Je viens juste de rentrer d’Israël où nous avons, grâce à D.ieu, organisé de fantastiques activités avec ma petite-fille, Shaindy Wolff- Eisenberg, qui dirige notre association à Jérusalem. En l’espace d’un an, elle a attiré un groupe spectaculaire de jeunes gens que j’ai été très heureuse de rencontrer.

Outre nos programmes de Hinéni, j’ai pris la parole chaque soir dans différentes localités, à un public issu de divers horizons, venus en Israël du monde entier. Nous rentrions toujours très tard le soir à Jérusalem, et, comme nous n’avions pas le temps de dîner avant ces sorties, nous avions faim et très peu de restaurants étaient ouverts, même pour un encas. Ceux qui connaissent Jérusalem savent qu’un endroit est toujours ouvert, quelle que soit l’heure : le café Rimon.

Le Café Rimon est un restaurant toujours bondé, il est difficile de trouver une table. Il est fréquenté par un public issu de tous les horizons… Américains, Israéliens, élèves de Yéchiva, Juifs laïcs, ‘Hassidim, jeunes et vieux. Assis à une table adjacente à la nôtre, se trouvait un groupe de jeunes hommes ‘hassidiques. Je ne pus m’empêcher d’entendre leur conversation. Soudain, j’entendis l’un d’eux prononcer un juron inapproprié, un langage convenant plus à la rue qu’à des élèves de Yéchiva. Je sentis que je ne pouvais pas laisser passer cela. Mes amis, attablés avec moi, eurent du mal à croire que j’allais les aborder pour exprimer mon mécontentement.

« Ils vont t’en vouloir », m’avertirent-ils.

Déconsidérant leur remarque, je m’approchai de la table des jeunes hommes et déclarai : « Je suis fort désolée de vous interrompre, mais je vous parle du fond du cœur, alors ne vous méprenez pas sur mes propos. J’ai été très triste à la pensée que les termes que j’ai entendus ont été prononcés ici, à Jérusalem, la sainte ville de D.ieu, par des élèves d’une Yéchiva ‘Hassidique. »

Le jeune homme qui était l’auteur de ces termes offensants détourna le regard, un sourire narquois sur son visage.

« Ne réagissez pas ainsi, repris-je, je parle avec amour et sincérité, et vous répondez avec mépris. Ne voyez-vous pas ce qui se passe dans le monde ? Les dangers auxquels nous sommes confrontés ? Les desseins sataniques de nos voisins de nous rayer de la carte ? Seul D.ieu peut nous aider, et vous savez qui Il est : Ribono Chel ‘Olam, le Maître du monde… et vous êtes assis ici, en employant un tel langage ! »

Je continuai à leur parler de diverses choses et ils m’observèrent, momentanément sans voix. Une fois mon monologue terminé, ils s’excusèrent tous et me remercièrent de leur avoir rappelé qui ils sont. Lorsque je les quittai, ils se levèrent avec respect et exprimèrent à nouveau leur appréciation.

Je relate cette histoire parce que nous vivons dans un monde dément, une société malade et décadente. Il est facile pour chacun de se perdre, et une fois la « descente aux enfers » entamée, la descente est très rapide. Descendre la pente est toujours très facile, mais il est très difficile de la remonter. Si nous prenons le problème à temps, et rappelons aux Juifs qui ils sont, nous pouvons changer le monde et aider chaque Juif perdu à rejoindre son Père céleste. Il suffit d’être suffisamment préoccupé pour s’impliquer… un concept politiquement incorrect dans notre esprit égoïste, la culture prégnante du : « occupez-vous de vos affaires ».

Vous pourriez encore protester que c’est une chose de tendre la main à Jérusalem, mais que c’est une tout autre affaire aux Etats-Unis. Alors laissez-moi vous relater une autre histoire.

Pendant de nombreuses années, j’ai pris la parole dans différents séjours organisés de Pessa’h. J’ai eu le privilège de passer Pessa’h dernier dans une belle station balnéaire en Californie. Je me promenai l’après-midi du Yom Tov lorsque je remarquai un groupe d’adolescents plongés dans un jeu de cartes. Sans y réfléchir à deux fois, je m’approchai d’eux.

« Désolé de vous interrompre, commençai-je, mais c’est Pessa’h, Yom Tov. Pensez-vous que nous devons remercier Hachem de cette façon… en jouant aux cartes ? Je vous en prie, ne pensez pas que j’essaie de prêcher ou de vous faire un sermon, ce n’est absolument pas mon intention, leur assurai-je. Je parle vraiment du fond du cœur », et je continuai à leur parler de bien d’autres sujets.

Je sais qu’un grand nombre de lecteurs penseront que de telles déclarations les ont rebutés, mais croyez-moi, non seulement n’ont-ils pas été offensés, mais au contraire, leur curiosité a été piquée ! Nous continuâmes à parler pendant quelques minutes, discutant du cours que j’avais donné ce jour-là, et lorsque je les quittai, ils me remercièrent.

Ce soir-là, dans la salle à manger, une femme s’approcha de notre table et se présenta comme la mère de l’un de ces garçons. Son fils lui avait rapporté avec beaucoup d’enthousiasme notre conversation.

« N’as-tu pas éprouvé de ressentiment ? », lui a-t-elle demandé.

« Non, répondit-il. La manière dont la Rabbanite s’est exprimée nous a fait comprendre qu’elle était sincère et parlait avec son cœur. » Et pendant qu’elle me relatait son histoire, son fils s’approcha de nous et confirma ses propos.

Quelle leçon pouvons-nous en tirer ? Si vous vous exprimez sincèrement, avec amour et avec cœur, sans porter de jugement, vos interlocuteurs vous comprendront et vous en seront reconnaissants. Ce n’est que lorsqu’on affiche une attitude moralisatrice et que notre voix véhicule le mépris et le manque de respect, que les gens sont offensés. Mais lorsque vous parlez avec votre cœur, vos propos pénètrent le cœur de vos auditeurs.