Une mère tient son bébé dans ses bras. Tous les deux regardent un miroir. Elle lui sourit. Il lui sourit. Tous les deux éprouvent une grande satisfaction. Cet exemple, certes peu original, mais très révélateur, va nous aider à étayer notre discussion. Quelle mère n’a pas connu, comme cette mère avec son enfant, un moment de fusion et de bonheur intense ? Regard fugitif d’un instant ? Que tirons-nous de cette expérience ?

En psychologie, nous utilisons le concept « d’une mère suffisamment bonne » pour définir une mère bienveillante, qui prend « soin » au sens large du terme, de son enfant, c’est-à-dire qu’elle est attentionnée, chaleureuse, aimante… Pour chaque enfant, le regard de sa mère est porteur de tout son amour, de son investissement et de sa confiance en lui ; ce regard « construit » l’enfant.

Cette assurance secrète, au-delà des mots, cet investissement propulseur de la mère lui permet de se livrer à ses premières investigations, ses premiers pas, ses premières expériences, ses premiers apprentissages etc…

L’enfant pour se construire, s’appuie sur l’amour « sans taches » de sa mère, qui l’autorise ainsi à un développement interne créatif et à de bonnes relations avec son entourage.

Mais au fil des années, et des événements de la vie, que devient ce regard chaud, heureux, complice, rempli d’admiration et de promesses, quand commencent à se pointer colères, déceptions et amertumes ? Comment le conserver ?

Comment être et rester optimiste quant à notre avenir, notre santé, notre Chalom Bayit ?

Une seule et même réponse !... Pour aider à améliorer son être, ses relations avec son mari, ses enfants, ses amis, ses voisins… le plus grand remède que je connaisse – et je ne l’ai pas appris sur les bancs de l’université – c’est le « AÏN TOVA », le « REGARD POSITIF ». C’est notre sainte Torah qui en parle depuis des siècles ! Cette notion a surtout été développée par Rabbi Na’hman dans plusieurs de ses écrits. Aujourd’hui, c’est à la mode de parler de « positiver », mais depuis longtemps, nos Sages nous révèlent la force de ce concept. Le regard positif soigne, guérit, sert d’appui, renforce et permet d’atteindre la joie. Il s’agit d’adopter sur son entourage un regard positif. C’est une expérience, un mode de vie que nous devons en permanence entretenir. Pourquoi ?

Des expériences ont montré que les plantes avaient des sentiments et qu’elles étaient même capables de les garder en mémoire et donc de réagir en fonction de « leurs souvenirs ». Prenons l’exemple d’une personne qui aurait brutalement coupé une plante. Si cette même personne repassait à proximité de la plante, cette dernière « exprimait » une frayeur à son approche. Si déjà des plantes sont sensibles à des expériences douloureuses et en gardent des traces, combien notre attitude et notre façon de voir impactent notre mari et nos enfants.

Et cette expérience marche dans les deux sens. Si nous portons un regard positif, nous recevons un regard positif. Un sourire renvoie à un sourire. Par contre, une grimace renvoie à de la colère, de la bouderie, à des mots vulgaires… Faites l’expérience banale de sourire toute une journée, et vous verrez combien le lendemain vous allez vous sentir bien !

Qu’est ce qui, à la longue, nous empêche de pouvoir conserver et maintenir ce regard ?

Pour nous francophones en particulier, à qui l’on a appris à développer un sens critique très puissant, il est très difficile de chercher le bien chez les autres. La plupart du temps, nous nous attachons à ce qui ne va pas ou ce qui manque, focalisant sur ce qui chez l’autre ne correspond pas aux attentes et aux désirs que nous avons nourris à son égard.

Il existe très souvent un décalage entre « l’enfant imaginaire » ou « le mari imaginaire » et la réalité de ce-dit enfant ou ce-dit mari. Plus ce décalage est grand, plus la déception, voire le ressentiment est grand. Alors, il nous est difficile de cacher notre mécontentement ou notre tristesse. Le plus surprenant c’est que « l’autre » (l’enfant, le mari, etc…) c’est-à-dire l’objet de notre regard, devient à son tour triste, se désinvestit… en quelque sorte, colle à l’image qu’on lui renvoie, image souvent négative et dévalorisée.

