L’éducation est l’ensemble des moyens permettant le développement des facultés physiques, morales et intellectuelles d’un enfant. Par extension, l’éducation désigne également les moyens mis en place pour permettre les apprentissages.

La réflexion sur les moyens à mettre en œuvre pour réussir l’éducation est une démarche qui doit être constante et régulière.

L’éducation est une tâche difficile, sinon impossible à réussir. L’éducation fait intervenir plusieurs facteurs aussi importants les uns que les autres. La psychologie et la psychanalyse dans les relations précoces parents-enfants, la pédagogie à l’école, la morale et la religion tout au long du parcours.

Chacune de ces approches a ses contraintes et ses modes de fonctionnement. L’éducation se doit de faire la synthèse de chacune de ces approches.

Comment conduire cette éducation ? En fonction de quels critères ? Chaque enfant est différent, les parents également. Les milieux ne se ressemblent pas et pourtant un enfant est un enfant. Il faut le faire grandir au mieux.

Les conseils et les conduites à tenir sont difficiles à respecter, chaque comportement provoque des attitudes en retour qui ne correspondent pas toujours à ce que l’on attend ou à ce que l’on souhaite. La réponse est elle-même fonction de plusieurs facteurs conscients et inconscients.

L’enseignement de nos Maîtres est plein de sagesse. Ils nous recommandent d’élever les enfants, chacun selon ses potentialités et son caractère. Mais quels sont ces potentialités et ces caractères ? La sagesse de nos Maîtres introduit une notion d’individualité dans l’éducation. Chaque enfant est unique, il faut s’adapter à sa propre personnalité si on veut lui permettre de se développer au mieux. Mais qui est capable de cette adaptation ? Quel éducateur est capable de ressentir les besoins réels de chaque enfant et de lui permettre de le guider dans son meilleur chemin ?

L’éducateur devrait s’interroger constamment sur ce qu’il fait, et si ce qu’il fait correspond aux besoins de ce jeune être qu’il a en face de lui. La responsabilité des éducateurs est immense ; un enfant qui tourne mal pourrait se retourner contre ceux qui l’ont formé et qui l’ont éduqué.

Les éducateurs ont tendance à attribuer à l’enfant les dysfonctionnements dont ils sont eux-mêmes responsables.

Il existe dans la Torah une loi et un enseignement d’une extrême sévérité qui, d’après les commentateurs, n’ont jamais été appliqués, mais dont les réflexions nous instruisent beaucoup sur nos rapports éducatifs avec nos enfants. Il s’agit de l’enfant dévoyé et rebelle qui passe son temps à se nourrir de viande rouge et à boire de grandes quantités de vin. Il n’écoute ni la voix de son père, ni celle de sa mère. Ces derniers vont le présenter au Beth Din et après avoir témoigné que malgré une éducation infaillible et de grande qualité en tout temps et en tout lieu, leur fils est devenu rebelle et dévoyé. Il sera alors condamné à mort « à titre préventif », parce que son destin ultérieur ne sera fait que de violences et de crimes.

Tous les commentateurs sont unanimes pour retenir de cet enseignement la responsabilité des parents et des éducateurs dans le devenir des enfants. Le Rabbin E. Munk dans son commentaire sur la Torah écrit : « Il se dégage de cette loi un enseignement important et qui se place au premier plan de la vie familiale juive : l’attitude des parents, leur comportement face aux exigences morales qu’ils veulent faire accepter par l’enfant sont les facteurs essentiels d’une éducation efficace. Il ne faut pas chercher la faute dans des dispositions malencontreuses de l’enfant, mais dans les erreurs commises par les parents » (Ki Tétsé, page 203).

Ces propos, extraits de réflexions du Talmud, devraient être rappelés régulièrement à tout éducateur. Chaque parent, chaque éducateur devrait avoir à l’esprit l’idée que l’échec dans le développement et dans l’apprentissage d’un enfant, est son propre échec. Il devrait exister des lieux de réflexion pour cette remise en question de notre éducation dès que les premiers signes de dysfonctionnement apparaissent chez un enfant.

Pour qu’un travail efficace se fasse avec un enfant, que ce soit dans le domaine psychologique ou pédagogique, la participation des parents est indispensable.

TRAITEMENT DES PATHOLOGIES DE L’ENFANT

Il ne sert à rien d’attendre que le temps arrange les choses, on le voit dans cet enseignement de l’enfant rebelle, qu’il vaut mieux intervenir précocement pour protéger l’enfant d’un destin tragique.

Les jeunes enfant peuvent présenter très tôt des difficultés et des troubles psychologiques. Ces problèmes ne se voient pas et c’est souvent après de longues périodes que ces symptômes deviennent évidents avec leurs cortèges de souffrances aussi bien pour le jeune enfant que pour ses parents.

Pour illustrer ces propos, je vais rapporter une prise en charge d’un enfant de 6 mois qui m’a été confié par la PMI (Protection Maternelle et Infantile). Il s’agissait d’un premier enfant d’un jeune couple qui depuis sa naissance n’a pas cessé de pleurer aussi bien le jour que la nuit. La prise en charge par les pédiatres de la PMI n’a pas aidé à résoudre le problème. Les pédiatres ont donc décidé de me le confier.

Lorsque ce couple s’est présenté à moi avec leur bébé qui semblait en forme physiquement, j’ai demandé aux parents de déposer leur enfant sur le tapis avec les quelques jouets que j’avais mis à sa disposition, et les parents se sont assis en face de moi. J’ai alors échangé assez longuement avec les parents, le parcours de chacun d’eux, et le parcours du couple. De temps en temps je jetais un regard vers le nourrisson qui semblait être absorbé par ses jouets.

De cet entretien, il en est ressorti un conflit important au niveau du couple, conflit qui pouvait se traduire par des violences verbales très fréquentes.

En fin de cet entretien, qui a duré plus d’une heure, j’ai demandé au couple de revenir me voir  15 jours après, pour nous laisser le temps de réfléchir à ce qui s’était dit au cours de cette séance.

15 jours après, les parents après s’être assis comme la fois précédente avec le petit assis sur le tapis, le père a pris la parole pour me demander : « Qu’est ce que vous avez fait à mon fils ? » Sur le moment, j’ai pris la question sur le mode accusateur. Qu’est ce que j’ai pu faire à ce nourrisson, alors qu’il était à distance de moi, que je ne l’ai pas examiné ?

C’est alors que le père, en continuant son interrogation, me dit que depuis notre séance, leur enfant s’était mis à dormir et qu’il ne criait plus.

Le début de la question du père semblait vouloir prétendre que j’étais peut être un magicien. En fait, il ne s’agit pas de magie. Il s’agit d’une réalité vécue par cet enfant malgré son très jeune âge. Cette réalité le faisait énormément souffrir, son seul moyen de l’exprimer, c’était de pleurer, de crier ce qui l’empêchait de dormir.

Le fait que les parents soient venus consulter a induit un début de changement à la maison. Ce changement de climat a sûrement rassuré ce jeune enfant qui ne se sentait plus seul confronté aux difficultés et aux violences du couple. Avec l’espoir que quelque chose puisse s’améliorer…

Les enfants dans cette situation sont malheureusement très nombreux. Chacun exprimant à sa manière sa souffrance soit en étant hyperactif, soit en étant autiste, soit dépressif, soit violent, soit dyslexique etc.....

Ne laissons pas nos enfants dans cette souffrance, nous sommes responsables de ce qui leur arrive. Quand les parents amènent l’enfant rebelle devant la mort, je pense que la Torah espère un sursaut de ces parents qui sont les véritables criminels de ce qu’ils ont fait de leurs enfants.