Il y a quelques semaines, j’ai reçu une lettre d’une femme qui exprimait la peur et l’inquiétude face à l’augmentation de l’antisémitisme dans le monde et la possibilité d’une autre Shoah, que D.ieu préserve. Sa lettre a suscité de nombreuses réactions. J’ai été inondée d’e-mails, dont j’ai publié une partie. Parmi ces lettres se trouvait un courrier d’un étudiant juif de l’UCLA (université de Californie de Los Angeles), qui horrifia de nombreux lecteurs du Jewish Press. Il y condamnait entre autres l’ancienne génération juive, qui, écrivait-il, est obsédée par la Shoah.

Il concédait que c’était un moment horrible de l’histoire, mais croyait aussi que cette expérience a créé une paranoïa chez de nombreux Juifs, au regard de l’antisémitisme. Il énonçait qu’un tel barbarisme était un vestige du vingtième siècle, et pour les Juifs, vivre à l’ombre de ce passé sauvage constituait un échec à reconnaître la nouvelle ère inaugurée par le 21ème siècle.

Notre société, écrit-il, « n’est pas tolérante du racisme ou de l’antisémitisme. Ce dont nous sommes témoins aujourd’hui, n’est pas un parti pris contre les Juifs, mais une objection contre la politique d’Israël et du sionisme qu’il représente ».

Ces propos émanent de l’un d’entre nous, un étudiant juif. Certains lecteurs hocheront la tête d’incrédulité. « Non, diront-ils, c’est un cas isolé, absolument pas typique des étudiants juifs. »

J’aimerais pouvoir être d’accord, mais, à mon grand regret, j’ai observé un grand fossé entre la jeunesse juive laïque et la génération plus âgée de notre peuple. Ces étudiants ne connaissent rien de la glorieuse histoire de notre peuple, la sainteté et la majesté du Sinaï, le moment où D.ieu nous a transmis notre héritage Divin, notre héritage éternel au fil des siècles. Ils ne connaissent pas non plus Israël, la terre sainte qui nous a été offerte par D.ieu en tant que partie intégrante de l’Alliance. Pour eux, une visite en Israël signifie passer du bon temps, à peu de choses près, tout comme un voyage dans d’autres pays. Leur connaissance d’Israël se résume à la propagande anti-israélienne des médias et des professeurs gauchistes.

Il va de soi que l’étudiant a raison de déclarer que l’antisémitisme n’est plus acceptable dans notre monde égalitaire, libéral, ouvert d’esprit, mais ce qu’il ignore, c’est que cet antisémitisme et ces positions anti-israéliennes sont une seule et même chose. Sous une forme ou une autre, l’antisémitisme nous a poursuivis depuis la genèse de l’histoire. « Békhol Dor Vador, à chaque génération, ils veulent nous détruire, mais D.ieu nous sauve toujours. »

Bien entendu, je me rends compte que l’étudiant de l’université d’UCLA ne peut s’identifier avec cette réalité, alors j’aimerais lui dire : en dépit de sa croyance que l’antisémitisme n’est plus acceptable dans la société contemporaine, nous devons prendre conscience que l’antisémitisme est très fourbe. A chaque génération, il dissimule sa haine sous d’autres apparats. Aujourd’hui, c’est l’antisionisme, la position anti-israélienne, mais, en réalité, c’est un masque de plus derrière lequel le même mal se cache.

Tragiquement, le Juif laïc moyen a des connaissances nulles ou minimales de sa foi. Pour mesurer la profondeur de son ignorance, je l’illustre souvent par l’exemple suivant : demandez-lui qui était la mère de Moïse, et il vous lancera un regard vide. Demandez-lui qui était la mère de Jésus, et il répondra immédiatement. Alors, il est facile de lui vendre des salades quand il s’agit de judaïsme, car il n’a aucun moyen de discerner la vérité, et le vide de son cœur et de son esprit est vite rempli par la propagande anti-israélienne.

Malheureusement, cet étudiant fait partie d’une génération spirituellement orpheline. Une génération qui ne sait rien de ce qu’elle est ou de ce que ses ancêtres furent.

Ils sont experts dans tous les domaines, les sciences, la finance, les arts, mais incapables d’identifier les saints ouvrages de notre peuple, sans parler de comprendre leur contenu. Rien d’étonnant alors qu’ils deviennent la proie facile des propagateurs de haine qui emplissent le vide dans leur esprit et leur cœur par du poison.

Si vous ignorez ce qu’est l’identité juive, votre judaïsme devient un fardeau dont vous êtes trop heureux de vous débarrasser. Malheureusement, c’est la situation tragique du Juif assimilé dans notre monde contemporain.

J’ai été récemment invitée à prendre la parole devant un groupe d’étudiants sur un campus réputé pour abriter une grande population estudiantine juive, engagée envers Israël. A ma grande surprise, avant la conférence, je reçus un e-mail de l’organisateur de l’événement m’expliquant que le jour même où je devais parler, des groupes d’étudiants musulmans allaient marquer la « fête nationale de l’Apartheid » en manifestant contre Israël.

Je savais que c’était courant sur la majorité des campus (rappelez-vous de l’ambassadeur d’Israël Michaël Oren quittant l’estrade sous les huées), je n’aurais jamais imaginé que, sur ce campus, connu pour sa forte population juive traditionnelle, il y aurait une manifestation de la « semaine nationale de l’Apartheid » contre Israël.

Oui, le dénigrement d’Israël est devenu un phénomène répandu. Or, un grand nombre de nos frères juifs se leurre en pensant que ce parti pris n’a rien à voir avec l’antisémitisme, mais qu’il s’agit uniquement de protester contre la politique d’Israël. Ils refusent de penser que c’est dirigé non seulement contre Israël, mais contre chaque Juif.