Nous approchons à grand pas de Pessa’h, qui est certainement la fête la plus riche en préparatifs et en évènements, puisque, d’une part, nous vidons la maison de tout ‘Hamets, et que, d’autre part, nous commémorons la sortie d’Egypte et la naissance du Klal Israël. C’est aussi une période de vacances où nos tendres petits vont rester près de nous pendant deux, voire trois semaines.

Nous allons ainsi essayer de nous pencher sur :

  1. La période « pré - Pessa’h », c'est-à-dire de nettoyage, afin qu’elle se passe dans la bonne humeur,
  2. Les vacances, pour en faire un vrai moment de construction de la famille,
  3. Notre rôle de parents dans la transmission des valeurs de Torah liées à Pessa’h.
     

1. Les préparatifs de Pessa’h

Bien entendu, nous aimons toutes avoir une maison étincelante le soir de Pessa’h, où nous pourrions affirmer que même si l'on mangeait à même le sol, il n’y aurait pas la moindre trace de ’Hamets. Toutefois, nos emplois du temps, l’âge des enfants, ainsi que de nombreuses considérations terre à terre, nous ramènent à une réalité telle que nos objectifs doivent être révisés.

Pour cela, rappelons-nous deux principes essentiels :
- La poussière n’est pas du ‘Hamets,
- Nos enfants ne sont pas des Korban Pessa’h

L’essentiel dans une maison est d’être de bonne humeur. La maman doit transmettre de la Sim’ha, et surtout de la Sim’ha Chel Mitsva, la joie de l’accomplissement de la Mitsva. Afin d’y parvenir, quelques conseils simples :

  • Si vous souhaitez une belle maison bien ordonnée, commencez le rangement, le tri, etc. dès Tou Bichevat. Ce n’est pas du nettoyage de Pessa’h, mais dans une maison bien rangée, l’élimination du ‘Hamets est très rapide. Si vous ne l’avez pas encore fait, mieux vaut renoncer pour cette année plutôt que de terminer sur les genoux et nerveuse le soir du Séder.

    Pour vous détendre, rien ne vaut le cours de Rav Dreyfus qui explique comment nettoyer l’ensemble des pièces d’une maison dans tous les détails de la Halakha en deux heures (!!!) et la cuisine, elle aussi en deux heures ! Encore une fois, l’essentiel est de supprimer le ‘Hamets et de conserver ses forces pour la fête.
     
  • Pour ne pas peser sur les enfants, un bon truc est de ne faire la salle à manger qu’à la dernière minute ; hormis les buffets, étagères… Je vous conseille de ne vous y atteler que le jour même de Bdikat ‘Hamets.
    Le gros avantage est de laisser un petit meuble avec le ‘Hamets restant (pas dans la cuisine, qui, elle, sera déjà prête pour préparer les succulents repas de fête) et de ne pas se stresser, puisque la salle à manger n’est pas Cachère pour Pessa’h. Vous pouvez même avoir une petite plaque de cuisson dans la salle à manger et manger des pâtes, tout dans du plastique, bien sûr. Une casserole lavée à la salle de bain et le tour est joué.
     
  • Il est indispensable que les enfants participent aux préparatifs, c’est la façon de leur faire ressentir la fête. Si un enfant se sent un poids, le souvenir qu’il gardera se résumera à « attention aux miettes ! », « tu sais bien que la chambre est faite ! », « sors de là ! » ; bref, une chanson que nous connaissons toutes et qui ne laisse pas un bon goût de Matsa

    Vous pouvez leur donner des objets à laver (même inutiles…), du moment que ce n’est pas fragile, et qu’on peut le faire dans la salle de bain, c'est-à-dire qu’ils ne vont pas transformer la maison en piscine…

    Pour les plus petits, n’hésitez pas à les vêtir d’un… maillot de bain, ainsi, vous ne vous énerverez pas sur les habits sales ou mouillés. Pour les plus grands, réfléchissez à ce qu’ils préfèrent. L’essentiel étant de leur confier une tâche aisée, qu’ils sauront bien réaliser et qu’ils apprécieront. C’est ainsi qu’une atmosphère sereine s’installe dans la maison. Déplacer des meubles pour l’un, faire des courses pour un autre, chercher des recettes de cuisine pour un troisième. Encore une fois, il faut faire preuve d’imagination pour trouver ce qui convient le mieux à chaque enfant (pas forcément ce qui vous aide le plus !). Cela fait partie de « ‘Hanokh Léna’ar ‘Al Pi Darko » « Elever chaque enfant selon son chemin », enseigné par Chlomo Hamélèkh.

    Une idée qui marche bien est de faire faire aux enfants des panneaux indiquant « Cachère pour Pessa’h ». Pour des enfants sachant écrire, ils feront l’intégralité de l’affiche en la décorant et l’illustrant. Pour les plus petits, vous l’écrirez vous-même, et ils la coloreront, repasseront les traits avec des gommettes, ou tout autre activité manuelle autour des affichettes.

    A chaque meuble débarrassé de ‘Hamets, une affichette sera apposée. Et lorsque toute une pièce est terminée, ils colleront une belle affiche sur la porte.
    Cette activité a, d’une part, l’avantage d’occuper les enfants, d’autre part, de les impliquer dans la responsabilité de ne pas manger de gâteaux dans les endroits propres.
     

2. Les vacances

Ce mot est souvent synonyme à la fois de tensions et de relâchement.

