Ces derniers mois, nous avons examiné les lois élémentaires de la restitution d’objets perdus. Dans les semaines à venir, nous aborderons un certain nombre de cas pratiques afin de nous aider à appliquer ces lois dans la vie quotidienne.

1. Nous avons appris que l’obligation de restituer des objets perdus s’applique également à contribuer à sauver l’argent d’autrui. Par exemple, si on est le dernier à quitter le bureau où on travaille, on devra éteindre les lumières afin d’épargner au propriétaire une dépense inutile d’électricité (c’est valable uniquement lorsque le propriétaire ne veut pas que les lumières restent allumées toute la nuit).

2. De même, si l’on voit une voiture qui reste d’être endommagée par le passage de véhicules circulant à côté, alors, si possible, on devra pousser la voiture hors d’atteinte (bien entendu, on devra le faire uniquement si on n’encoure aucun danger).

3. Un objet, tel qu’un manteau, oublié à la synagogue n’est pas réellement perdu et ne doit pas être pris dans le but d’être restitué. De plus, on ne doit même pas le déplacer. Lorsque le propriétaire réalisera enfin sa perte, il se souviendra certainement où il l’a laissé et viendra le rechercher. Néanmoins, lorsque l’objet a été retrouvé dans une partie non gardée de la synagogue, il est alors considéré comme un objet perdu. En effet, il y a un risque sérieux qu’il soit volé ou endommagé.

4. Si on trouve de l’argent ou tout objet ne possédant aucun Simoun (marque d’identification) dans un lieu public tel qu’une synagogue, on aura le droit de le garder et on ne sera pas obligé de le remettre aux propriétaires de l’institution.

Résumé

Ces derniers mois, nous avons abordé les lois relatives à la restitution d’objets perdus de manière très détaillée. Avant de passer au sujet suivant, il vaut la peine de revoir certaines idées que nous tirons de cette Mitsva. La leçon la plus importante à retenir : on ne peut vivre dans une bulle en ignorant les besoins de ceux qui nous entourent. Nous avons un degré de responsabilité pour les biens d’autrui. Nous avons mentionné dans le passé ce point de vue de la Torah : le fait de ne pas aider les autres n’est pas neutre, c’est plutôt considéré comme une forme de conduite négative. En conséquence, on doit développer une conscience du monde autour de soi et se demander comment contribuer à améliorer le monde.

La Mitsva de restituer des objets perdus nous enseigne que même lorsque nous marchons dans la rue, nous devons être conscients qu’un objet perdu peut se trouver au sol. De plus, nous devons être prêts à déployer les efforts nécessaires pour remplir notre obligation de restituer l’objet à son propriétaire légitime. En agissant ainsi, on peut faire une grande faveur à celui qui a perdu l’objet. Nombreux sont ceux qui sont très affligés lorsqu’ils perdent des objets de valeur, et les leur restituer constitue une grande Mitsva.

Une histoire remarquable illustre le sens profond de la Mitsva de restituer des objets perdus. Une jeune femme non-pratiquante assista un jour à un cours de Torah alors qu’elle se trouvait en vacances à Jérusalem. Ce cours portait sur la Mitsva de restituer des objets perdus. La femme ne fut pas particulièrement émue du cours et poursuivit sa vie comme si de rien n’était. Quelque temps plus tard, elle séjourna en Extrême-Orient et plongea dans les religions orientales. Elle adopta un gourou comme son mentor spirituel - elle le perçut comme une personnification de la spiritualité. A une occasion, ils marchaient ensemble et le gourou aperçut un portefeuille par terre. Il le ramassa et le mit dans sa poche. Elle lui demanda s’il allait tenter de le restituer à son propriétaire et il répondit qu’il le conserverait pour lui. Elle se remémora à ce moment-là le cours qu’elle avait entendu à ce sujet. L’indifférence du gourou face aux biens d’autrui contrastait fortement par rapport à l’attitude de la Torah. Elle décida de retourner à Jérusalem pour en apprendre davantage sur la religion de ses ancêtres.

L’un des aspects les plus frappants de cette histoire est la manière dont le gourou ne s’est pas relié « spirituellement » à la prise de responsabilité par rapport aux biens d’autrui. La spiritualité était réservée à des domaines comme la prière et la méditation, mais jouait un rôle mineur dans la vie quotidienne. Le judaïsme insiste sur l’idée que la spiritualité n’est pas limitée à notre relation à D.ieu, mais on peut se relier à la spiritualité en suivant la Torah dans les domaines qui paraissent des plus profanes a priori, comme restituer les objets perdus appartenant à autrui. En étudiant les lois des Mitsvot liées à notre vie quotidienne, nous pouvons élever des faits banals en les transformant en occasion de nous connecter à D.ieu en accomplissant Sa volonté.


[1] Une bonne partie de ces informations sont extraites de l’ouvrage : Halachos of Other People's Money du Rav Yisroel Pinchos Bodner.