Imaginons qu’un archéologue découvre demain dans les décombres de fouilles en Israël la fiole authentique qui contenait la manne... (On sait qu’à l'époque du Temple, on l’exhibait encore aux yeux du peuple rassemblé sur le parvis les jours de fêtes.)

Imaginons qu’aujourd’hui, en mai 2021, on authentifie l’objet comme étant bien le récipient le plus extraordinaire jamais découvert de l’époque biblique, qui certifie de façon absolue l’authenticité du périple de nos ancêtres dans le désert. On aurait sous les yeux la preuve tangible de leur vécu miraculeux alors qu’ils se nourrissaient de cet aliment, envoyé quotidiennement et directement de la Main de D.ieu.

Nourrissante à satiété, déposée dans un écrin de rosée, d’apparence cotonneuse et légère, de couleur satinée, prenant le goût de ce que l’on désirait, ne provoquant aucun déchet, la manne était un aliment ultra-adapté au métabolisme humain, alliant le beau et le bon, répondant à tous les besoins diététiques et spirituels de l’homme. Elle rassasiait tous les appétits, quelle que soit la quantité qu’on avalait et si un juif inquiet en cueillait plus qu’il n’en fallait, espérant en mettre de côté pour le lendemain, le trop-plein de manne se désagrégeait et pourrissait. Elle tombait d’ailleurs en ration double le vendredi. Dans le désert, on apprenait à vivre sans peur du lendemain, s’abandonnant à Celui qui donne tout et veille sur tout. 

Imaginez quel choc causerait la découverte du flacon qui l'aurait contenue ou de n’importe quel objet de culte ayant servi au Temple !

A la recherche du passé 

Le Rav Yonathan Shtenzel, affilié à la ‘Hassidout Radomsk, résidant à Bné Brak et s’occupant de Kirouv - rapprochement de ses frères au judaïsme - est tombé lors de son étude sur deux passages du Talmud citant explicitement que les ustensiles du Temple se trouvent à Rome.

rav Yonathan Shtenzel

Depuis, il n’a plus de repos et récolte tous les témoignages prouvant que les ustensiles sont bien en Italie. Quelles sont les preuves qu’il a réunies ? 

Les voici :

1) Tout d’abord, le visuel : le fronton de l’Arc de Titus à Rome, où l'on voit en haut-relief les soldats romains emportant la Ménora à Rome. 

Ménora sur l'Arc de Titus à Rome 

2) Puis les textes saints : la Guémara raconte il y a 1800 ans que certains objets se trouvent à Rome, comme « …la Table, la Ménora, la Parokhet (tenture séparant le Saint du Saint- des-Saints) et le Tsits (la tiare sur la coiffe du Kohen Gadol) alors que d’autres objets du Temple ont été cachés et leur emplacement reste inconnu, comme : le Tabernacle et ses ustensiles, l’Arche contenant les brisures des Tables de la Loi, le bocal de la manne, le récipient de l’Huile d’Onction, le bâton d'Aharon, les habits du Kohen et du Machia’h » (Avot de Rabbi Nathan, 41).

Ailleurs dans le Talmud (Massekhet Méhila 17,1), on lit :

« Rabbi El’azar Bar Rabbi Yossi dit : “Je l’ai vue à Rome (la Tenture, Parokhet) et elle portait des taches de sang des Korbanot ” ».

Kohen Gadol dans le Temple

3) Plus proche de nous : le ministre des Cultes en Israël, Chim’on Chetrit, a raconté à Shtenzel qu’un professeur habitant en Italie lui avait dévoilé avoir vu au Vatican les ustensiles du Temple. L’homme aurait par la suite rencontré le pape Jean- Paul II et lui aurait fait part de sa découverte. Mais le Pape aurait esquivé le sujet. 

