J’ai accouché il y a 2 mois et je dois avouer que je ne me sens pas moi-même et je ne vois pas d’amélioration dans mon comportement. Je ne me suis pas attachée à mon bébé, je pleure beaucoup et parfois sans raison. Je me sens en distance par rapport à mon mari et j’ai l’impression de ne pas avoir une bonne image de moi, notamment due au fait d’être tout le temps à la maison, changer des couches et préparer le biberon. Pensez-vous que je suis en train de vivre un baby-blues, ou bien est-ce quelque chose qui arrive à toutes les femmes qui accouchent ?

Réponse de Mme Nathalie Seyman 

Tout d’abord, merci d’évoquer la situation que vous vivez puisqu’il s’agit d’un problème, hélas, très fréquemment caché. En effet, nombre de femmes, à tort, ressentent une certaine honte à éprouver ces sentiments négatifs et n’en parlent pas, ce qui peut mener à des conséquences plus ou moins graves au lieu de les enrayer au plus vite. Pour comprendre ce qu’il vous arrive, il faut connaître ce qu’est précisément un baby blues, et si vous vous reconnaissez dans ces symptômes. Comment savoir si c’est plus grave ? Et surtout comment s’en sortir ? Développons.

Qu’est-ce que le Baby blues ?

Le Baby blues, ou dépression post-natale, est un état psychologique temporaire qui survient juste après l'accouchement jusqu'à 2 semaines après. Il se définit par de brusques sautes d'humeur, une grande tristesse, des pleurs sans raison apparente, une certaine impatience, une irritation extrême,  et par le fait de se sentir agitée, anxieuse, solitaire et triste.

Il faut savoir que le baby blues s’explique physiologiquement parlant. Durant la grossesse, les hormones sont présentes en grande quantité dans le corps. Quelques jours après l’accouchement, la femme subit une chute brutale du taux d’hormones. Mais aussi, la montée de lait qui provoque l’augmentation de l’ocytocine (l’hormone qui déclenche les contractions lors du travail et l’éjection du lait pour l’allaitement) et de la prolactine (qui favorise la lactation) dans le sang. Tous ces bouleversements hormonaux, dont l’impact sur le moral n’est plus à démontrer, expliquent ce qui se passe durant cette période.

De plus, la femme ne se sent pas toujours très à l’aise avec son nouveau corps. Son ventre est à présent vide et détendu, les kilos se sont accumulés, ainsi que les autres « cadeaux » de la grossesse et de l’accouchement (vergetures, saignements, douleurs…). On se regarde dans la glace et on ne se reconnaît pas…

A cela s’ajoutent la fatigue, les nouvelles responsabilités, un nouveau rythme, se sentir enfermée à la maison, et le fait de ne plus être au centre de l’attention du mari et de l’entourage. Autant de raisons de ne pas se sentir au mieux de sa forme.

Le baby blues est un phénomène fréquent, car il touche environ 80% des femmes, les femmes accouchant de leur premier enfant étant les plus touchées, mais il n’est pas systématique. Et surtout, il est éphémère. Il ne doit pas durer plus de quinze jours.

Les solutions pour se sentir mieux

Voici toutefois quelques moyens qui peuvent vous aider à vous sentir mieux :

- Il est très important que vous ne restiez pas seule face à votre tristesse et votre stress. En parler, c’est se libérer. Prévenez votre mari ou vos proches que vous ne vous sentez pas bien et que vous avez besoin de leur aide (s’occuper du bébé, cuisiner, faire le ménage, etc.).

- Prenez soin de vous : laissez le bébé à votre mari ou à votre famille, et dormez, détendez-vous, faites-vous belle, sortez pour vous changer les idées, en bref, faites-vous plaisir ! Vous pouvez aussi recourir à certaines méthodes comme l’homéopathie, la sophrologie, la relaxation pour vous remettre en forme.

- Faites des activités avec votre bébé : promenade extérieure, contact peau à peau, caresse et massage, afin de créer ce lien mère-enfant si précieux.

Si, après plusieurs semaines, vous vous sentez encore malheureuse ou dépassée par les événements, ou si vous portez peu d’intérêt à votre bébé, vous ne souffrez sans doute plus de baby blues, mais plutôt d’une dépression post-partum (ou post-natale), et, dans ce cas, il est indispensable de réagir au plus vite.

Quelle est la différence entre baby blues et dépression post-partum ?

La dépression post-partum touche entre 10 et 20 % des femmes. Alors que le baby-blues est un état d'hypersensibilité et de sauts d'humeur temporaires, la dépression post-partum est une réelle pathologie qui peut durer plusieurs mois si elle n'est pas reconnue et traitée avec l'aide d'un psychologue. À priori, les causes de la dépression post-partum seraient uniquement psychologiques car, contrairement au baby blues, aucun lien n’a pu être démontré entre les bouleversements hormonaux post-accouchement et les symptômes.

Et surtout, contrairement au baby blues, la dépression post-partum est plus grave. Si elle n’est pas traitée, elle peut non seulement nuire à la mère, mais aussi au développement du lien d’attachement entre elle et son bébé et réduire ses interactions avec lui. Ce lien d’attachement est vital pour le bébé, et, s’il est défaillant, le développement cognitif, social et affectif de l’enfant pourrait même en être affecté.

Les symptômes de la dépression post-partum sont les suivants :

- une profonde tristesse sans raison apparente ainsi que l’impression de ne plus ressentir de plaisir pour rien,

- une anxiété et une irritabilité extrêmes, d’autant plus lorsqu’il s’agit de votre bébé,

- un épuisement permanent ainsi que des troubles du sommeil, des troubles de l’appétit,

- un sentiment de dévalorisation, une culpabilité excessive, l’impression d’être une mauvaise mère,

- une incapacité à s’occuper correctement de votre enfant ainsi qu’une difficulté à établir un lien avec lui,

- le sentiment que les choses ne s’amélioreront jamais.

Les solutions pour sortir d’une dépression post-partum

Sachez une chose : plus la dépression post-partum est prise en charge rapidement, plus elle est simple à soigner. C’est pourquoi il est très important de ne pas cacher son état et d’en parler au plus vite ! La maman qui pense en souffrir doit demander du soutien. Auprès de son entourage, mais impérativement auprès de professionnels spécialistes de la périnatalité : psychologues, psychiatres… Votre mari doit s’assurer que vous obtenez toute l’aide dont vous avez besoin et ne surtout pas prendre votre état à la légère.

Priez Hachem chaque jour de vous aider à vous en sortir, et à retrouver la joie. Et lisez des Téhilim pour vous apaiser et vous renforcer. 

Restez proche de votre bébé, car il est non seulement un moyen de vous en sortir, mais aussi le but. Même si vous devez juste le regarder, si vous ne vous sentez pas capable de plus. Le Talmud nous apprend qu’un bébé est une source inépuisable d’enseignement et de lumière, et cela, même pour les plus érudits.

Gardez en tête cet élément positif : ce passage dépressif ne présage en rien votre future relation avec votre enfant ! Dès que vous vous sentirez mieux, vous pourrez nouer beaucoup plus facilement des liens avec lui. Il en sera d’autant plus épanoui ! Votre priorité doit être de vous soigner afin de retrouver le sourire et de profiter pleinement de votre bébé.

Béhatsla’ha !

Si vous avez une question à poser à la psy, envoyez un mail sur l'adresse suivante [email protected]. Mme Seyman essaiera d’y répondre et la réponse sera diffusée de façon totalement anonyme.