Voici devant vous une famille nombreuse : Talia âgée de dix ans, Yits’hak âgé de neuf ans, ’Haïm de huit ans, Yonathan de sept, Esther âgée de six ans, ’Hanna de cinq, Gabriel de trois ans et demi, Tamar de deux ans et Yoël, le bébé de huit mois…

Cela ne fait pas si longtemps qu’ils se sont mariés et ils ont déjà presque un Minyan chez eux !

Dans ce marathon journalier, ils tentent de souffler, de profiter de chaque instant et de reprendre les forces nécessaires pour continuer.

Parfois pourtant, une question délicate leur vient à l’esprit : « Sommes-nous obligés de vivre ainsi ? »

Cette remise en question les effraie et ils veulent à tout prix la passer sous silence !

« Comment pouvons-nous penser à une telle éventualité ? Comment osons-nous parler de nos enfants si mignons et oublier tous ces moments de bonheur si intenses ? Sans parler de ceux qui n’ont pas mérité une famille si nombreuse ? » Se demandent-ils.

Toutefois, cette interrogation ressurgit et ils ne parviennent pas à l’étouffer complètement…

Elle exige chaque fois de nouveau une réponse satisfaisante.

Mais les doutes les assaillent : « Qui a dit qu’il fallait construire un si grand édifice ? La Mitsva de « Pérou Ourvou » (se multiplier) n’est-elle pas accomplie dès que l’on a deux enfants ! Si nous sentons que l’énergie nous manque, devons-nous persévérer dans cette voie ? »

L’une des tendances humaines est de vouloir tirer le meilleur de soi.

C’est ce qui incite le peintre à dessiner, l’écrivain à composer et la femme à mettre au monde des enfants !

Adam a appelé sa femme ’Hava : « Em Kol ’Haï » : mère de tous les vivants. Le nom exprime l’essence de l’individu. La femme est conçue pour être mère !

Elle éprouve un plaisir indicible à contempler ses enfants qui débordent de joie de vivre. Son amour ne connaît pas de bornes !

Le fait de savoir qu’elle participe à la perpétuité du genre humain lui fait encore plus apprécier le cadeau qu’elle a reçu de D.ieu : son aptitude à donner la vie. Elle désire donc constamment des enfants !

Pourtant, la société environnante prône le contraire. Elle ancre dans l’esprit des gens de façon insidieuse que deux ou trois enfants suffisent largement.

Elle transmet d’autres messages tels que :

« Il est difficile d’éduquer les enfants ! Le salaire mensuel ne couvre pas toutes les dépenses nécessaires ! Il est essentiel de passer de bonnes nuits ! Veiller sur un enfant malade exige des forces considérables ! »

Il est évident que les difficultés pour élever une famille nombreuse sont de taille et sont de plusieurs ordres : technique, financier et moral.

Pourquoi doit-on choisir alors cette manière de vivre ?

Dans les lignes qui suivent, nous exposerons le point de vue de la Torah pour comprendre que cette hygiène de vie est la bonne et pour apprendre à recharger nos batteries.

Le Gaon Rav Chimchon Pinkous met en lumière le lien qu’Hachem entretient avec le peuple d’Israël qui s’apparente au mariage.

Le lien entre mari et femme n’est pas un contrat de travail : tu gères la maison et je cherche les moyens de subsistance, tu la nettoies, je t’offre des bijoux…

Il s’agit d’une relation solide basée sur l’amour, l’amitié, la paix et l’entraide !

Dans un authentique foyer juif, la femme procure à son mari plus que ce qu’elle doit lui donner. Elle ne tient pas un compte précis de ses heures de travail ni de la récompense pour chaque supplément. Quant au mari, il s’investit aussi sans regarder les conditions.

Cet amour mutuel les incite à vouloir le bien de l’autre et à lui donner sans limites !

Le lien entre D.ieu et le Peuple Juif est aussi un lien matrimonial : « Je t’ai épousé pour l’éternité ! »

Il ne s’agit pas de servir D.ieu pour jouir d’une belle vie ici-bas et d’une récompense dans le monde futur. C’est vivre avec D.ieu comme des partenaires, avec amour et en étant intimement liés.

De ce point de vue, le service divin n’est pas une contrainte, il est réalisé avec joie comme des gens qui s’aiment et qui ne cessent de chercher des occasions de se faire plaisir, à l’image d’un père envers son fils ou d’un homme envers sa femme, qui aspirent à combler l’autre sans rien attendre en retour.

Tout n’est pas inscrit dans la Torah. De nombreux actes de ’Hassidout et de Hiddour Mitsva sont accomplis par amour pour D.ieu et par conscience qu’il s’agit de Sa Volonté.

Les enfants d’Israël en Égypte n’ont pas changé leur nom, leur langue et leur façon de se vêtir. Grâce à cela, ils méritèrent d’être délivrés. Pourtant, il n’est nulle part écrit qu’il est interdit de s’habiller comme des non-juifs ou de porter leurs prénoms !

La Torah n’a jamais ordonné de fonder une famille de dix enfants et plus. Mais puisque nous savons qu’il n’y a rien de plus cher aux yeux de D.ieu qu’une âme juive qui descend sur Terre, nous nous efforçons d’agir au-delà de ce qui nous a été demandé !

Lorsqu’une femme met un enfant au monde, c’est le cadeau le plus précieux qu’elle puisse offrir au Maître du monde !

Nos Sages, de mémoire bénie, ont dit (Traité Nidda 13b) : « Le fils de David ne viendra que lorsqu’il n’y aura plus d’âmes (à faire descendre) » Chaque nourrisson nous rapproche donc de la Rédemption finale !

A chaque époque, les hommes ont tout sacrifié pour sauver une seule âme juive. Dans notre foyer, nous pouvons octroyer aux membres de la famille notre force physique, notre force morale, notre argent et notre cœur, et ce dans l’unique but d’accomplir la Volonté de D.ieu.

Est-ce une mission simple ?

Loin de là, mais savoir que chaque enfant est un présent royal pour ton Père qui est au Ciel t’encouragera sûrement !

Tu mériteras alors de recevoir l’abondance de D.ieu ! Hachem sait rendre l’amour dont on fait preuve envers Lui. Ta famille bénie d’enfants connaîtra une aide du Ciel particulière !

La tête baissée, les vêtements déchirés, le pauvre se tient dans le bureau du riche et quémande. L’homme d’affaires est bien trop occupé pour lui jeter un regard.

Derrière ses papiers et ses dossiers éparpillés sur sa table, il murmure : ce n’est pas le moment !

Mais l’indigent s’entête, il ne veut pas sortir les mains vides. Il prend son courage à deux mains et lui demande :

« Pardon, mais j’ai une toute petite question : combien avez-vous d’enfants ? »

Le riche lève les yeux. Il est impressionné par la force et la confiance qui émanent de cet individu malchanceux.

« J’en ai deux ! » répondit-il.

« Sachez que D.ieu m’aime plus que vous ! »

Le riche reste incrédule devant cette réplique.

« J’ai été béni de dix enfants ! »

Le riche n’a plus le choix, il ouvre son cœur et son porte-monnaie et lui donne beaucoup plus que le pauvre n’aurait pu espérer…