Le rendez-vous d’embauche avait été fixé à quatre heures de l’après-midi. Elle est sortie longtemps à l’avance, mais un embouteillage inattendu la met en retard.

Elle serre les lèvres, se ronge les ongles d’angoisse. Elle voudrait bien taper sur la fenêtre de l’autobus, mais elle a peur du ridicule.

Elle se force à respirer calmement, à ralentir les battements saccadés de son cœur.

Mais les aiguilles de la montre ne vont pas dans son sens, elles courent leur marathon quotidien.

« Pourquoi cela m’arrive-t-il ? » Pense-t-elle amèrement.

« Peut-être dois-je pousser l’autobus ! »

Des milliards d’êtres humains suivent le même itinéraire qui n’est autre que « la vie. »

Tu les contemples et tentes de percer le secret de leur réussite.

Ils semblent pour la plupart heureux.

Ils avancent en direction du but qu’ils se sont fixés, ils progressent, agissent comme il se doit, contournent les obstacles qui se présentent à eux avec un héroïsme hors du commun.

Tu observes et tu désespères !

Chez toi, rien ne se déroule avec aisance ! Tes désirs ne sont pas exaucés, tes prières ne sont pas agréées, tes demandes restent lettre morte…

« Comment pousser l’autobus ? » Te demandes-tu, prête à tout !

Sache que tu n’y parviendras jamais !

Il est impossible de faire bouger un bus à la force de ses poignets ! Une âme en peine peut-elle atteindre un tel but ?

Le bus est conduit par un chauffeur qui contrôle son volant…

Et il est souhaitable que le volant reste entre ses mains…

Beaucoup ont essayé vainement de tirer leur bus, s’efforçant de mille et une manières de combler leurs désirs. En fin de compte ils sont amers, tristes et déçus. Ils se sont battus contre des moulins à vent, comme Don Quichotte !

Ils ont gaspillé toutes leurs forces morales dans des tentatives stériles.

Avec le peu d’énergie qui leur reste, comment vont-ils donc avoir la force d’affronter leur vie ?

L’homme ne doit pas baisser les bras, mais il a le devoir d’accepter la situation telle qu’elle est.

On ne se débat pas avec des vagues tumultueuses. On ne se soumet pas par faiblesse, mais en toute conscience et en décidant que telle doit être notre conduite. Après chaque vague, l’homme se secoue et met la tête hors de l’eau. Une vague après l’autre jusqu’à arriver à bon port. Ainsi, il vivra calme et serein, acceptant la réalité et priant de tout son être.

Ilana était la petite dernière, la gâtée de la famille. Elle charmait son entourage et tous étaient à ses petits soins !

Depuis toute petite, elle prit l’habitude de se rouler sur le sol chaque fois qu’une situation ne lui convenait pas. En grandissant, elle se retint de trépigner, mais le mécontentement se lisait sur son visage.

Ses traits se durcissaient de colère. Elle avait toujours le dernier mot. Elle ne se soumettait jamais ni ne cédait. Si finalement la situation ne tournait pas à son avantage, elle se renfermait dans sa coquille, envahie par la tristesse.

Son mariage aurait pu être à l’image de son passé, mais elle dut affronter la terrible épreuve de ne pas avoir d’enfants.

Elle réagit comme avant, mais cette fois-ci, personne ne pouvait l’aider !

Son mari, abattu et affligé lui-même, avait du mal à soutenir le regard de sa femme. Ses parents levaient les bras au Ciel désespérés, ils auraient tout donné pour leur fille chérie, la prunelle de leurs yeux. Ses sœurs gardaient le silence, impuissantes.

La déception était là, plus intense que jamais.

C’est précisément à cette étape de la vie qu’un changement s’opéra.

Pour garder son équilibre mental, elle dut pour la première fois apprendre à se soumettre, à rendre les armes.

Le processus s’avéra long et compliqué, mais finalement, Ilana devint plus sereine, plus conciliante, acceptant le décret divin avec amour et soumission.

En peu de temps, sa vie changea. Elle n’était plus en train de gémir et de se plaindre, se disputant à tout bout de champ.

Son épreuve fut pour elle un « bon professeur », et D.ieu lui donna le mérite de serrer un nourrisson dans ses bras, un enfant tout à elle…

Grâce aux épreuves que D.ieu nous envoie, nous finissons par développer cette aptitude à accepter.