Un Chabbat, alors que les élèves de la Yéchiva étaient rentrés chez eux, je fus invité chez mon beau-père, Rav Nissim Tolédano. Pour la prière, nous allâmes dans l’une des synagogues de Béer Yaakov. A notre retour, un homme accosta Rabbénou, mon beau-père et commença à lui déverser sa colère. Il l’insulta et le méprisa.

Rabbénou m’indiqua d’avancer et me dit qu’il viendrait dès qu’il pourrait. Je ne savais pas quoi faire, car d’un côté, je me sentais obligé de répondre à cet homme effronté afin de préserver l’honneur de la Torah, mais d’un autre côté, Rabbénou m’avait ordonné de ne rien faire et de m’en aller.

Finalement, alors que j’étais en train de réfléchir quelle conduite je devais adopter, l’homme finit de crier et s’en alla. Durant tout ce moment, Rabbénou ne s’énerva pas et resta silencieux, la tête légèrement courbée.Je me précipitais vers Rabbénou en m’excusant de ne pas avoir protesté contre cette agression.

Il me répondit : « Tu as bien fait, c’est ce que je voulais que tu fasses. Cet homme a sûrement des problèmes dans sa maison, et c’est cela lui rend la vie amère. Je pense que cela lui a fait du bien de pouvoir déverser sa colère sur quelqu’un. Je suis content d'avoir pu l’aider… Et ne croit pas que j’ai bafoué l’honneur de la Torah que je représente, car au contraire, c’est cela l’honneur de la Torah : savoir se taire face aux agressions injustifiées ! »
 

Rav Yaakov Ohayon