La semaine dernière, j’ai reçu une lettre d’un jeune homme qui étudie la Torah tandis que sa femme subvient aux besoins de la famille. Elle est avocate, elle ne gagne certes pas un haut salaire, mais ils parviennent à s’en sortir sans devoir reposer sur le soutien des parents. Le père du jeune homme les a aidés à acheter une petite maison et ils parviennent à payer l’emprunt immobilier.

Les parents du jeune homme se considèrent comme des Juifs traditionalistes. La mère allume les bougies et le père récite le Kiddouch. Ils vont à la synagogue, essentiellement pour des raisons sociales. Ce sont des philanthropes, ils sont actifs dans les organisations juives et se considèrent comme de bons Juifs. Le changement de leur fils qui a choisi la voie de la stricte orthodoxie et son étude de la Torah à temps plein est devenu un sujet de discorde entre eux.

Les parents de l’épouse sont totalement déconnectés du judaïsme. Leur foyer n’est pas Cachère. Lorsque le couple leur rend visite, ils apportent leur propre nourriture, leurs assiettes et couverts. Il y a aussi des tensions entre eux.

Le jeune homme, inquiet de l’influence des grands-parents sur ses enfants, a demandé s’ils devaient rompre les relations ou les limiter à des appels et e-mails. Voici ma réponse.

"Mon cher ami,

Nous vivons une époque de Téchouva. Nous voyons de nombreux jeunes gens revenir à la pratique de la Torah, étudier à la Yéchiva, et élever des enfants dans l’esprit de la Yiddishkeit authentique. Dans les générations précédentes, ce sont les parents qui enseignaient à leurs enfants, mais, désormais, souvent, les enfants sont les enseignants de leurs parents, et cette situation peut s’avérer sensible. C’est particulièrement le cas dans les familles où les parents se considèrent comme religieux. Le conflit entre des enfants « yéchivistes » et des parents traditionnels peut être aussi tendu que la division entre Ba’alé Téchouva et parents laïcs.

Mais, si le conflit peut être amer s’il n’est pas géré convenablement, le potentiel pour des retombées positives est là. Fils et filles peuvent inspirer leurs parents à s’engager à vivre une vie de Torah plus chargée de sens. Il n’y a pas de solutions faciles, mais lorsque les enfants adhèrent scrupuleusement à la Mitsva d’honorer leurs parents, ils peuvent calmer le jeu, et le conflit peut, au final, se transformer en Na’hat, en satisfaction.

Lorsque vos parents viennent vous rendre visite, accourez-vous à la porte et les accueillez-vous affectueusement ? Les remerciez-vous de leur visite ? Vous levez-vous en leur honneur ? Demandez-vous à votre père de vous asseoir en bout de table ? Portez-vous une grande attention à votre mère ?

Lorsqu’ils partent, les accompagnez-vous à la porte ou à la voiture ? Les remerciez-vous d’être venus ? C’est la manière d’être de la Torah, et lorsque vos parents vous voient parler et vous conduire avec un tel Dérekh Erets (savoir-vivre), toute leur attitude va changer.

Nous avons un dicton en Yiddish qui dit ceci : « Le monde juif suit la voie tracée par le monde non-juif ». Tragiquement, nos communautés religieuses ont été infectées par une partie de la folie, de la décadence, et de la ‘Houtspa, l’insolence de la culture laïque. Des concepts comme se lever en l’honneur des parents et parler avec eux avec déférence non seulement nous manquent cruellement, mais sont tournés en dérision. Notre rôle consiste à vivre conformément aux commandements de D.ieu, et honorer nos parents en fait partie.

Ceci dit, considérons votre situation particulière. Vous venez d’avoir une scène inconfortable. Votre mère et votre père vous ont lancé toutes sortes de critiques. Tout est à remettre en question : votre étude à plein temps, votre manière d’élever vos enfants, le travail de votre épouse - et vous êtes là, à en subir les conséquences. Que devez-vous faire ? Comment devez-vous réagir ?

Si vous suivez la manière de faire de la société, vous répondrez sur le mode de la colère, et, bientôt, ce sera l’enfer à la maison. Mais si vous suivez la Torah, votre réponse pourra ressembler à quelque chose comme : « Maman, papa, pardonnez-moi s’il vous plaît. Je ne voulais pas vous blesser ou vous critiquer. »

Et s’ils réagissent à nouveau sous l’effet de la colère et vous traitent de fanatique religieux, laissez passer. N’empirez pas la situation. Mordez votre langue et gardez le silence. Attendez que les choses se calment. Je sais que c’est plus facile à dire qu’à faire, mais si vous pesez les conséquences, vous réaliserez que vous avez tout à gagner en gardant le silence, et tout à perdre par l’animosité.

Enseignez à vos enfants à traiter vos parents avec amour. « Papi et mamie sont là, venez vite. Allons les accueillir. » Les grands-parents sont incapables de résister aux petits-enfants ; leurs câlins et baisers peuvent même faire fondre une pierre.

Dites à vos parents que vous et votre femme avez une immense gratitude pour leur générosité, que vous leur serez à jamais reconnaissants de vous avoir permis d’acheter une maison.

Malheureusement, de nombreux jeunes couples se conduisent comme si tout leur était dû. Un Juif de Torah doit savoir que rien ne lui est dû. Il doit apprécier chaque bonté qu’on lui fait, y compris la gentillesse de parents et grands-parents. Il est relativement aisé de dire merci à des étrangers, mais exprimer la même chose aux parents semble plus difficile pour la majorité d’entre nous.

Quant à votre engagement total dans la Torah, expliquez-leur que vous et votre épouse avez pris une décision conjointe à ce sujet, et que, grâce à D.ieu, vous parvenez à vous en sortir. Dites-leur que si, à un moment donné, vous devez réévaluer la situation, vous le ferez. Pour le moment, tout ce que vous leur demandez est leur bénédiction. S’ils vous la donnent, cela va vous apportera le plus grand bonheur - vous chérirez ce cadeau de leur part et le garderez dans votre cœur.

Vous demandez si vous devez couper les points avec les parents des deux côtés. Ma réponse est un NON emphatique. Au lieu d’envisager de les rompre, pensez à vous rapprocher ; si vous le faites et vous y attachez avec la plus grande ténacité, cela deviendra une réalité, avec l’aide de D.ieu.

Ne renoncez jamais !"