Une célèbre expérience avait été réalisée aux États-Unis, il y a quelques années. Des psychologues avaient fait passer des tests à une classe d’environ vingt enfants. Au préalable, ils avaient demandé aux maîtresses, de placer les enfants en deux groupes. Il y avait dix « bonnes élèves » et dix « mauvaises élèves ». Les résultats des tests des psychologues corroborèrent la classification des maîtresses. Les psychologues décidèrent alors d'échanger les résultats en les inversant : les bonnes élèves devinrent les mauvaises élèves et vice-versa et ainsi, ces derniers résultats furent communiqués aux maîtresses. Grande fut leur stupéfaction !

Quelques mois passèrent et les psychologues vinrent à nouveau pratiquer leurs expériences sur la même classe. Les résultats furent plus qu’étonnants ! Les dix nouvelles « bonnes élèves » se révélèrent être devenues de « bonnes élèves » à l’école et dans leurs résultats. Et les résultats des dix nouvelles « mauvaises élèves » s’avérèrent un peu moins satisfaisants. Comment cela était-il possible ? Qu’est ce qui avait changé ?

Les conclusions de cette étude révélèrent que le regard des maîtresses avait été déterminant dans ce changement. Elles avaient adhéré aux résultats des psychologues et s’étaient attachées à considérer les dix mauvaises élèves nouvellement reconnues bonnes élèves autrement. Leurs regards positifs renforcèrent ces enfants, au point de devenir vraiment de bonnes élèves ! Quant aux anciennes bonnes élèves, le désinvestissement des maîtresses favorisa leur propre désinvestissement, pas totalement, mais suffisamment pour avoir des résultats moins probants. Édifiant non ?

Nous sommes très souvent le juste miroir de l’investissement de nos parents, éducateurs, etc… Aussi, soyons vigilants ! D’ailleurs, les jeunes enfants en particulier, éprouvent un grand plaisir à être contemplés. Prenons le temps de regarder nos enfants avec affection !

Il est quelquefois difficile d’avoir un regard positif sur l’autre, car nous portons déjà sur nous-mêmes, un constat douloureux. Nous avons du mal à trouver quelque chose de bien en nous. La porte est alors ouverte à la tristesse et à l’amertume… On doit s’aimer et pour cela, il faut chercher ses points positifs, c’est-à-dire ce qu’il y a du bien en nous et s’y attacher. Constamment !

Le « Aïn Tova » est lié à la vue, qui possède une nature subjective. Notre vision du monde, des êtres, déterminée par notre intériorité, est-elle généreuse, rétrécie ou critique ? Un bon œil, ce n’est pas la netteté de la vue, c’est la générosité de la vision. 

Dans la langue hébraïque, « Ré'iya » signifie la vue, et parfois la compréhension. L’œil est la porte de l’âme. Tout comme la compréhension est une puissance de l'âme et de l'esprit, la vision n'est pas un processus purement matériel, nous voyons sur ​​la base de notre compréhension profonde du monde. Le regard positif, c’est celui d’une personne qui regarde positivement les autres, leur souhaite bonne chance et se réjouit de leurs succès.   

Bien que l’amour soit une notion actuellement galvaudée, il faut cependant tenter le plus possible d’« agrandir son cœur » et son amour pour son prochain, bien évidemment à commencer par son mari et ses enfants.

Celui qui cultive en lui, un regard positif sur l’autre et sur lui-même, améliore sa vie. La culture de la joie, de l’amour, de l’optimisme, de regarder la vie du bon côté, entretient une bonne santé physique et morale.

Le regard positif révèle le « bien » de l’autre…

Le monde merveilleux créé par Hachem, a un seul objectif, celui de pencher vers le Bien. Et le Juif a été conçu pour proclamer au monde Sa gloire et Sa bonté. Hachem attend que les Juifs choisissent le Bien. En développant le regard positif, on dévoile le Bien dans le monde, le Bien Ultime, c’est-à-dire Hachem.