4) En 1929, le grand rabbin de Libye, Rav Its’hak Haï Bokobza, reçut dans sa synagogue avec faste et honneurs le roi d’Italie Victor Emmanuel III lors de sa visite à Tripoli. Le roi, profondément touché par l'accueil chaleureux de la communauté juive libyenne, invita le Rav à Rome et lui arrangea un rendez-vous dans les caves du Vatican pour voir les objets du Temple. Le témoignage est retranscrit dans le livre « Maamar Esther » du Rav Moché David Ben Nissim Haddad, Rabbin de la ville de Nabeul en Tunisie et dans le livre « Lev Yamim ». 

Rabbi Its'hak 'Haï Bokobza - Synagogue de Tripoli

Le Rav Bokobza, éminent érudit, versé dans les textes saints et dans la Kabbale, fut autorisé de façon exceptionnelle par le Pape à entrer seul dans les caves du Vatican, après la vive insistance du roi Victor Emmanuel. Le saint Rav de Tripoli se prépara à la visite dans la plus grande piété en jeûnant, et se fit accompagner jusqu'à l'entrée du Vatican par ses élèves (qui s’étaient joints à lui pour ce voyage, dans un bateau affrété spécialement pour eux par le roi d’Italie). L’homme qui l’accompagnait dans les couloirs des caves secrètes aurait soulevé un rideau dévoilant l’inimaginable... Le Rav, après avoir regardé les objets, aurait dit : « C’est assez. Je ne veux pas voir plus... » (rapporté dans son livre « Beth Hala’hmi »). Ses élèves, qui l’attendaient au dehors, témoignèrent que son visage, lorsqu’il les rejoignit, irradiait et qu’il ne prononça pas un mot. 

Rav Bokobza, de retour à Tripoli, s’assigna un jeûne de la parole et se voua à l’étude intensive de la Torah. Il rendit son âme pure à son Créateur exactement 40 jours après cette visite bouleversante, à 77 ans, sans dévoiler le secret de ce qu’il avait vu. 

5) L’Admour de Radzyn (Rav Guerchon ‘Hanokh Hénikh Leiner) témoigna en 1888 qu’il avait vu les ustensiles alors qu’il était venu en Italie pour étudier les lois de Tékhélet (encre utilisée pour les Tsitsit), sujet sur lequel il écrivit des ouvrages de référence. À l'époque, il était beaucoup plus facile de recevoir une permission de rentrer au Vatican.

6) Le Rav Israël Miller, fils du rescapé de la Shoa Rav Baroukh Miller, reçut le témoignage direct de son père selon lequel ce dernier avait vu les objets saints au Vatican avant la Shoa, alors qu’il s’était déguisé en non-juif. 

 

Shtenzel, fort de ces témoignages, a même rédigé une lettre au Pape, aidé d’un notaire, lui demandant de rendre au peuple juif les ustensiles saints. Naïveté désarmante ? Peut être... mais qui n’essaie rien n’a rien.

Lettre adressée au Pape par le Rav Yonathan Shtenzel 

Le Consul du Vatican à Jérusalem lui répondit ainsi :

“Nous avons aujourd’hui de bonnes relations avec les Juifs. Comment pouvez-vous nous accuser d'une telle chose ? Si vous avez des preuves, nous vous invitons à les présenter devant le très saint Pape à Rome.” 

Rav Schtenzel déduit de la lettre : “Ils ne réfutent pas que les ustensiles soient chez eux. Ils demandent des preuves. Malheureusement, les témoins sont déjà décédés depuis 80 ans. Et ils le savent.”

Epilogue

Les objets ne sont pas inertes. Ils murmurent le passé, pour qui sait entendre. A plus forte raison les objets saints qui sont les témoins palpitants de notre histoire millénaire : les ustensiles du Temple, le flacon contenant la Manne, le bâton d'Aharon, l’Arche sainte couronnée par les deux chérubins et contenant les éclats des Tables de la Loi. Chacun de ces objets fait écho à un événement fondateur du peuple élu et porte une charge immense, à la fois historique et affective pour chaque juif : la sortie d’Egypte, le don de la Torah, le Tabernacle, le Temple. Espérons et prions pour que très bientôt, comme promis, ils resurgissent à la fin des temps et soient utilisés à nouveau pour le service divin. Amen Véamen.