté d’HachemMaran Milékhévitch explique que lorsqu’un homme prononce la phrase « J’ai la foi », trois significations peuvent lui être données : 1) le sens simple de cette expression, c’est-à-dire qu’il est un homme de foi, 2) son désir ardent d’avoir une confiance absolue en D.ieu, 3) le fait qu’il demande à D.ieu : Maître du monde, aide-moi à avoir une foi parfaite. Dans ce cas, rien n’empêche sa prière d’être reçue car il est évident que c’est pour son bien. (Beit Avraham, ‘Hanouka)

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Rav Yonatan Eibchitz a écrit dans son ouvrage : en prononçant la bénédiction "Chém’a Kolénou", notre intention sera de prier Hachem pour tous nos besoins, les grands comme les petits, sans restriction. On priera pour un Chidoukh (rencontre organisée en vue d’un mariage) pour nous-mêmes ou nos enfants, ou bien pour réussir honnêtement lors de transactions commerciales. Ce sera un principe général de rien entreprendre sans demander à D.ieu au préalable qu’il nous guide dans le bon chemin. Il est inutile de préciser qu’on priera également s’il arrive, D.ieu nous en préserve, un quelconque malheur dans notre foyer ou pour éviter de fauter lors d’une festivité et la transformer en source de tristesse. Pour tous les sujets, on priera dans notre langue. Et même si on bégaie et on ne peut prier en hébreu comme il se doit, on sera cher aux yeux d’Hachem comme celui qui prie dans une langue claire, agréable et limpide. Grâce à cette prière, D.ieu entendra notre voix.

Une prière personnelle ne peut qu’être bénéfique à celui qui la prononce car peut-on prier pour soi-même sans y mettre de ferveur, prononcer des paroles que notre cœur n’accompagnera pas ? Chaque jour, il s’agit d’exprimer un nouveau besoin et de trouver les mots qui conviennent. Il est évident que pour y parvenir, il soit nécessaire de se concentrer et qu’une prière parfaite en résultera car l’essentiel est qu’elle provienne des profondeurs du cœur, comme il est écrit (Téhilim 130, 1) : « Des profondeurs de l’abîme, je t’invoque, ô Eternel ! »

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De plus, il est primordial que nos requêtes viennent du cœur car pour chaque situation où nous nous trouvons, nous avons besoin de prier, nous ne pouvons nous en remettre uniquement à notre Mazal, notre dévouement, notre assiduité et notre vigilance, car tout ceci n’est que mensonge. C’est du Ciel que toutes les actions de l’homme sont rendues possibles ; il ne peut remuer un doigt ici-bas sans que cela n’ait été décidé en haut. De là, il va pouvoir ressentir dans quelle mesure il doit surveiller ses paroles lorsqu’il s’adresse au Roi des rois des rois, le Roi du monde, car que ce soit le mal ou le bien, tout provient de Lui et de Sa providence. S’il en est ainsi, pourquoi devrions-nous suivre les futilités de ce monde ? Nous pourrions peiner une journée entière pour quelque chose, si Hakadoch Baroukh Hou ne l’a pas approuvée, nous ne l’obtiendrons pas. Comment pouvons-nous réclamer à D.ieu la richesse si c’est pour en user contre Sa volonté ?

De la même manière, si quelqu’un est conscient que toutes ses demandes sont remplies par D.ieu, il ne lui viendrait pas à l’idée de fauter. Un homme va-t-il demander à son ami de lui donner quelque chose afin de pouvoir le mécontenter ? Un tel comportement est contre nature. Alors comment un homme pourrait-il en faire autant avec D.ieu ?  C’est pour cette raison qu’un homme qui prie Hachem avec conviction pour tous ses besoins ne pourra jamais fauter. Ainsi a dit David Hamélekh (Téhilim 37, 5) : « Remets ta destinée à l’Eternel ; confie-toi à Lui : Il fera [le nécessaire] »(Yé’arot Dvach, T.1, Drouch 1)

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J’ai entendu du saint Tsadik de Pssi'ha, de mémoire bénie, un conseil pour tout Ben Israël afin qu’il ne lui manque rien et pour être toujours attaché à D.ieu : qu’il s’habitue à prier constamment pour chaque chose. Et qu’il ne pense pas qu’il ait besoin pour cela de s’isoler, de s’envelopper dans son Talith et de se couronner de ses Téfilines, mais il peut prier partout où il se trouve, même au marché, à condition que l’endroit soit propre. Comme il est dit (Dévarim 23, 15) : « Ton camp sera saint ». Il adressera ses requêtes à D.ieu et sans aucun doute, Il accomplira ses demandes et écoutera sa prière. De cette manière, il Lui sera toujours attaché. (Beit Ya’akov, Vayétsé) (Lokèt de l’ouvrage Dérekh Emouna)