Les journées sont courtes pendant cette période hivernale. Nous les super-mamans, on s’active d’autant plus qu’on a moins de temps. Mais quand 'Hanouka arrive tout est différent, car nous recevons un cadeau particulier... que nous aurons du mal à quitter à la fin de la fête !

L’année dernière, un peu avant la fête de ‘Hanouka, au magasin de jouets, je rencontre mon amie Sandra, les bras chargés de cadeaux en tout genre. Impressionnée, je lui lance :

“Dis donc, ils vont être gâtés tes enfants cette année !

- Pas du tout…, me répond-elle. J’organise une fête de ‘Hanouka à la maison pour tous les petits copains de classe de mon fils et je vais faire des concours de chant et de dessin avec des jouets pour les gagnants !

- Quelle super idée ! Je te la pique, je vais faire pareil pour mes filles !

- Toi tu ne t’arrêtes jamais !” me lance-t-elle en riant avant de m’embrasser et de continuer ses emplettes.

C’est vrai que deux semaines avant, j’avais organisé une soirée pour dames à la maison avec cours de Torah et petits plats (on apprend mieux le ventre plein !). Mais qu’importe la fatigue et la logistique nécessaire, je trouvais le projet de mon amie Sandra très chouette ! J’avais hâte de m’y mettre pour transmettre à mes filles et leurs copines la joie de la fête de ‘Hanouka.

Partout et nulle part à la fois

Le lendemain soir, mon mari rentre à la maison et me retrouve avec des mètres de tissus étalés sur la table, en train de découper des formes de toupies pendant que ma fille aînée me récite son cours pour préparer le contrôle du lendemain.

Un peu surpris par le fouilli ambiant, je lui explique le nouveau projet en cours, tout en lui servant le repas. Pendant que j’envoie les enfants au lit, je décide de plier le linge qui m’attend patiemment sur une chaise.

Je liste à mon mari toutes les activités que j’ai prévues pour la fête de ‘Hanouka et du coup, j’ai l’idée de lui demander ce qui lui ferait plaisir pour cette semaine si particulière ! Et c’est là qu’il me dit : “J’aimerais bien que tu sois là”.

Alors là, j’ai buggé….Je suis à la maison tous les soirs et je passe beaucoup de temps avec les enfants et avec lui dès qu’il rentre ! Je ne comprends pas ce qu’il veut dire par là. Comme s’il lit dans mes pensées, il enchaîne : “Ma chérie, ce que je veux dire c’est que tu es là, sans être là. Tu es toujours occupée à une activité ou un projet, tu gères, tu organises, tu as toujours l’esprit occupé ; tu es là mais jamais complètement.”

Ok, je l’avoue, sur le moment je n’ai pas vraiment apprécié sa remarque… Et ses mots étaient bien trop significatifs pour que je les efface de mes pensées. Et puis je n’avais pas envie d’argumenter à cette heure de la soirée, donc je laissais la discussion en suspens.

Le lendemain, je consulte le Guide Pratique ‘Hanouka de Torah-Box à la recherche d’informations (j’avais envie d’organiser un quizz pendant la fête) quand je tombe sur ce rituel : “Pendant 30 minutes, les femmes ne doivent faire aucun travail ménager éprouvant (laver le linge à la main, repasser, coudre...). Il est interdit de profiter de la lumière des bougies de ‘Hanouka (pour lire ou autre)”.

Et là, les paroles de mon mari me reviennent en tête et je comprends mieux son intention : c’est vrai que je passe mon temps à courir d’un projet à l’autre et à organiser des choses. Quand je reçois à la maison, je pense à servir le repas ; pendant que je sers, je pense au dessert et ainsi de suite. Finalement, si je suis présente physiquement, mon esprit lui est souvent ailleurs….

Ainsi, comment apprécier le sens spirituel de la fête et le transmettre si je ne suis pas réellement dans le moment présent ?

Un projet pas comme les autres

Intriguée par ma découverte, j’attrape un livre de commentaires sur ‘Hanouka à mon mari et je lis à propos du combat de la lumière contre l’obscurité (qui est après tout la symbolique de cette fête) : “Nos Sages soutiennent que l’obscurité est inévitable lorsqu’on ne se voit pas l’un l’autre, lorsque nous sommes déconnectés”.

Ca me fait l’effet d’une claque ! Moi qui m’active dans tous les sens, est-ce que je consacre réellement du temps à penser à Hachem et à tous les miracles qu’Il accomplit ?

C’est vrai que je suis reconnaissante pour tous les bienfaits que j’observe dans ma vie et dans celle de mes proches, mais est-ce que je prends un vrai moment pour le Lui dire ?

Je décide de me lancer dans un projet de plus pour ‘Hanouka, mais celui-ci sera bien différent des autres : je prends sur moi de m’asseoir tous les soirs de la semaine dès l’allumage des bougies et de rester à les contempler pendant quelques minutes tout en parlant avec Hachem.

Et c’est ce que je fais ! Au début ce n’est pas simple : j’ai du mal à exprimer mes pensées (parce que je n’ai pas pris le temps depuis si longtemps)... Alors fête de ‘Hanouka oblige, je pense à tous les miracles de Hachem, au Temple, à l’huile qui dura 8 jours et puis je me mets à penser à mes Nissim, mes miracles à moi, comme le bonheur d’avoir des enfants gais et en bonne santé (alors qu’on a dû attendre plusieurs années avant de devenir parents), un mari qui se dévoue pour sa famille et sa femme (quand les couples longue-durée subissent les tempêtes de notre époque), une maison qui n’est pas immense mais qui est à nous, etc. Et puis je me mets à remercier pour tous les petits miracles du quotidien et là, impossible de m’arrêter !

Incroyable, ce moment est hors du temps. Et plus je parle, plus je ressens la Présence du Maître du monde, comme s’Il tend l’oreille et qu’Il m’écoute avec une attention spéciale. Le lendemain, je réitère et c’est plus fort chaque soir. Ces quelques minutes me remplissent de gratitude. Quand par la suite, je rejoins ma famille, je suis à 100% avec elle, plus heureuse et sereine que je ne l’ai été depuis longtemps.

Le bonheur du quotidien

A la fin de ‘Hanouka, j’étais remplie d’une lumière nouvelle qui me faisait apprécier encore plus mon quotidien et chaque instant.

Cette année, je compte bien renouveler ce projet. Et j’ai même trouvé sur Torah-Box une fiche contenant toutes les prières et supplications que je pourrai dire à Hachem pendant que j’observerai les bougies de ‘Hanouka. J’ai hâte de m’arrêter pour apprécier la beauté de l’instant présent.

https://www.torah-box.com/vie-juive/fetes/hanouka/la-priere-des-femmes-face-aux-bougies-de-hanouka_5450.html