Un enfant a besoin d’être éduqué. L’éduquer c’est lui donner des limites, le sociabiliser, lui apprendre à temporiser et à être autonome. Le jeune enfant peut ressentir cette éducation comme frustrante, comme un manque d’amour à son égard. Il doit pouvoir intégrer que cette limitation parfois douloureuse est nécessaire pour son développement. La plupart des enfants n’écoutent pas toujours leurs parents. Ils mettent plusieurs années à bien connaître les règles et à les suivre systématiquement.

Cette éducation doit être accompagnée par les parents surtout sur le plan affectif. Il est indispensable également que les parents assument sans culpabilité ce rôle d’éducateur, sans craindre que par ces limitations l’enfant détourne d’eux son affection.

Ces restrictions mal supportées par le jeune enfant peuvent provoquer des réactions d’opposition, des troubles du comportement et dans la manière de se conduire. Ces troubles nécessitent une intervention parfois ferme des parents. Cette fermeté doit être franche, sans culpabilité sous-jacente qui annulerait l’aspect éducatif de cette limitation.

Pendant de nombreuses années, le recours à une sanction physique a été un moyen très en vogue de réprimander un enfant. Aujourd’hui où il est très mal venu de battre un enfant pour le punir, certains parents sont désarmés et ne savent pas comment circonscrire les débordements de leur progéniture.

Toutes sortes de punitions sont alors imaginées : de la privation de desserts à la privation des jeux de l’enfant en passant par la privation de sortie pour aller à une activité de loisirs à l’extérieur. Une autre punition très souvent utilisée aujourd’hui en raison de son aspect peu traumatique consiste à envoyer l’enfant au coin, dans sa chambre ou dans une autre partie de la maison pour qu’il se calme, et pour l’éloigner de la situation ayant suscité son comportement.

Cette méthode de discipline constitue certainement un progrès considérable par rapport au châtiment corporel. Cependant, aujourd’hui, les experts se rendent compte que l’on peut vraiment l’utiliser à tort et à travers, notamment si on le fait presque systématiquement, dans toutes les situations nécessitant de la discipline.

Chaque fois que vous avez besoin de réprimander votre enfant, essayez de savoir d’abord pour quelle raison il ne se conduit pas bien. Une fois cela fait, vous pouvez déterminer si le mettre au coin est la bonne approche. Rappelez-vous que le but de la discipline, c’est d’apprendre à un enfant comment se conduire et comment ne pas se conduire.

Le mieux est d’agir avant que la situation ne dégénère complètement ; cela, pour éviter que la colère ne monte et devienne générale. Ce n’est ni le moment de rentrer dans une dispute ni celui d’expliquer et de justifier votre décision. Dites plutôt, tout simplement : « Nous avons vraiment besoin d’un arrêt de jeu. » Ensuite, asseyez votre enfant tranquillement près de vous en veillant à ce qu’il soit en sécurité. Vous pouvez aussi compter jusqu’à 10. Ensuite, parlez-lui de ce qui vient de se passer et expliquez-lui pourquoi vous avez géré la situation de cette manière.

Ce qu’il y a de mieux à faire si votre enfant est profondément perturbé et s’il ne se contrôle plus, c’est de rester avec lui et de l’aider à se calmer. Pendant l’arrêt de jeu, essayez de parler ensemble : de vos sentiments, de ses émotions, de la situation... Si vous l’envoyez loin de vous quand il est manifestement perturbé, il se sentira peut-être rejeté et abandonné à un moment où il a plus besoin de vous que d’habitude.

Si vous êtes vous-même bouleversé et si vous ne vous contrôlez plus, vous avez peut-être vous-même besoin d’un « arrêt », de vous retrouver seul. Veillez à ce que l’on s’occupe de votre enfant en toute sécurité et accordez-vous du temps pour vous calmer.

Si votre enfant se contrôle, mais s’il ne se conduit pas bien délibérément, pour n’en faire qu’à sa tête, l’envoyer au coin est peut-être la tactique à adopter. Cela lui enverra le message que son comportement est inadmissible. Votre enfant a peut-être des idées particulièrement arrêtées. C’est un trait de caractère qui le favorisera peut-être à l’âge adulte, surtout si vous apprenez ensemble à ne pas laisser sa forte volonté nuire à la façon dont vous vous entendez. Si votre enfant est très déterminé, vous devrez faire preuve de beaucoup de patience et d’une grande force pour faire passer votre message. Vous aurez peut-être besoin que d’autres personnes - comme ses grands-parents ou d’autres proches - vous soutiennent et vous donnent un coup de main pour que vous puissiez souffler.

Ne commencez pas à utiliser cette méthode avant que votre enfant ait environ 2 ans.

Quelques minutes suffisent pour marquer le coup. Les enfants n’aiment pas être tenus à l’écart.

N’enfermez jamais un enfant dans un endroit qui lui fait peur, comme un placard sans lumière.

Si vous vous rendez compte que vous mettez votre enfant au coin presque chaque fois qu’il vous importune, c’est qu’il y a un problème. Passez en revue toutes les situations récentes où vous avez eu recours à cette méthode pour le pacifier ou pour le punir. Essayez de comprendre pour quelle raison il ne se conduit pas bien. Réfléchissez aussi à la stratégie adéquate pour faire cesser la conduite en question une fois pour toutes. Ensuite, apprêtez-vous à l’appliquer la prochaine fois que la situation se reproduira.

Vous pourriez vous demander également si votre niveau d’exigence n’est pas excessif ou si certaines choses qui vous tracassent ne se répercutent pas sur votre relation avec votre enfant.

Un jeune enfant qui agit de la sorte est un enfant frustré. Cette frustration n’est certainement pas matérielle, elle est le fait de frustration affective qui est déplacée sur le matériel. Plus le manque affectif est important, plus les crises sont importantes et fréquentes.

Certains parents ne sont pas proches de leurs enfants et les occupent par toutes sortes de choses qui les comblent. En réponse à leur incapacité de donner de l’affection, ils vont noyer leur progéniture sous l’achat de toutes sortes d’objets qui ne font plaisir qu’un instant. Pourtant, très vite, ces objets seront délaissés. C’est pour cela que c’est souvent à la suite d’une toute petite frustration des parents, à la suite d’un refus quelconque, que le jeune enfant va ressentir ce refus comme le pire des rejets et va lui renvoyer ce sentiment d’abandon qu’il n’était pas capable d’exprimer. Cette crise, c’est avant tout une très grande souffrance dont il faut savoir tenir compte. Ce n’est certainement pas de la gaminerie, ni une volonté de se faire remarquer pour embêter son monde.

Il est nécessaire de se faire aider si, malgré tout, on a du mal à contenir un enfant. Ce manque de contenance risque de se maintenir et se développer à l’adolescence. Il sera alors beaucoup plus difficile d’agir. Il faut avoir en tête qu’un enfant qui demande à être contrôlé souvent est un enfant qui recherche de façon inadaptée à établir une relation de proximité avec les gens qu’il aime.