« Lorsque je reçus le coup de poing, je sus tout de suite de qui cela provenait. C’était l’habitude du Rav Its’hak Zilber avec ses proches. Les coups du Rav Its’hak étaient très attendus et arrivaient à point nommé. Cela provenait de l’amour d’un père, et nous ressentions une proximité avec le Rav. » Ainsi commence l’histoire racontée par le Rav Yéhouda Gordon, responsable du département des femmes en instance de divorce au sein du Grand Rabbinat en Israël.

« Après bien des efforts, nous avons réussi à obtenir le Guèt (acte de divorce) pour cette jeune femme de Kiryat Gat.

A vrai dire, elle était obligée de divorcer, mais elle ne voulait pas recevoir son Guèt et elle ne voulait pas non plus parler aux Rabbanim.

"Je n’ai besoin de rien", disait-elle.

Elle travaillait dans une usine proche de sa maison depuis 6h30 du matin.

J’ai emprunté la voiture d’un ami en voyage à l’étranger, et chaque matin je l’attendais à 6h30 en bas de chez elle.

"Quoi ?! Vous êtes encore ici ? Que me veulent les Rabbanim ? Combien recevez-vous pour ça ?"

En fait, je payais de mon propre argent l’essence des voyages jusqu'à Kiryat Gat. Et après 6 ou 7 voyages et plusieurs refus accompagnés d’insultes, je désespérais. Mais je savais que le Rav Its’hak n’aurait pas abandonné. Je lui dis alors que je n’avais pas dormi depuis plusieurs nuits, mais elle n’était pas prête à m’écouter. Je voulais éditer un décret rabbinique contre elle et la faire venir avec des menottes, mais Rav Its’hak aurait dit : "Ce n’est pas digne pour une femme du peuple d’Israël."

Rav Its’hak comptait énormément sur moi, et je me suis dit qu’il fallait essayer une dernière fois avant d’éditer le décret rabbinique. Je me suis rendu à sa maison une nouvelle fois à 6h du matin.

"Je ne veux rien de la part du Grand Rabbinat". Je lui dis alors que j'allais devoir la contraindre à venir par une injonction du Beth-Din (tribunal rabbinique).

Le Rav Its’hak arriva ce jour-là en retard au Beth-Din (il travaillait 4 ou 5 heures par jour de manière volontaire). Il était très fatigué. Je lui demandai : "Où avez-vous passé la nuit ?"

Le Rav s’assit, épuisé par la fatigue, et se mit à raconter que, puisqu'il n’y avait pas beaucoup d’autobus à cette heure-ci pour Kiryat Gat, il se mit en voyage la nuit à bord du dernier autobus : "A mon arrivée, je me suis reposé sur un banc dans un jardin, et à 6h je me suis rendu à sa porte."

"Et que s’est-il passé ?", demandai-je. Bien que le Rav essuya encore un refus, il jugea favorablement cette femme.

Les jours qui suivirent, le Rav arriva plusieurs fois en retard au Beth-Din, et je savais où il avait passé la nuit.

Aucun père au monde n’aurait agi ainsi pour sa propre fille !

Après quelque temps, le Rav me raconta qu’une fois, un voisin appela la police, mais le Rav continua à venir.

Après plusieurs jours, j’observai le Rav courir dans les couloirs du Beth-Din, et cette femme courrait après lui en criant : "Vous m’aviez dit que ça prendrait au moins 6 mois pour que je reçoive mon Guèt !"

"Que s’est-il passé ?",  demandai-je à la dame.

"J’ai reçu mon Guèt à l’instant. Et j’ai soudainement compris que je l’ai reçu à une vitesse anormale. Rabbi Its’hak est un grand Tsaddik, je ne pouvais pas lui refuser. Ce matin, lorsque je suis sortie de chez moi, je n’ai pas vu le Rav qui m’attendait, j’étais étonnée. Que se passe-t-il aujourd‘hui ? Peut-être a-t-il abandonné ! Et en passant par le jardin public, je l'ai vu endormi avec un livre dans la main, épuisé d’une longue semaine… Je me suis mise à pleurer devant une telle scène. J’ai ressenti que mon père dormait dehors. Je l'ai réveillé et lui ai dit que je voyagerai avec lui aujourd’hui !"

Le Rav demanda pardon à la dame pour tout ce dérangement. Je me mis à sourire, et je reçus de nouveau un coup de poing… Après le départ de la dame, je demandai au Rav : "Et qu’allez-vous faire de vos nuits à présent ?" Mais la réponse, je l’avais déjà : encore une Mitsva !

Ainsi sont les Tsadikim ! Ainsi le Machia’h’ viendra !