Une solution simple et efficace est l’organisation des vacances sous forme d’un programme. Je dispose de témoignages de nombreuses mamans pour qui un simple programme a transformé une période d’angoisse en paradis… Je n’exagère pas.

Prenez le temps d’y réfléchir avant le début des congés des enfants. L’idéal est de l’afficher la veille. Pour les plus grands, dès 6-7 ans, vous pouvez les faire participer à l’élaboration. Ce système fonctionne pour toutes les vacances de l’année. Toutefois, pour Pessa’h, il faut en plus intégrer le ménage et la cuisine.

Chaque famille établit son propre programme en fonction de ses habitudes, des âges des enfants, etc. De façon générale, doit apparaitre la Téfila, le petit-déjeuner, le coucher, c'est-à-dire les activités qui rythment la journée. Ajouter à cela des moments où ils s’occuperont seuls et des moments d’activités familiales. Les plus grands auront des responsabilités avec les plus petits, cela les valorise.

Vous pourrez par exemple faire préparer des Divré Torah pour le Séder et les repas du ‘Hag. Dès qu’ils parlent, on peut leur apprendre quelques mots, « Hachem a libéré les Bné Israël au milieu de la nuit du 14 Nissan », et le grand frère leur fera répéter…

Préparer les panneaux « Cachère pour Pessa’h », comme nous l’avons vu plus haut, entre dans les activités familiales.

Il faut aussi programmer des sorties. Vous n’êtes pas obligés de savoir à l’avance où vous irez pour ‘Hol Hamo’èd, mais le simple fait d’inscrire par exemple deux grandes sorties sur le tableau, donnera une perspective positive aux journées moins chargées.

N’hésitez pas à prendre du temps et même à en parler avec votre mari. Je vous entends d’ici dire que je ne suis pas réaliste, et que vraiment je ne dois pas comprendre l’immensité du travail de Pessa’h.

Réfléchissez juste à cette phrase :

Le temps de perdu
(en réflexion, discussion, préparation)
est du temps de gagné
(en crise, mauvaise humeur et résolution de conflits)

L’inverse est vrai aussi,

Le temps que l’on pense gagner
(en se débarrassant des enfants, en leur demandant de nous laisser travailler tranquille)
est du temps de perdu
(en crise, conflits et mauvaise humeur)

Ce système de programme détend toute la famille. La maman en premier lieu, qui ne se demande pas en se levant le matin ce qu’elle va bien pouvoir faire des enfants avec tout le travail qui l’attend. Et, bien entendu, les enfants à qui cela fait plaisir, rassure, et qui sont heureux de savoir que maman pense à leur bien-être.

Pour conclure cette partie, n’hésitez pas à échanger des idées avec vos amis, aussi bien sur le fond que sur la forme du programme.

N’hésitez pas, dans le programme même, à promettre aux enfants une récompense ou une sortie particulière à la fin des vacances, en posant quelques critères de réussite.
 

3. Pessa’h : La transmission

Quelle est la seule Mitsva de ‘Hinoukh, d’éducation que nous voyons dans la Torah ? « Véhigadta Lébinkha Bayom Hahou Lémor » « Tu enseigneras à tes enfants ce jour-là en leur disant… », c’est la Mitsva de raconter la sortie d’Egypte le soir du Séder. Nous racontons et nous nous étendons sur les miracles grandioses dont nos Ancêtres ont bénéficié. Nos enfants prennent ainsi conscience qu’Hachem dirige l’univers dans ses moindres détails, et uniquement pour le bien des Bné Israël. Je fais vivre et ressentir à mon enfant toute une proximité avec Hachem, Son amour pour nous, Sa Ra’hamim - pitié -, Sa compassion.

Pessa’h est la plus belle occasion de l’année pour faire le plein de Emouna,
et remplir nos enfants de ce merveilleux sentiment qu’Hachem S’occupe d’eux et les protège.

Mais pourquoi cette transmission est-elle si importante ce soir-là ?

Parce que nous sommes les descendants de ceux qui ont vécu la sortie d’Egypte, et que nous nous inscrivons donc dans une chaine ininterrompue de Maaminim Bné Maaminim - croyants, fils de croyants.

C’est une expérience vécue, et non une histoire racontée. C’est toute la différence entre nous et les nations du monde. Leurs religions s’appuient sur une croyance, nous sur une connaissance. Mon arrière arrière arrière… arrière-grand-père est sorti d’Egypte. Il l’a raconté à son fils, qui l’a lui-même transmis au sien, et ainsi de suite jusqu’à moi. Le soir de Pessa’h, je fais prendre conscience à mon enfant que lui aussi est un maillon de cette chaîne, et qu’il permet ainsi au Klal Israël de se maintenir. Grâce à moi, qui vis selon les préceptes de la Torah, mes enfants, petits-enfants, arrière petits-enfants, puis, en quelques générations, des centaines de descendants feront la volonté d’Hachem et grandiront Son Nom dans le monde. Quelle merveille !

A l’inverse, celui qui rompt la chaîne le fait à tout jamais. C’est toute une branche de l’histoire qui s’achève, ‘Hass Véchalom.

Nous ne demandons pas de croire, mais de connaître,
connaître notre histoire et la perpétuer.
Raconter à mon enfant la sortie d’Egypte c’est lui permettre de devenir un maillon de cette chaîne.

Nous avons, au cours de ces quelques lignes, parcouru les grands axes concernant notre rôle de maman durant cette période si riche.

Je souhaite à chacune une grande aide du Ciel pour y parvenir.

Pessa’h Cachère Vésaméa’h !